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Corée du Sud: le coronavirus à l’église

Des employés désinfectent les alentours des locaux de la secte «l’Église Shincheonji de Jésus», d’inspiration chrétienne, à Daegu, le 20 février 2020. AFP/Yonhap
Par :
Stéphane Lagarde
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Un mois jour pour jour après la fermeture de la ville de Wuhan en Chine, le coronavirus est arrivé jusqu’en Corée du Sud. Direction Daegu, la quatrième ville du pays où la majorité des cas de contaminations sont pour l’instant liés à l’église d’une secte chrétienne locale. Un reportage de Stéphane Lagarde.

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Le nombre des personnes testées positives à Daegu est passé de 196 à 483 ce lundi matin selon le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies, en raison d’une nouvelle flambée des cas dans les deux principaux foyers d’infection : un hôpital psychiatrique du comté de Cheongdo et une branche de l’église « Shincheonji de Jésus » basée à Daegu. Après avoir été accusée d’agir de manière cachée et de contribuer ainsi à propager le coronavirus, la secte a affirmé ce dimanche coopérer pleinement avec les autorités. 9 000 adeptes seraient en quarantaine, 1 100 locaux dont des sanctuaires de l’organisation auraient été désinfectés. La secte totalisant la moitié des infections en Corée.

Quatre questions à Ji-il Tark, professeur de religion à l’Université Presbytérienne de Busan en Corée du Sud.

RFI : Quelle est la doctrine de la secte Shincheonji ?

Ji-il Tark : L’organisation est classée parmi les sectes chrétiennes. Leur leader Lee Man-hee est considéré par les adeptes comme « l’esprit saint ». La croyance est basée également sur un chiffre et un nombre en particulier. Si le nombre des croyants atteint 144 000 affirme les théoriciens de la secte, alors les adeptes auront la vie éternelle et deviendront des grands prêtres qui dirigeront le monde. Le principal objectif de la secte est donc de recruter 144 000 membres, c’est la doctrine de base de « l’Eglise Schincheonji de Jésus ».

Ji-il Tark, professeur de religion à l’Université Presbytérienne de Busan en Corée du Sud.
Ji-il Tark, professeur de religion à l’Université Presbytérienne de Busan en Corée du Sud. RFI/Stéphane Lagarde
Comment s’effectue le recrutement de nouveaux adeptes ?

La secte de Schincheonji est mal vue dans la société, donc la plupart du temps les adeptes se cachent. Ils ne disent pas qui ils sont, ils approchent les gens discrètement. Ils tentent ensuite de nouer des relations avec eux pour leur enseigner leur doctrine. L’une des particularités de la secte est d’aller recruter de nouveaux membres dans des lieux ou les chrétiens se rassemblent. Ils vont dans d’autres communautés chrétiennes. Ils participent aux cérémonies dans les églises et ils proposent aux autres d’étudier secrètement la bible. Si ça prend, c’est comme ça que commencent le recrutement.

Est-ce que la secte a des liens avec la Chine ?

Récemment j’ai rencontré des professeurs chinois et des responsables gouvernementaux. Nous avons parlé des cultes en Corée et des cultes Chinois en Corée. Selon leurs informations, la secte Schincheonji est emplantée dans l’ouest de la Chine, depuis la province du Heilongjiang au Nord, jusqu’à Shanghai, en passant par Pékin. Et il y aurait aussi une implantation de l’église à Wuhan. La secte affirme qu’elle a fermé son sanctuaire à Wuhan. Les autorités chinoises auraient fait fermer les lieux. Mais selon les professeurs qui sont venus me voir, il y aurait certainement encore une présence de la secte dans la capitale du Hubei. Ce qu’on peut dire, c’est qu’à tout le moins la secte a tenté de recruter à Wuhan. Il y aurait 1 500 adeptes à Shanghai, donc on peut imaginer que certains d’entre eux soient allés à Wuhan.

Comment réagissent les communautés chrétiennes face à l’épidémie ?

Les églises sont inquiètent forcément. Sachant que la secte recrute de nouveaux adeptes en sous-marin au sein de leurs églises, les Chrétiens de Corée s’alarment d’une propagation de l’infection au sein des communautés.

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Entrée de Daegu, 2,5 millions d’habitants, épicentre de l’épidémie en Corée du Sud. 23 février 2020.Les voitures circulent encore mais les rues de Daegu se sont vidées depuis les révélations sur un foyer d’infections dans une secte de la ville. 23 février 2020.Un numéro spécial a été mis en place pour rediriger les personnes atteintes de symptômes vers les centres hospitaliers dédiés au traitement du coronavirus, mais avec la panique les urgences sont prises d’assault à Daegu. 23 février 2020.. L’entrée de l’église de la secte « Shincheonjie de Jésus » à Daegu. Le principe de base pour la secte est d’atteindre les 144 000 adeptes, afin que ces derniers aillent au paradis. 23 février 2020.Daegu, février 2020Daegu, février 2020À Daegu, les rues désertées du quartier commerçant autour de l’église de la secte. Sur les devantures des commerces des affiches écrites à la main: « commerce fermé en raison de l’épidémie ». 23 février 2020Sur les devantures des commerces des affiches écrites à la main: « fermeture du restaurant lié au manque de main d’œuvre». 23 février 2020.Daegu, février 2020Aire d’autoroute près de la ville de Chongdo autre foyer de l’épidémie, avec plusieurs dizaines de contaminés dans un hôpital.La ville de Daegu et le comté de Chongdo ont été classés « zones de soin spécial » pour bénéficier d’un soutien national.Aire d’autoroute près de la ville de Chongdo autre foyer de l’épidémie, avec plusieurs dizaines de contaminés dans un hôpital. La ville de Daegu et le comté de Chongdo ont été classés « zones de soin spécial » bénéficier d’un soutien national.

Entrée de Daegu, 2,5 millions d’habitants, épicentre de l’épidémie en Corée du Sud. 23 février 2020. © RFI/Stéphane Lagarde

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