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Eclatement de DAKAR-BAMAKO ferroviaire: Les cheminots crient à un licenciement camouflé

Les locaux du Transrail Dakar-Bamako Ferroviaire ont servi de cadre à un point-presse au cours duquel le groupement des syndicats et associations des cheminots a crié à un licenciement camouflé de la part des autorités du Mali et du Sénégal. C’était le vendredi 24 janvier.

Le Mali et le Sénégal vient, une fois de plus, de redorer le blason de l’histoire de la dislocation. Après une première sur le plan politique appelée l’éclatement de la fédération du Mali qui a eu lieu du 19 au 20 août 1960, à Dakar, cette fois-ci, il s’agit de la crevaison de Dakar- Bamako Ferroviaire (DBF) dont l’acte de décès a été signé les 26 et 27 décembre 2019, au cours d’une réunion de travail tenue à Bamako. Ainsi les cheminots parlent d’un licenciement camouflé qui est en train d’être planifié par les autorités des deux pays.

Mahamane Tienta du Syndicat des travailleurs du rail affilié à la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (Cdtm) et Moussa Kéita, secrétaire général du Syndicat libre des travailleurs du Mali affilié à la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) représentaient le Groupement des syndicats et associations des cheminots du Mali. Ils expriment leur inquiétude et déception de la mesure dont ils sont victimes et qui viole l’article 13 de la décision ainsi libellée « Les missions de l’organe de gestion prennent fin à l’expiration de la période transitoire qui coïncide avec la signature d’une nouvelle concession des activités d’exploitation du chemin de fer Dakar-Bamako.»

Dans son intervention, Mahamane Tienta a fait savoir que les ministres ont pris la décision machiavélique d’abroger la décision interministérielle-interétatique n° 2016/001/ MEF-Mefp-Metd-Mittd-SG du 26 mai 2016. De son point de vue, cette abrogation met en cause tout ce qui a été fait et décidé par les Etats du Mali et du Sénégal pour la relance et la mise en œuvre du nouveau schéma institutionnel.

Les bouts de bois de Dieu se disent plongés dans « un vide juridique » parce que, selon eux, ils ne sont dans aucune entreprise. Ce qui n’est pas compréhensible, aux dires de l’interlocuteur du jour, est qu’en aucun moment les cheminots, à travers les partenaires sociaux, n’ont été consultés pour cette prise de décision. Alors que, enchaine-t-il, c’est la vie de beaucoup de familles qui est en jeu.

A en croire l’orateur du jour, ils ne peuvent pas comprendre qu’au moment où la relance devrait être effective, ils migrent vers un nouvel horizon inconnu. « On ne peut pas comprendre que là où on parle de DBF que les représentants des travailleurs ne soient pas associés comme nous l’avons souhaité, surtout que l’Etat du Mali voulait faire un licenciement au mois de juin 2019. Ce plan machiavélique a été contré par le Groupement (Gsacm) lors de la grève de faim. Nous ne comprenons pas qu’une décision signée par 4 ministres puisse être abrogée par un quelconque protocole signé par les ministres des Transports », a laissé entendre cheminot Tienta.

Il relève le comble quand il s’est agi du règlement à l’amiable de l’indemnisation d’Abbas Jaber qui a mis l’entreprise à genou sans que les travailleurs soient mis dans leur droit, c’est-à-dire le payement intégral des salaires et autres passifs. Il dit avoir pris note de l’annonce de l’arrivée de six nouvelles locomotives avant fin mars, tout en espérant que ce ne serait pas de la poudre aux yeux.

Les travailleurs du chemin de fer interpellent les autorités, le ministre des Transports et de la Mobilité urbaine ainsi que le Président de la république, Ibrahim Boubacar Kéita pour une clarification de la situation, surtout lui-même demande une trêve sociale. « Nous attirons particulièrement l’attention du Président de la république sur le fait que des hommes accaparent le domaine foncier du chemin de fer et le lobbying qui est en train de se faire pour que le chemin de fer disparaisse. », a-t-il lancé l’appel.

Les deux bouts de bois de Dieu présents à la cérémonie ont insisté sur l’administrateur général du chemin de fer basé à Dakar, Kibili Touré, nommé par les Premiers ministres des deux pays. Ce dernier, disent-ils, n’a pas la main libre aujourd’hui pour faire son travail.

L’on se rappelle. Le ministre malien des Transports et de la Mobilité urbaine, Ibrahima Abdoul Ly fraîchement nommé dans le bateau Boubou Cissé, avait levé le camp des grévistes de la faim. A voir le statu quo, l’espoir d’un lendemain meilleur pour les cheminots est plus que jamais en train de s’amincir comme la peau de chagrin devant l’Eternel. La décision en l’occurrence vient de l’enterrer en mettant à sa place un sentiment de désolation et de nuit noire en perspective.

Bazoumana KANE

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