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France: l’hôpital public poursuit sa grève, 1000 chefs de service démissionnent

Des personnels de santé de l’hôpital Saint-Louis à Paris manifestent le 3 février 2020. Thomas SAMSON / AFP
Texte par :
RFI
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La situation de l’hôpital public français ne s’améliore pas, pourtant il doit être préservé. C’est le message que veulent transmettre ceux qui vont manifester ce vendredi 14 février partout en France. La grève qui a démarré en mars 2019 avec pour point de départ les services d’urgences s’est progressivement propagée dans tous les services. Malgré les annonces du gouvernement le malaise continue.

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« L’État tue l’hosto » peut-on lire en lettre rouge à l’entrée de la Pitié-Salpêtrière, l’un des grands hôpitaux parisien. Ici comme ailleurs les grévistes dénoncent l’influence grandissante de l’aspect financier qui prend le pas sur santé des patients.

Pour dénoncer ce fonctionnement plus de 1 000 médecins chef de services ont démissionné de leur fonction administrative. « Quand j’arrive, je me demande est ce qu’il va y avoir une seule intérimaire cet après-midi dans la salle des patients les plus lourds, il y a des infirmières qui disent « mon métier a perdu du sens, je n’ai plus le temps de parler aux malades, je fais de l’abattage », témoigne Agnès Hartemann qui dirige le service de diabétologie de la Pitié-Salpêtrière et qui fait partie des démissionnaires. Je vois parfois des infirmières en pleurs et donc c’est devenu moralement difficile ».

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Demain pour la #SaintValentin👩‍❤️‍💋‍👨, on ne veut pas des fleurs mais la garantie de pouvoir accueillir les patient.e.s dignement ! 🥀

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13:48 – 13 févr. 2020
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Perte de sens et exigences de productivité

Une pression morale que Ludovic, infirmier au service neurologique, du même hôpital constate au quotidien. « En tant qu’infirmier, on s’est mis beaucoup à me parler du temps que je devais passer auprès de chaque patient. Ce que j’avais le temps avant d’expliquer aux gens le matin et bien il fallait que je l’explique en 10 minutes… que j’enchaîne sur un autre patient derrière…, nous explique-t-il. Je n’ai pas fait ce métier pour ça, mais ce que j’ai voulu faire en faisant infirmier c’est être à l’écoute, prendre soin des gens et j’ai l’impression qu’on ne me laisse plus le temps de faire ça ».

De même que les avocats manifestant contre la réforme des retraites ont jeté symboliquement leurs robes, les médecins ont jeté leurs blouses, hôpital Saint-Louis (Paris) en grève, le 16 janvier 2020.
De même que les avocats manifestant contre la réforme des retraites ont jeté symboliquement leurs robes, les médecins ont jeté leurs blouses, hôpital Saint-Louis (Paris) en grève, le 16 janvier 2020. CIH HOPITAL SAINT-LOUIS via REUTERS
Un manque de temps qui s’explique par des difficultés de recrutements. Peu attractifs, de nombreux postes restent vacants. Dans les hôpitaux publics parisiens c’est près de 900 lits qui sont fermés par manque de personnel.

Ce manque de lits, de moyens et de considération, Yasmina Kettal, infirmière aux urgences de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, le dénonce depuis juin. C’est la date à laquelle les personnels de son service se sont mis en grève. La situation s’est tellement dégradée qu’elle ne peut plus effectuer son travail normalement, nous explique t-elle.

Conditions de travail difficiles et salaires de misère

« Nous on est là pour aider la population, pour être dans de l’accompagnement et pouvoir soigner correctement des gens, et là au vu des conditions de travail et d’accueil, on ne peut plus le faire et donc il y a une réelle perte de sens dans nos métiers ! On est pas là pour bâcler notre travail, pour bâcler nos soins et nos relations avec nos patients et on se retrouve à faire cela au quotidien », se désole l’infirmière.

Mathias Wargon, directeur du service de Yasmina, considère lui que la situation s’est améliorée. En revanche tous deux sont d’accord sur la trop faible rémunération perçue par les personnels soignants. La France fait même partie des mauvais élèves de l’OCDE. Ce qui a des conséquences délétères.

« Il y a une fuite des personnels qui commence à se faire sentir. Au vu des conditions de travail et d’accueil et du salaire qui est proposé aux personnels paramédicaux, les gens préfèrent partir, poursuit Yasmina Kettal. En janvier par exemple, on s’est retrouvés avec 16 infirmières sur 24, et donc du coup un tiers de l’équipe en moins ».

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a proposé en novembre une augmentation des salaires pour le personnel hospitalier de la région parisienne. Celle-ci reste néanmoins encore très éloignée des demandes des grévistes.

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