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Le Groupe d’experts créé en application du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali au sujet du Dialogue politique : « L’Accord étant largement dénoncé par la population, il reste à savoir si ce dialogue suscitera l’adhésion politique nécessaire. »

Dans une lettre du Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali datée du 6 août 2019 et publié il y a quelques jours, il est question des raisons du retard dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.

Que d’attentes déçues dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger en 2015 ! Telle est la quintessence de cette lettre de 105 pages du Groupe d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali. « S’y étant pourtant engagées à la suite de la réélection du président Ibrahim Boubacar Keita en août 2018, les parties signataires de l’Accord de 2015 pour la paix et la réconciliation au Mali n’en ont pas hâté la mise en œuvre »,lit-on dans ledit document.

Une démission dure

Malgré l’application de deux textes adoptés ainsi que le démarrage de l’opération d’intégration d’anciens combattants dans l’armée, cette lettre ne fait aucun doute que la démission du premier ministre, Soumeylou Boubeye Maiga, et de son gouvernement, le 18 avril dernier, ait tout chamboulé dans le cadre des réformes institutionnelles entreprises. « 63 000 combattants inscrits attendant ainsi toujours la mise en route de l’opération de désarmement, démobilisation et réintégration », déplore le Groupe d’experts.

Revenant sur les contextes du départ de Soumeylou Boubeye Maiga, ce document explique clairement que les espoirs se fondaient sur le « Tigre » dans la mise en œuvre de cet Accord puisqu’il a « le mérite d’avoir donné un nouvel élan à la mise en œuvre de l’Accord ».

La finalité du Dialogue politique incertaine

Parlant du Dialogue politique inclusif, le Groupe d’experts de l’ONU doute qu’il puisse susciter « l’adhésion politique nécessaire ». C’est dans ce sens qu’il est écrit : « L’Accord étant largement dénoncé par la population, il reste à savoir si ce dialogue suscitera l’adhésion politique nécessaire. » Ce n’est pas tout, on mentionne également le fait qu’aucun portefeuille ministériel n’ait été confié à « aucun membre des groupes armés signataires ». Comme autres facteurs retardant la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, cette lettre fait état des conflits de positionnement et des rivalités internes entre des mouvements et groupes armés au nord du Mali. Elle évoque, à ce titre, les rivalités entre le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger. Au sujet de laquelle il est écrit : « Voulant mettre leur hégémonie au service de leurs intérêts personnels et de ceux de leur tribu arabe des Lehmar de Gao, Mohamed Ould Mataly (MLi.008) et Hanoun Ould Ali, chefs du MAA-Plateforme, ont évincé du Comité de suivi de l’Accord (CSA) Moulaye Ahmed Ould Moulaye, leur homologue de Tombouctou, cependant que Harouna Toureh, leur allié et porte-parole de la Plateforme rejetait la liste de combattants affectés par Ould Moulaye aux unités mixtes du Mécanisme opérationnel de coordination à Tombouctou, la plupart desquels étaient censés être intégrés dans les Forces armées maliennes. »
Les chefs Lehmar seraient intéressés au trafic des stupéfiants pour des coups de millions de dollars. Des drogues censées transitées ou transitant par le Mali. Ainsi, « Les intérêts des groupes armés sont d’autant plus enclins à perturber ou freiner la mise en œuvre de l’Accord et, singulièrement des réformes du secteur de la sécurité préalable au déploiement des Forces armées maliennes reconstituées dans le nord du pays qu’ils trouvent leur intérêt dans la criminalité organisée », précise le rapport.

Situation humanitaire « désastreuse » au centre

S’agissant de la situation au centre du Mali, le Groupe d’experts des Nations Unies fait comprendre que dans cette partie « la situation humanitaire est la plus désastreuse » par l’augmentation du nombre de civils tués dans la « première moitié de 2019 ». Une situation, explique-t-on, qui a occasionné des déplacements massifs de population ainsi qu’un afflux de réfugiés au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie. En conséquence, « Le Bureau administratif de la CMA à
Kidal remet en cause la neutralité de l’action humanitaire et entrave l’acheminement de l’assistance en imposant en toute illégalité sous la menace de violences ou d’expulsion, des contraintes d’ordre réglementaire au personnel humanitaire », déplore-t-on tout en précisant que le chef de la commission humanitaire de ce bureau de Kidal, Ahmed Ag Albachar, « détourne également l’assistance humanitaire ».

Dans cette lettre, les experts indépendants s’expriment sans phares en laissant comprendre qu’au Burkina Faso, au Niger ainsi qu’au Mali voire dans tout le Sahel les attaques djihadistes et de groupes « criminels proches » ont « dressé les populations les unes contre les autres ». Le Mali est le pays le plus touché par ce phénomène, lit-on. Le rapprochement des terroristes ainsi que leur ambition de déstabilisation de l’Afrique de l’Ouest et le Sahel est favorisé par les migrations incontrôlées des personnes « en quête d’emploi, notamment dans le secteur de l’extraction minière artisanale, en pleine expansion ».

TOGOLA

Source : Le Pays

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