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Mobilisation en hausse à Alger, un an après le début du Hirak

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé ce vendredi 21 février à Alger. REUTERS/Ramzi Boudina
Texte par :
RFI
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Alors que le mouvement du Hirak fête son premier anniversaire, les manifestants sont encore descendus dans la rue ce vendredi 21 février en Algérie pour continuer à réclamer un changement de régime.

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La mobilisation était en hausse ce vendredi à Alger. C’était tout l’enjeu de cette journée, un an après le début du Hirak et alors qu’il connaissait un ralentissement suite à l’élection d’Abdelmadjid Tebboune. À ceux qui s’interrogeaient sur la capacité du mouvement à mobiliser toujours, la réponse est donc oui. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans la capitale dans le calme et avec un dispositif policier allégé par rapport aux dernières semaines.

Dans la foule se trouvaient des personnes de tous sexes et de tous âges. Certaines avaient apporté des ballons pour ce premier anniversaire, d’autres avaient imprimé les portraits de manifestants incarcérés, d’autres encore ceux de deux manifestants décédés durant les marches de cette année. D’anciens manifestants prisonniers ont également été aperçus dans le cortège.

Comme chaque semaine depuis un an, les manifestants ont défilé au son des chants écrits par les supporters de football. « Où est la justice, où est le droit ? », ont scandé les jeunes, repris en choeur par la foule qui a prévenu : « on ne s’arrêtera pas ».

« Notre problème, c’est le système »

« Nous n’avons pas de problème avec Tebboune, expliquait un manifestant venu de la région de Médéa. Mais avec la façon dont Tebboune est arrivé. Notre problème, c’est le système, pas les personnes. On a gagné 1600 milliards de dollars pendant les 20 ans de Bouteflika, où est l’économie ? »

Des pancartes ont également été brandies à la mémoire de deux manifestants décédés au cours de l’année, d’autres pour demander la libération des manifestants toujours en prison. Souhila, 55 ans, enseignante à la retraite est venue elle, pour demander, la liberté. « On peut l’avoir en une journée, une semaine ou un mois, une anée ! Un vrai changement, c’est donner le pouvoir aux jeunes ! »

Certains estiment que les incarcérations de ministres et d’hommes d’affaires ne suffisent pas. « C’est grâce au Hirak qu’ils ont été mis en prison, sinon ils ne les arrêtent pas, avance Rachid, 53 ans. La justice est toujours la même, Elle est toujours aussi injuste ». Les promesses de réformes et de nouvelle Constitution ne suffisent pas non plus.

Perspectives

Certains ont appelé à manifester de nouveau ce samedi, jour anniversaire de la première manifestation nationale, le 22 février, alors que se pose désormais la question de la suite du mouvement après 52 semaines de mobilisation.

Depuis son élection, Abdelmadjid Tebboune a fait une série de gestes d’ouverture. Il a promis de combattre la corruption, de réformer la Constitution pour garantir la séparation des pouvoirs et annoncé que le 22 février serait désormais une fête nationale. Les autorités déroulent leur plan d’action, avec un calendrier.

En face, l’alternative ne s’est pas encore construite. Ceux qui sont déçus du système, qu’ils manifestent ou non, sont encore divisés sur la question de la structuration du mouvement de protestation. Certains la refusent, car ils estiment que cela fragiliserait la contestation. D’autres, n’y sont pas opposés mais ne font confiance ni aux partis politiques d’opposition, ni à la société civile.

Enfin, des groupes d’associations, de collectifs et de syndicats tentent de s’organiser, mais dans la capitale, les autorisations de louer une salle pour un événement public leur ont été refusées plusieurs fois. Les manifestants algériens sont donc confrontés à un dilemme : construire une alternative de zéro, et cela prendra du temps. Ou s’appuyer sur des organisations déjà existantes, au risque de diviser le mouvement.

Comment le Hirak a transformé la société algérienne

♦ L’impact du Hirak sur l’économie algérienne

En difficulté déjà avant le début du Hirak, la situation financière du pays a continué de se dégrader. Comme le redoutait la Banque mondiale, l’Algérie a vu ses importations augmenter depuis le début du mouvement de contestation : les réserves de change ont diminué de 15%, passant de presque 80 milliards de dollars en 2018 à 60 milliards l’année dernière. Pour un pays qui dépend des hydrocarbures, le prix du baril de pétrole autour de 60 dollars n’a pas aidé l’économie algérienne.

En balayant Abdelaziz Bouteflika et un certain nombre de ses soutiens politiques, le Hirak a entrainé aussi dans leur chute plusieurs hommes d’affaires. Résultat : des entreprises se sont retrouvées dans l’incapacité de payer leurs employés et presque 60% des opérateurs, dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, ont arrêté ou ralenti leurs activités.

La balance commerciale algérienne a ainsi augmenté l’année dernière, à plus de 6 milliards de dollars, contre plus de 4,5 milliards de dollars en 2018. Sur le plan économique, la situation est restée confuse avant l’élection présidentielle du 12 décembre dernier. Mais selon l’analyste Mohamed Cherif Belmihoub, le « Hirak » n’a fait qu’accentuer une détérioration de la situation économique commencée en 2014 avec la chute des prix du pétrole.

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