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12è édition des Rencontres photo: Scénographie : La touche de Cheick Diallo

Rencontres de Bamako a impressionné tous les visiteurs. Rarement, une exposition, en tout cas dans notre pays, a utilisé cette manière de présenter les œuvres d’art visuel. En effet, une sorte de banc tout en blanc qui se faufile comme un serpent trône à côté de grands cônes triangulaires de bois noir et qui s’achève par des tiges en rouge croisées reçoivent les photos dans la salle polyvalente du Musée national. Du coup, les visiteurs déambulent entre ces installations pour apprécier tranquillement les œuvres. Côtés murs d’autres contre-plaqués construits en cubes en blanc immaculé entourent ces deux premières installations.

Ailleurs, comme dans le hall du Palais de la culture Amadou Hampaté Ba, par exemple des installations en bois peintes en noir forment un cercle autour d’un quadrilatère de bois. La visite de cette exposition est agréable témoigne, un amateur des photos. Pour de nombreux confrères du continent présents à Bamako pour cette 12ème édition cette scénographie est exceptionnelle. Non seulement elle est innovante, mais en plus elle est pratique, témoigne Denwo Jean François, rédacteur en chef du quotidien le Messager du Cameroun.

La scénographie doit servir juste de contenant pour une exposition, explique Cheick Diallo, le concepteur et réalisateur. D’habitude, une scénographie doit mettre en valeur les œuvres qu’elle reçoit. C’est pourquoi, on dit qu’une bonne scénographie est oubliée quand on visite une exposition. Mais apparemment, cela n’est pas le cas dans cette édition des Rencontres africaines de Bamako. Presque tous les visiteurs commencent par évoquer la qualité du contenant. Certains n’hésitent pas à affirmer que Cheick Diallo a ravi la vedette aux photographes. Pourtant, cela n’est pas l’avis des photographes rencontrés qui se disent être fières d’exposer dans ce genre de scénographie. Car elle attire les visiteurs vers les œuvres. Dans ce cas, c’est un plus pour l’exposition. Pour le designer architecte malien, la conception de cette scénographie a un lien avec la culture malienne. Le banc qui serpente représente les fleuves qui irriguent les différentes villes et localités. C’est une sorte de lien tissé entre les différentes œuvres photographiques qui, à leur tour, montrent les états d’âmes, les conditions de vie des populations africaines.

Quant aux cônes noirs, ils représentent les cases qui constituent nos habitats traditionnels chez beaucoup d’ethnies du Mali. C’est dans les cases que nous nous faisons une idée de nos problèmes et tentons en premier lieu d’y trouver des solutions.
Quant au travail proprement dit, le designer a utilisé le système de chantier – école. C’est-à-dire des jeunes qui savent juste manier des scies, marteaux et autres outils du menuisier et n’avaient aucune expérience du design ou de la scénographie. Tous les matériaux utilisés ont été achetés sur le marché de Bamako. Presque rien n’a été importé.
La diversité de la scénographie vient du fait qu’il fallait concevoir des formes qui s’adaptent aux différents lieux d’exposition.
Cheick Diallo est de ceux-là qui ont fait le pari du Mali. Après une carrière à l’international forçant le respect et l’admiration, ce cinquantenaire a décidé de rentrer au bercail en 2014, pour mettre son art et son talent au service de ses compatriotes.

En véritable chantre du savoir-faire artisanal, il fait opérer sa magie en concevant les objets du quotidien à travers une vision contemporaine et résolument novatrice. Son implication dans la valorisation du design « Made in Africa » s’est matérialisée par la mise en place de l’Association des designers africains (ADA), dont il est le président depuis 2004.
Son travail a été récompensé à plusieurs reprises par de multiples distinctions toutes aussi prestigieuses les unes que les autres, notamment la dernière en date, décernée par le magazine «Elle Décoration» en 2014, le consacrant meilleur designer de l’année.
Ses œuvres se retrouvent désormais dans les collections permanentes de grands musées en France, en Angleterre, en Suisse, en Belgique et aux états-Unis.
Influencé par les écoles anglo-saxonne et française, Cheick Diallo prône le métissage culturel comme ligne directrice de ses créations.

Source: Journal l’Essor-Mali

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