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Le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, Me Jean Claude Sidibé en exclusivité : “Les ressources que le Fafpa mobilise ne permettent pas aujourd’hui de faire face aux sollicitations des entreprises…”

“Il n’y a aucune sorte d’exclusion dans nos missions. Nous sommes là pour tout le monde”

Dans cet entretien exclusif, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Me Jean Claude Sidibé, évoque la vision de son département et ses objectifs. Il s’agit de la mise en œuvre des politiques nationales en matière d’emploi et de formation professionnelle. S’agissant du Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (Fafpa) il précise que les ressources mobilisées ne permettent pas de faire face aux sollicitations croissantes des entreprises. Selon lui, la situation a été aggravée par la suppression de la Taxe de formation professionnelle et son remplacement par une subvention.

Aujourd’hui-Mali : Monsieur le Ministre, après avoir fait le tour des services relevant de votre département, avez-vous pris la mesure de l’ampleur des défis qui vous attendent ?

Jean Claude Sidibé : Un sentiment de satisfaction de voir des personnels engagés et motivés à jouer toute leur partition dans l’atteinte des objectifs du Ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Les conditions de travail sont globalement acceptables, mais certains défis demeurent comme l’insuffisance des ressources budgétaires, surtout pour l’Apej et le Fafpa, pendant que les attentes sont de plus en plus importantes. Au cours de ces visites, j’ai essentiellement insisté sur la cohésion, l’esprit d’équipe et la communication afin que le public malien appréhende davantage nos missions, nos activités et nos réalisations.

Pour la promotion de l’emploi et de la formation professionnelle à court et à long termes, qu’est-ce que vous avez prévu au niveau de votre département ?

Le Ministère a en charge la mise en œuvre des politiques nationales en matière d’emploi et de formation professionnelle. A cet effet, il coordonne certaines activités, mais tous les autres départements sont impliqués dans cette dynamique comme l’agriculture, l’éducation, la fonction publique, la sécurité, la défense, etc. Partout on crée des emplois, partout on forme des jeunes et des adultes.

L’un de nos rôles consiste à capitaliser ces informations, notamment à travers l’Onef (ndlr : l’observatoire national de l’emploi et de la formation professionnelle).

Il faut observer que le président de la République a fait le pari de la jeunesse pour le quinquennat en cours. L’axe III du Programme “Notre Grand Mali Avance” est consacré exclusivement au développement du capital humain et l’inclusion sociale. Il s’articule autour du développement de plusieurs secteurs interdépendants comme la santé, le développement social, les actions humanitaires, la famille, la femme, l’enfance, l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, l’emploi et la formation professionnelle. Sont également pris en compte les secteurs de l’éducation, de la jeunesse, de la citoyenneté et du sport.

Il s’agit là d’un engagement déterminé visant à consolider les acquis et l’ouverture de nouvelles perspectives aux populations, notamment en termes de création d’emplois massifs pour les jeunes ; d’autonomisation économique des femmes et leur leadership politique et de la promotion de la citoyenneté.

On dit souvent qu’il y’a une inadéquation entre l’emploi et la formation, qu’est-ce que vous comptez faire en vue d’inverser cette tendance ?

Mon département assure le pilotage de l’ambitieux Programme décennal de développement de la formation professionnelle pour l’emploi (Prodefpe). Ce programme vise à contribuer à la réalisation d’objectifs de croissance à travers le développement des qualifications professionnelles et la compétitivité des ressources humaines.

L’initiative privée est au cœur de la politique nationale de l’emploi adoptée le 18 mars 2015. Il s’agit de prendre en charge l’insuffisance structurelle de l’offre d’emplois productifs et décents, le faible niveau du capital humain, la faible employabilité de la main-d’œuvre, le dysfonctionnement du marché du travail en termes d’information sur l’emploi et l’organisation du marché et de capacités institutionnelles. Mon Département reste donc très attentif aux initiatives individuelles et collectives qui auront fait cette option en recherchant l’impact économique local et la création d’emplois. L’entrepreneuriat ne connait pas la barrière de l’inadéquation formation emploi et nous disposons de programmes de formation et de reconversion pour y faire face avec l’appui d’autres intervenants structurels comme l’Education et l’Enseignement supérieur.

Au premier quinquennat du président IBK l’objectif était de créer 200.000 emplois et pour ce second mandat, quelles sont les prévisions et où en sommes-nous dans l’atteinte de cet objectif ?

L’objectif des 200 000 emplois du premier quinquennat a été atteint et dépassé. Pour le second quinquennat, nous sommes là-dessus.

Cependant, il y a lieu de noter que dans le projet de société du président de la République sur la base duquel le peuple malien lui a renouvelé sa confiance “Notre Grand pays avance, Anw Ka Maliba Be Ka Ta ngnè”, le Chef de l’État s’est effectivement engagé à renforcer l’éducation, la formation technique et professionnelle qui ouvrira plus de perspectives d’emplois pour les jeunes et les femmes. Tout cet engagement sera soutenu par un grand programme de développement du secteur privé et de création d’emplois.

Certains de nos compatriotes demandent de reformer des structures comme l’Apej, le Fafpa, l’Anpe afin qu’elles soient plus efficaces. Qu’en pensez-vous ?

Toutes ces structures ont leurs missions et populations cibles propres. Nous avons eu échos de ces propositions, mais il faut les légitimer et asseoir leur argumentation technique.

A mon avis, il s’agit plus d’améliorer la gouvernance en faisant mieux en raison des attentes très importantes.

Quel est l’indice du programme de stage de formation professionnelle de l’Apej sur l’employabilité des jeunes bénéficiaires ?

Il s’agit d’un programme original de renforcement de l’employabilité des jeunes. Plusieurs pays africains sont séduits par ce programme. Il s’agit d’offrir aux jeunes une première expérience afin de leur permettre d’acquérir des aptitudes pratiques. En moyenne, environ 30% des stagiaires créent ainsi les conditions de leur emploi. Ce programme coûte plus de 2 milliards de Fcfa par an, mais il s’agit d’un investissement utile.

Est-ce qu’il y a des initiatives à votre niveau pour faciliter l’accès des arabisants à l’emploi ?

Il n’y a aucune sorte d’exclusion dans nos missions. Nous sommes là pour tout le monde. Cependant, pour prendre en compte certaines spécificités, mon ministère travaille avec les organisations représentatives des confessions religieuses qui peuvent mieux témoigner sur les activités de formation, d’accompagnement et de financement dont elles bénéficient. Certaines organisations ont obtenu des terres agricoles et d’autres des kits d’équipement. Nous avons également mis en place la Cellule d’appui à l’Emploi et à la Formation professionnelle de jeunes diplômés et formés en langue Arabe au Mali (Ceforpa) et organisé avec la société civile confessionnelle un forum sur l’emploi des jeunes en juillet 2016.

Quelle politique comptez-vous mettre en place pour attirer plus de jeunes vers le secteur de la formation professionnelle comme l’apprentissage des métiers ?

Il n’y a pas d’autres secrets que l’information, la sensibilisation et l’accompagnement. L’apprentissage, la formation professionnelle et l’entrepreneuriat représentent le passage obligé pour toute économie qui se veut compétitive et productive. Les Pme/Pmi sont la base de l’emploi massif dans les pays les plus développés.

Des patrons d’entreprises affirment avoir de grandes difficultés à mobiliser des subventions auprès du Fafpa pour la formation de leur personnel, que comptez-vous faire pour résoudre cette situation ?

Cette question a été abordée depuis le début de l’entretien. Actuellement, le Fafpa est confronté à un problème de mobilisation des ressources de la Taxe de la formation professionnelle (Tfp). En fait, les ressources que le Fafpa mobilise ne permettent pas de faire face aux sollicitations des entreprises qui sont sans cesse croissantes. C’est un problème réel étayé par une étude commanditée par le Fafpa. Cette situation a été aggravée par la suppression de cette taxe et son remplacement par une subvention financière. Au jour d’aujourd’hui, le Fafpa est en attente des ressources pour faire face à sa mission.

Le président de la République, à la suite de sa réélection pour son second mandat, a laissé entendre qu’il sera le président de l’industrialisation, de l’entreprenariat et de l’emploi des jeunes ? En tant que ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, quelles dispositions concrètes envisagez-vous pour y arriver ?

Nous travaillons déjà sur la concrétisation de ces engagements depuis 2018. Le défi majeur est de développer la synergie entre nos structures ainsi que le partenariat avec le secteur privé, les Partenaires techniques et financiers et les collectivités locales ; d’où mes visites au Conseil national du Patronat du Mali (Cnpm), à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim) ainsi que les nombreux voyages d’études que j’ai effectués avec le président de la Ccim. Déjà, nous avons beaucoup avancé sur le projet de gérer certains centres de formation en Partenariat-Public-Privé (PPP).

Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA

Source: Aujourd’hui-Mali

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