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Le film d’un drame familial : Une longue et tragique nuit à Kalabancoro Koulouba…

Ce samedi, 12 octobre 2019, Oumar Poudiougo rentre chez lui comme d’habitude. Il était certainement loin d’imaginer que ce serait son dernier jour dans sa famille et sur cette terre des Hommes. La mort, comme elle aime bien le faire, l’attendait sans crier gare. La mort justement n’est pas un mal en soi mais comment arrivera-t-elle est le grand mystère qu’on ne saurait jamais percer. S’il l’avait su, il aurait, volontiers, découché.

Il est environ 23 heures. Poudiougo rentre en famille, sa femme K. D dite Mougnoussi, celle qui quelques minutes, plus tard, sera son bourreau, lui donne à manger. Après le repas, M. Poudiougo demande à sa femme de faire son traitement habituel pour chasser les esprits qui la hanteraient par moments. Elle refuse en premier temps, car estime-t-elle qu’elle n’a rien d’anormal. Quelques minutes après, elle fait semblant de faire ce que son mari avait demandé, c’est-à-dire le traitement.

Après avoir pris son dîner qui sera d’ailleurs le dernier, Poudiougo s’est mis à manipuler son téléphone. C’est en ce moment-là que le diable, s’il y a un, s’empara de la veuve noire. Elle prit un pilon, et sur la pointe des pieds, s’avança puis, assomma son mari qui s’écroule. Il (le mari) n’a pas eu le temps de crier lorsqu’un deuxième coup s’est abattu sur lui, puis un troisième. La dame nous confie qu’elle ne sait plus si elle s’est limitée aux trois coups ou si elle avait donné un quatrième. Mais elle est sûre d’une chose, elle n’a pas dépassé ce nombre.

Il est minuit. Kalanbancoro Koulouba dormait. La nuit régnait en maître absolue, seuls quelques noctambules perturbaient ce règne terrifiant.

À la vue de son mari agonissant, le sang lui monte à la tête. Tuer ne suffisait plus, il fallait brûler le corps. Elle traîne péniblement la dépouille de son mari. Les pleurs de leur fillette de 2 ans et demi transpercèrent le silence de la nuit. Pourtant, personne aux alentours n’a prêté attention. Les enfants, ça crie par moment, surtout les nuits.

Le corps est désormais dans la cour. Elle ramasse les bois de chauffage, recouvre le corps avec et, à l’aide des morceaux de pagnes, elle allume le feu. La flamme illumine aussitôt la cour. Une fumée suffocante monte vers les cieux pour certainement rejoindre l’âme d’Oumar.

Pendant ce temps, la dame veille sur le feu. Quelques passants sont attirés par la forte fumée de la flamme. Croyant avoir à faire à un incendie, rentrent dans la cour. Leur surprise est grande. Ils se rendent vite compte de l’évidence. Un homme brûle sous leurs yeux. Une dame qui semble être sa femme observe sans peine. Ils décident d’éteindre le feu pour sauver au moins le peu qui reste du corps. Certains filent l’information à la police du commissariat de Kalabancoro qui se trouve à quelques pas de là. Elle arrive à la seconde près. Le mal était fait.

D, dans son calme olympien, dira que son défunt de mari était un irresponsable. Qu’il ne lui donnait pas à manger. Qu’elle n’avait pas d’habit et de surcroit qu’il la battait en longueur de journée.
Conduite à la police, elle ne montre aucun signe de remord. Se félicite même par moment d’avoir pris l’avance sur son mari qui, selon elle finirait par la tuer si elle ne l’avait pas fait avant.

Un enquêteur de lui demander : « Était – il réellement mort au moment où vous lui versez l’essence afin de le brûler ? » Elle répond très confiant : « Je n’ai pas utilisé de l’essence, mais plutôt des bois. Et puis s’il n’était pas mort comment pourrais-je le trainer jusqu’au-dehors ? ». Entre temps, une autre question tombe : « Vous ne regrettez pas d’avoir tué et brûlé votre mari ? » Elle répond choquée : « Du remords, vous avez dit ? Comment avoir de remords pour un homme qui vous bat en longueur de journée ? Et pourquoi brûler le corps ? Que voulez-vous que j’en fasse ? Un corps ça se brûle ».

Dans la cour du commissariat, les parents de la victime défilent. Des appels pleuvent. « Eh Oumar, quelle fin ? Oumar, Oumar donc c’est fini comme ça ? Murmure un vieux. Son interlocuteur hausse la tête et rétorque : s’il savait que ça se passerait ainsi, il aurait pu ne pas rentrer cette nuit-là…Ah Oumar ! »

Dans ce dialogue d’angoisse, la veuve avance. Un des parents la montre du doigt : « C’est elle, la voilà…Elle a l’air si innocente ! »

La petite de deux ans et demi qu’elle porte ne se doute de rien. Et c’est l’ordre normal des choses. Elle court dans tous les sens. Je tâte la joue de la petite fillette et la compassion s’empara de moi. Si mignonne et innocente. Que deviendra-t-elle sans son père ? Qu’est ce qui a pu bien pousser cette dame à poser un acte d’une telle cruauté ? En rapport avec le traitement que lui demandait son mari, souffrirait-elle de trouble mental aussi gravissime ?

L’enquête policière suit son cours et on s’apprête à inhumer un père qui est sorti chercher de la pitance pour sa famille et dont le tort était de rentrer chez lui en cette nuit tragique d’un samedi nuit de 12 octobre 2019.

Le soleil se couche sur kalanbabcoro Koulouba. Demain est un autre jour.

Amadingué Sagara et Amadou Dembélé

Source : Le Pays

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