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Édito : Aux Maliens de défendre l’agenda Mali

« À bas la France ; A bas la Minusma ; dégagez de notre territoire » ; tels sont des propos de bon nombre de Maliens déçus de ces forces étrangères. La colère de ces citoyens est compréhensible, car ces forces étrangères qu’ils combattent n’ont pas pu atteindre le résultat qui était attendu d’elles. Elles ont déçu plus d’un et semblent, comme leur reprochent beaucoup, ne pas être dans la logique de mettre fin à la crise du Mali en un laps de temps tel que souhaitent les enfants de ce pays.

Malgré leur présence, l’insécurité, après avoir paralysé le nord, a rendu invivable le centre du Mali. Des embuscades, des assassinats de populations civiles en masse, les incendies de villages entiers… continuent à faire du centre du Mali une zone rouge (ayons le courage de le dire ainsi). Il est inadmissible que certaines de ces attaques contre l’armée et des populations civiles maliennes ne soient pas prévenues malgré les moyens modernes de renseignements dont disposent la Minusma et la Barkhane.

Le peuple du Mali, pour la plupart, ayant vu en ces forces étrangères la solution de la crise, n’admettra jamais que la Minusma et la Barkhane ne puissent pas intervenir lors des attaques qui ont duré des heures. Ogossagou et Sobane Da sont des exemples palpables. Ces forces étrangères, la Minusma, la France à travers sa Barkhane, défendent-elles le Mali en toute sincérité ? Question ! N’ont-elles pas leurs propres agendas ? Une autre question.

Nombreux sont des Maliens qui répondront à la seconde question par l’affirmatif. Beaucoup estiment que ces forces étrangères sont au Mali pour leurs propres intérêts. On serait, en analysant la situation actuelle du pays, la détérioration continue de l’insécurité au centre du pays malgré le nombre élevé des agents de la Minusma et de la Barkhane dans cette zone, tenté de soutenir la thèse de ces Maliens qui doutent de la sincérité de ces forces. Nous croyons très sincèrement que si ces forces venues aider le Mali n’ont comme agenda que la sécurité au Mali, elles peuvent le faire, car elles ont tous les moyens matériels et humains nécessaires.

Les attaques de Boulkessi et Mondoro faisant plus d’une trentaine de morts du côté de l’armée malienne ont radicalisé la position de certains Maliens, surtout des populations de Sévaré qui ont manifesté pour le départ définitif de la Minusma et de la Barkhane de leur localité. Le samedi dernier, l’entrepôt de la Minusma a été pillé par des jeunes en colère.

La Minusma et la Barkhane ont des positions ambiguës. D’accord, cela est incontestable à nos yeux. Mais qu’est-ce que ceux-là qui demandent le départ ces forces étrangères proposent ? L’arrivée de la Russie ! « Vive la Russie ! On veut la Russie pour sauver notre pays », scandent beaucoup de Maliens. C’est un très beau rêve. Il est rassurant, pour qui connait la Russie, la puissance de son armée et son honnêteté dans les relations. Mais on doit se poser ces questions : la Russie va-t-elle défendre l’agenda Mali comme souhaitent les Maliens ? Ne va-t-elle pas avoir son agenda ? Nous ne préjugeons pas de ce pays très apprécié par beaucoup de Maliens. Mais si la Russie accepte d’intervenir au Mali, avec ses moyens matériels et humains, en plus d’aider le Mali, elle défendra, comme la France, son agenda. Il faut qu’on s’attende à cela.

En attendant, la meilleure manière de mettre fin à cette crise du Mali est, selon notre pensée, l’union de tous les citoyens de ce pays autour de son armée, de ses autorités. Aucun pays, le plus puissant soit-il au monde, ne peut défendre le Mali comme les Maliens. L’avenir du Mali ne se trouve pas dans les mains de la Minusma et de la Barkhane. Il serait une lueur de penser qu’il est entre les mains de la Russie. Loin de là. Il est entre les mains des Maliens. Seuls les Maliens pourront défendre, en toute sincérité, l’agenda Mali. La France ne le fera pas, la Russie ne le fera pas non plus. S’unir autour de l’armée, la soutenir et faire pression sur les autorités pour bien équiper cette armée afin qu’elle soit une référence au monde. Voilà la seule manière de résoudre la crise du Mali.

Boureima Guindo

Source : Le Pays

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