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Pourquoi le succès de la dette souveraine africaine est jugé inquiétant

L’expérience de la Zambie donne un aperçu du risque : le taux de son emprunt en dollar a déjà quasiment doublé, passant de 9 à 17% (Image d’illustration). AFP/Jekesai Njikizana
Par :
Dominique Baillard
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Les États africains se tournent de plus en plus vers les marchés internationaux pour emprunter. C’est même devenu l’un des moteurs du surendettement en Afrique sub-saharienne.

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Depuis le début de l’année, les émissions d’obligations libellées en euro ou en dollar s’enchaînent sur le continent. Le Gabon a ainsi levé un milliard de dollars, le Ghana 3 milliards de dollars, le Bénin vient d’annoncer qu’il voulait emprunter 500 millions d’euros par le même canal. Son grand voisin, le Nigeria, voudrait emprunter près de 3 milliards d’euros sur les marchés. Cela fait deux ans que le FMI s’alarme du niveau d’endettement des pays africains. Mais ces avertissements n’ont en rien dissuadé les emprunteurs ou les investisseurs. Au cours des deux dernières années, le volume des eurobonds a explosé. C’est un cinquième de la dette totale des États africains. Vingt et un pays d’Afrique sub-saharienne ont maintenant recours à ce type d’emprunt.

Pourquoi cet engouement pour le marché ?

Parce les taux sont plus attractifs que ceux proposés par leurs créanciers habituels. Les investisseurs sont très friands de cette dette africaine. Le rendement de la dette occidentale est actuellement très faible, voire négatif, c’est pourquoi ils se ruent sur les obligations subsahariennes beaucoup plus lucratives. L’emprunt émis par le Gabon a été sursouscrit trois fois plus que le montant demandé, et celui du Ghana cinq fois plus.

En quoi ces emprunts sont-ils risqués ?

Le taux initial est alléchant, mais l’émetteur se retrouve à la merci du marché, car la dette est revendue sur le marché secondaire. L’expérience de la Zambie donne un aperçu du risque : le taux de son emprunt en dollar a déjà quasiment doublé, passant de 9 à 17%. Le remboursement peut aussi s’avérer bien plus douloureux quand la monnaie du pays perd du terrain face à la devise dans laquelle l’obligation a été émise. Enfin, la capacité d’un État à rembourser dépend aussi de l’usage fait de l’argent emprunté. S’il a été investi dans un projet qui dynamise l’économie, cela va profiter à la croissance, et donc améliorer les rentrées fiscales. En revanche si l’investissement est un échec, c’est la double peine.

Le défaut de paiement redevient une menace?

La situation de certains pays est inquiétante. Comme en Zambie où l’État dévore toutes ces réserves de change pour faire face au service de la dette, ou au Congo Brazzaville, où le déblocage des fonds du FMI est toujours suspendu. Ou encore en Angola dont la dette représente presque 100% du PIB. La Banque africaine de développement estime toutefois qu’il n’y a pas de risque de crise systémique en 2020, c’est-à-dire une possible contagion à l’ensemble du continent, voire au-delà. Et comme le FMI et la Banque mondiale, la BAD trouve que le niveau de la dette publique est préoccupant. Le surendettement est un phénomène mondial, mais il concerne encore plus l’Afrique que les autres régions, parce que les économies y sont plus fragiles et parce que c’est la région où le niveau d’endettement s’est élevé le plus rapidement.

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