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Antonio Guterres a l’«espoir» d’un cessez-le-feu rapide en Libye

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le 9 février 2020, lors de son entretien pour RFI et France 24. RFI-France 24
Texte par :
RFI
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Vidéo par :
Marc Perelman
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Christophe Boisbouvier
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Le secrétaire général de l’ONU a accordé, ce dimanche 9 février, un entretien à RFI et France 24 depuis Addis-Abeba, en Éthiopie, où s’est ouvert le 33e sommet de l’Union africaine. Antonio Guterres s’est exprimé sur la crise libyenne et les initiatives pour y mettre fin, mais aussi sur la situation dégradée au Sahel et sur le processus de normalisation au Soudan.

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Antonio Guterres a fait le déplacement au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, ce dimanche 9 février, pour l’ouverture du 33e sommet de l’organisation panafricaine. Le dossier chaud de ce rendez-vous des chefs d’État et de gouvernement du continent africain, c’est surtout la Libye, où l’ONU est en première ligne.

En Libye, l’« attitude constructive des deux parties »

Le secrétaire général des Nations unies a l’« espoir » qu’un cessez-le-feu soit signé rapidement en Libye. « On a beaucoup progressé et […] il y a eu une attitude constructive des deux parties. » Il n’a pas pu être signé ce samedi à Genève en raison de points de blocage : « Il y a encore des questions à régler. Questions sur les problèmes du désarmement des groupes, questions sur les positions finales des deux forces mais je crois qu’il y a au moins un espoir ». Mais le secrétaire général de l’ONU se dit confiant.

Côté politique, Antonio Guterres soutient fortement le projet d’un forum de réconciliation inter-libyen que veut organiser l’UA en terres africaines. « Ce forum pourra, si on réussit ce cessez-le-feu, et si les volets de dialogues font des progrès, consolider le processus de paix sérieux en Libye. Pour ça, il faut que les interventions externes se terminent. Pour que le cessez-le-feu soit une réalité, il faut que l’ingérence extérieure ne continue pas à compromettre la capacité des Libyens à trouver des solutions à leurs problèmes. »

Est-il prêt à voir lors de ce forum des kadhafistes comme le propose le président congolais Denis Sassou-Nguesso, à la tête du comité de haut niveau de l’UA sur la Libye ? Sans répondre directement à cette question, il veut que le forum soit le plus inclusif possible : « Je crois que tout le monde doit y être, ça doit être un forum inclusif. Il y a tout un travail à faire pour que chacun soit représenté sans discrimination et sans privilégier n’importe quel groupe. On est à un moment où il faut que la société libyenne puisse se rallier pour être ensemble, pour qu’un futur État libyen soit possible ».

Y aura-t-il bientôt un émissaire conjoint UA-ONU sur la Libye ? Le secrétaire général élude la question. « Cette question n’a pas été encore déterminée par le Conseil de sécurité, mais ce qui a été abordé dans nos discussions hier et l’on a trouvé une feuille de route conjointe, c’est la possibilité d’une représentation de l’Union africaine en Libye, qui est à Tunis, il y a la possibilité qu’elle puisse siéger avec la mission des Nations unies. »

« Le dispositif au Sahel est insuffisant »

Sur la situation au Sahel, M. Guterres est très alarmant : « Soyons clairs, le dispositif de sécurité qui existe aujourd’hui au Sahel est insuffisant pour faire face à la menace terroriste. Nous avons la Minusma, qui est une force de maintien de la paix, nous avons le G5 Sahel, nous avons l’opération française Barkhane et il y a une présence américaine au Niger. Tout ça, ensemble, est insuffisant. Naturellement, si l’une des parties sort, les difficultés seront encore pires ».

« Quand il y a une situation de terrorisme, il nous faut une force d’imposition de la paix qui doit avoir la capacité militaire suffisante, qui doit avoir un mandat clair du Conseil de sécurité et un financement garanti par des contributions obligatoires. » « Le terrorisme progresse au Sahel, vers le sud, il y a une liaison avec le lac Tchad et nous avons des phénomènes de rapport terroristes en RDC et au Mozambique. »

Il reconnaît que, depuis trois ans, cette demande de mandat robuste et de contributions obligatoires n’est pas entendue par les États-Unis de Donald Trump, mais « je continuerai à me battre pour ce que je crois. Mais je crois que maintenant, les faits démontrent qu’il faut le faire ! »

Sortir le Soudan de la liste des États soutenant le terrorisme

Sur le Soudan, Antonio Guterres confirme qu’il a reçu une lettre du Premier ministre Abdalla Hamdok lui demandant de déployer une force de paix : « Il y a une discussion sur la nature de la mission. Je crois que cela sera très probablement une mission de nature politique. Il faut faire la transition de la mission qui est aujourd’hui au Darfour, elle devra être remplacée par une mission politique pour l’ensemble du pays. L’expérience soudanaise est une chose admirable. Voir ce peuple être capable de construire une démocratie avec les circonstances difficiles d’un point de vue économique et de la situation sociale et humanitaire est quelque chose que la communauté internationale doit appuyer à fond. »

Par ailleurs, le secrétaire général soutient avec conviction le gouvernement de transition et demande aux États-Unis d’enlever le Soudan des États qui soutiennent le terrorisme : « C’est évident que le pays ne soutient plus le terrorisme, c’est évident qu’ils ont besoin de la fin des sanctions et ont besoin d’un appui massif financier ».

– Cet entretien a été réalisé dimanche 9 février 2020 par Christophe Boisbouvier (RFI) et Marc Perelman (France 24).

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