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Tokyo 2020: les Japonais peuvent-ils à nouveau faire tomber Teddy Riner?

Le Japonais Kokoro Kageura, tombeur de Teddy Riner lors du Grand Slam de Paris, le 9 février 2020. Lucas Barioulet / AFP
Texte par :
Farid Achache
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Après pratiquement 10 ans d’invincibilité, Teddy Riner a été battu lors du tournoi de Paris par le Japonais Kokoro Kageura. À moins de six mois des Jeux, les judokas nippons, qui rêvent du titre à domicile, découvrent que le champion français n’est plus invulnérable.

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Dimanche, alors que le vent balayait Paris, Teddy Riner se faisait secouer par un Japonais, Kokoro Kageura. Une révolution dans le monde du judo. Après 154 combats victorieux, le colosse français tombait et en était presque soulagé. « Compter les combats pour aller chercher le Yamashita [le Japonais Yasuhiro Yamashita qui a enchaîné 203 victoires consécutives dans les années 1980, ndlr], c’est lourd, avouait le Guadeloupéen. Depuis dix ans, j’avais ce compteur de victoires dans ma tête, j’ai tenu comme je pouvais… »

Teddy Riner, double champion olympique, ne s’était plus incliné depuis le 13 septembre 2010. C’est un autre Japonais, Daiki Kamikawa, qui était jusque-là le dernier à l’avoir fait plier, en finale des Mondiaux toutes catégories à Tokyo.

« Battre Teddy Riner est notre objectif principal »

À quelques mois de l’échéance olympique 2020, la sanction est venue de Kokoro Kageura, qui a exaucé le vœu de l’icône des tatamis, son compatriote Kosei Inoue, médaille d’or aux Jeux olympiques de Sydney en 2000 dans la catégorie des moins de 100 kg.

« Battre Teddy Riner est notre objectif principal, disait Inoue en 2016 dans les colonnes de Libération en vue des JO de Rio. C’est à cela que nous consacrons tous nos entraînements, tous les jours. Teddy Riner est très prudent sur le tatami. L’autre judoka qui avait cette même qualité, c’était maître Yamashita. Ce sont des judokas qui ne partent pas à l’aventure au moment du combat. Au contraire, ils cherchent à saisir parfaitement leur adversaire et ont une dizaine de techniques qui peuvent leur permettre de gagner. Ainsi, même à 70 % de leur forme, ils trouvent le moyen de vaincre. »

À Tokyo, à domicile, les Nippons auront l’envie de rééditer l’exploit de Kokoro Kageura. Mais il n’y aura peut-être pas de revanche entre les deux judokas. En effet, la présence de Kageura n’est pas acquise. Si la performance de l’étudiant de l’université de Tokai a marqué les esprits, c’est Hisayoshi Harasawa qui tient la corde pour le moment. Chaque pays ne pouvant aligner plus d’un représentant par catégorie.

Hisayoshi Harasawa ou la revanche de Rio

Et c’est peut-être une chance pour le Français : Hisayoshi Harasawa avait été la proie de Teddy Riner à Rio en 2016 lors de la finale olympique. En juillet dernier, au Grand Prix de Montréal, les deux hommes s’étaient croisés une nouvelle fois. Riner avait été accroché en finale par le Japonais, l’obligeant à aller au « golden score » (temps additionnel). Le Français, absent pendant 18 mois, avait gagné sur Waza-ari après une attaque incisive.

Ces deux dernières années, Riner, bientôt 31 ans, n’aura finalement participé qu’à deux tournois : Montréal en juillet 2019, puis à Brasilia, en octobre. Pas assez pour savoir si les Japonais seront réellement ceux qui l’empêcheront de conquérir un troisième titre olympique.

De plus, tout n’est pas rose chez les lourds japonais. À Tokyo, lors des derniers championnats du monde, le pays avait connu une véritable catastrophe. Keiji Suzuki, star des tatamis, avait été éliminé dès son entrée en lice par le Polonais Wojnarowicz sur ippon. Hisayoshi Harasawa, lui, s’était incliné en finale face au Tchèque Lukas Krpalek.

Mais le champion français n’a pas dit son dernier mot : « Il vaut mieux que ça m’arrive maintenant, a-t-il positivé à l’issue de sa défaite. […] Il reste encore cinq mois de préparation. Si ça m’arrive aux Jeux, là, je serai vexé. » Rendez-vous est pris le 31 juillet prochain, sur les tatamis nippons.

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