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Le Mali, un pays à la dérive !

Nul n’est sans savoir les réalités que vivent les Maliens jour pour jour. La violence physique, morale et psychologique est devenue le quotidien de tous les Maliens. Autrefois dissimulée, de nos jours, elle se passe au vu et au su de tout le monde, en plein jour ou dans nos propres familles.Nous vivons dans un pays à la dérive.

La violence physique, morale et psychologique est devenue le quotidien de tous les Maliens. Ils ne sont plus tranquilles avec leur propriété, car les hommes sont devenus des « loups » les uns pour les autres. Désormais, c’est le plus fort qui fait la loi. Ainsi, le sens de l’humanisme a fortement baissé dans le cœur des Maliens. Chaque jour nous constatons des crimes. Le centre du Mali, notamment la région de Mopti, les assassinats atroces sont le sort des populations innocentes.

Dans les autres parties du pays, le braquage est devenu une des pratiques les plus en vogue. Des individus armés attaquent des citoyens paisibles pour leur retirer leurs engins ou tout simplement leurs propriétés, et pire s’ils essaient de se défendre, car là, la mort qui devient leur sort. La dérive est vraiment consommée !

Un pays de violences

Le Malien n’a plus le sang-froid. Il est maintenant capable de tuer en face son camarade. Des comportements qui nous rappellent « l’état de nature » de Thomas Hobbes. Comme nous dit ce passage de Kirikoustra, « Quelle belle civilisation que celle dont les membres ne s’enquièrent les uns des autres ! Quelle décadence que de voir la valeur de l’humain rabaissée au plus bas !»

Le sens de l’humanisme du Malien mérite d’être interrogé aujourd’hui, car des dépravations tiennent lieu de vertu. L’adultère, l’inceste et la prostitution des mineurs sont devenus des pratiques qui relèvent de la galanterie. Ces pratiques autrefois considérées comme déshonorantes sont devenues aujourd’hui une question de compétence.

Ainsi, les hommes aussi bien que les femmes mariées ne se sentent plus compétents tant qu’ils ne trompent pas leur conjoint avec un autre. Ceux qui ne trouvent pas d’autres avec qui sortir font vont jusqu’à faire la cour à leur propre progéniture.

Ces pratiques autrefois considérées comme déshonorantes sont devenues aujourd’hui une question de concurrence. En conséquence, beaucoup de jeunes filles se retrouvent avec des grossesses sans pères, car chaque amant sachant qu’il n’est pas le seul à lui faire la cour, refuse, même s’il sait que ça lui appartient, d’accepter la paternité de l’enfant. Alors, si autrefois, la grossesse était une indignité avant le mariage, aujourd’hui elle devient une dignité.

D’un autre côté, nos grandes familles se déchirent. Aujourd’hui, les frères du même sang ne s’entendent plus. Et comme cause, c’est que l’hypocrisie est devenue le commun des Maliens. À ta présence, nous feignons de t’aimer et d’assurer tes arrières, mais à ton absence, celui dont tu t’es occupé durant toute ta vie ou que tu considères comme ton meilleur ami fait la cour soit à ta femme soit à une de tes sœurs. « Les violences conjugales sont courantes dans nos immeubles, dans nos villes, dans ce pays où l’on veut à tout prix s’écarter des principes occidentaux en préservant nos belles valeurs traditionnelles familiales », disait Nadège Marzery dans Les Larmes de Potap.

Comme conséquence, plus de véritable amour dans nos foyers. Chacun ne vise que son intérêt et une fois l’intérêt gagné, on se détourne de toi. On te loue parce qu’on a besoin de ton service, mais une fois le service rendu, on crache sur ton dos.

L’esclavage, qui est condamné par les lois, notamment les droits de l’homme qui nous disent que « tous les êtres naissent libres et égaux en droit et en dignité » est sur le point de reprendre de l’ampleur au Mali, notamment dans la première région.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Tous ceux-ci constituent des preuves pour dire que nous vivons dans un pays à la dérive où il n’y a plus de valeurs sur lesquelles se tenir, plus de modèle à se référer. L’éducation n’est plus prise au sérieux. Les enfants sont délaissés à eux-mêmes dans la rue et c’est de là qu’ils reçoivent tous les mauvais comportements depuis à bas âge. L’école qui est censée remplacer partiellement la famille n’est même plus fréquentée par l’enfant de façon assidue. Quand on demande aux parents, l’enfant sort de la maison et directement, il part à l’école alors qu’en réalité, il déroute vers son « grin » pour y passer toute la journée à siroter du thé. Ce fait reste étranger aux parents, car durant toute l’année scolaire aucun de ces parents ne part se renseigner de l’éducation de son enfant à l’école.

En plus de ce paramètre, il faudra reconnaître également que les nouvelles technologies et surtout la télévision et le téléphone ont porté un coup sérieux à cette dépravation de nos mœurs et à cette montée de la violence. Les enfants sont éduqués à la violence depuis le bas âge à travers des programmes télévisés, mais aussi des images téléphoniques. Ces images sont regardées par les enfants sans aucun discernement. À cet effet, ils les prennent pour de l’argent comptant. L’enfant aime imiter tout ce qu’il voit. À cet effet, toutes les choses qu’ils perçoivent dans ces films, ils sont tentés de les imiter.

Cette situation peut également s’expliquer par la paresse des jeunes, mais aussi par leur extravagance qui les pousse d’ailleurs au vol à main armée voire même à intégrer dans des groupements terroristes contre leur patrie. Dans la plupart des cas ce problème est attribué au chômage. Or, en toute honnêteté, nous ne pouvons pas dire ni croire qu’il y ait du chômage au Mali. Le problème en est que chacun veut travailler dans son domaine d’étude sans se poser la question à savoir s’il est possible pour tout le monde de devenir bureaucrate. Alors, il importe qu’ils sachent que l’intellectuel doit être un exemple pour les autres qui ont d’ailleurs une image péjorative de lui. Il doit leur montrer que l’étude est autre et que le travail en est un autre. L’importance des études n’est pas d’être forcément à la charge de l’État, mais de pouvoir être créatif, de se rendre utile à sa société, de montrer aux autres qu’il n’y a pas de sot métier, mais qu’il y a des sottes personnes. L’intellectuel doit accepter de mener tout genre de travail et il doit avoir l’esprit d’initiative créatrice.

Que faire ?

Cependant, quelles solutions faut-il adopter pour que le Mali soit un pays sans violence ? On pourrait réglementer les programmes de la télévision en faisant intégrer plus de programmes portant sur nos propres traditions au lieu de faire de la télévision un outil de propagande électorale au service de la majorité présidentielle. Cette réglementation vaut mieux que de fermer des chaines radio inutilement.

Nous devons exclure tous les films violents et érotiques ou en tout cas les faire apparaître à des heures tardives dans la nuit ou à des heures d’école dans la journée. La télévision n’est avantageuse que lorsqu’elle participe à l’éducation des enfants. Quant aux chaînes étrangères, c’est aux parents de se rendre actifs en privant les enfants jusqu’à un certain âge de regarder ces films érotiques ou violents.

C’est dans la même logique que l’ex-Premier ministre du Mali, Moussa Mara, fait comprendre dans son livre Le Mali entre vents et marées : de 2015-2017, qu’il « nous faut mieux contrôler l’accès aux lieux de réjouissance publique et veiller à ce qu’ils ne puissent être fréquentés par des mineurs ».

TOGOLA

Source : Le Pays

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