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Mon opinion : 100 jours Dr Boubou Cissé : Entre doutes et attentes !

Désigné chef du gouvernement en Avril 2019 par le chef de l’Etat, après des jours successifs de flottement social, de joutes politiques dans le pays, qui ont fini par avoir raison du puissant premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga.

Le jeune premier ministre Dr Boubou Cissé, malgré les difficultés a su calmer le jeu par une grande humilité dans ses agissements. Des négociations teintées de beaucoup de patience avec l’opposition ont abouti sur la formation d’un gouvernement après un accord politique polémique et précaire. Le gouvernement issu de ces rencontres est qualifié selon les postures, ou d’ouverture ou de compromis stratégique du pouvoir. Il est quand même de mission, et a accepté en son sein des cadres qui avaient dénoncé officiellement les dérivations dans la gestion des affaires du pays.

La méthode du premier ministre Boubou Cissé ne se voit pas directement. Mais il a une douceur, ou un grand sang-froid dans sa conduite des actions publiques. Ce qui peut nous pousser à observer de près ses rapports directs avec le président de la République, qui l’a nommé parce qu’il avait plus besoin d’un missionnaire au lieu d’un homme politique, d’un véritable chef puncheur. Dr Boubou Cissé est son fils, et n’a encore dévoilé aucun signe d’une ambition politique. C’est un cadre valable, docile et reconnaissant envers son chef.
Au-delà de l’aspect formel de l’exécutif, son jeune chef a été nommé pour faire surtout ses preuves sur le terrain ce qui va forcément l’exposer aux jugements.

La précarité sécuritaire du pays l’a fait se plonger sans transition sur ce volet, il s’est rendu au centre avec une forte délégation du 03 au 07 Juillet 2019 dans la zone non inondée de la région de Mopti, et depuis, le 1er Août dernier, il est dans la zone inondée de la même localité. Des notables ont été rencontrés, des pourparlers initiés, des vivres distribués. Certains déplacés ont même accepté le retour au bercail. Malgré tout cela, quand on regarde globalement, la situation sécuritaire reste très critique.

Pour le centre nous allons attendre les effets de la démarche du Premier ministre. Mais au Nord le Mali est présent grâce aux forces de la Minusma et à l’opération Barkhane bien que ces forces soient contestées par les maliens. Les régions de Ségou et de Koulikoro restent sous menace terroriste. Dernièrement à la frontière mauritanienne des membres de mouvements rebelles maliens cantonnés se sont entretués, il a fallu que les autorités mauritaniennes haussent le ton pour faire baisser la tension. Dans la région de Kayes des populations entière sont en train d’être harcelées et chassées des terres parce qu’elles refusent l’esclavage. Il faut aussi signaler que le petit banditisme pilule dans nos zones urbaines.

L’économie malienne n’a jamais été autant secouée, d’ailleurs l’ambassadeur d’Allemagne, sans égard à son statut de diplomate a dénoncé sans porter de gants une corruption institutionnalisée au Mali. Une étude canadienne a enfoncé le clou en indiquant que 700 milliards de nos francs ont été dépensés de manière irrégulière par nos autorités entre 2005-2017. Le chef de l’exécutif, qui cumule aussi la fonction de ministre des finances a du pain sur la planche pour convaincre nos partenaires dans ces conditions.

La fronde sociale après une grande ébullition s’est apaisée. Les syndicats et autres faîtières se trouvent dans une phase d’observation, ils attendent que l’Etat tienne les promesses faites. Beaucoup pensent qu’il faut donner du temps pour que nos autorités puissent s’organiser et tenir leurs engagements. Une chance unique pour ces dernières, mais pas facile.
Quant aux acteurs politiques ils attendent le dialogue national inclusif. Un triumvirat a été désigné par le président de la république pour mener la barque. Pourtant le format qui sera adopté pour que les maliens se parlent est toujours attendu.

Pour terminer nous pensons que l’actuel premier ministre qui a été jugé à sa nomination novice, commence à être bien apprécié grâce à sa patience. Mais après 100 jours de gouvernance il doit se hâter pour combler les attentes et effacer les doutes. Une période de grâce n’est jamais longue, surtout dans un pays qui joue son existence.

Macké Diallo

Source: L’Aube

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