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Suspecté de détournement d’argent des paysans : Bakary Togola bientôt assigné en justice

Le président de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture du Mali (Apcam), Bakary Togola devrait s’expliquer devant le juge pour une histoire de détournement de plus de 20 milliards de F CFA des paysans.

La révélation sur la plainte en détournement d’argent des paysans a été faite le dimanche 14 juillet 2019 dans la soirée, par le Pr. Clément Dembélé, président de la Plateforme contre la corruption et le chômage des jeunes (PCCC). Ce dernier était l’un des invités du débat “Théma”, d’Africable Télévision dont le thème portait sur la “lutte contre la corruption”. Vers la fin de l’émission, le Pr. Dembélé a affirmé que sa plateforme va ester en justice contre le président de l’Apcam, Bakary Togola, suspecté du délit de corruption et d’enrichissement illicite. Il accuse M. Togola, d’avoir détourné plus de 20 milliards de F CFA appartenant aux paysans du Mali.

La plainte n’est pas destinée qu’au président de l’Apcam. Elle est élargie à ses proches collaborateurs de la Confédération des Sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC), un GIE que préside M. Togola et qui draine des dizaines de milliards de F CFA par an. Des fonds acquis sur financements de la CMDT, des bailleurs de fonds comme l’AFD, etc. Les collaborateurs cités par Clément Dembélé sont le coordinateur du GIE, c’est-à-dire le C-SCPC, Raymond Dansoko, le comptable Mamadou Togola (neveu direct de Bakary Togola), le trésorier M’Piè Doumbia et l’ex-responsable administratif et financier, Fadiala Coulibaly.

Dans sa parution N° 32 du mardi 2 juillet 2019, votre bihebdomadaire Mali Tribune avait pourtant levé le lièvre en consacrant un article sur la corruption érigée en mode de gestion au sein du GIE, par Bakary Togola. Dans l’article titré : “Financement des producteurs de coton : Silence Bakary Togola s’enrichit à coup de milliards de F CFA”, votre bi hebdo avait enquêté sur la gestion opaque de ce GIE à la solde de son seul président et de ses acolytes.

En réalité, la C-CSCPC créée en 2007 sur les cendres de l’Union des sociétés coopératives des producteurs de coton (USCPC) a pour vocation de financer, former et sensibiliser les paysans dans la culture de coton de l’ensemble de la zone CMDT. Elle doit gérer les intérêts de 4,5 millions de paysans répartis dans plus de 7000 coopératives de producteurs cotonnier. Son inamovible président l’a transformé en boite à sous où il puise de l’argent à sa guise.

Selon nos investigations, l’argent des bailleurs de fonds (CMDT, AFD) est versé annuellement dans différents comptes de la BNDA et raclés en un tour de main à travers des décaissements frauduleux qui sont loin d’aller dans les poches des paysans. Dans ses manœuvres frauduleuses, Bakary Togola a nommé son propre neveu Mamadou Togola comme comptable de la fédération. Jusqu’à la nomination du responsable administratif et financier, Fadiala Coulibaly en 2014, aucun bilan financier et comptable sérieux n’était tenu.

Lorsque Fadiala Coulibaly s’est mis à moraliser la gestion, il s’est heurté à l’humeur belliqueuse de son président Bakary Togola et du coordinateur Raymond Dansoko. Il est arrivé que le président le menace en ces termes “si tu te mets à amener tes méthodes de gestion ici sous prétexte d’assainissement, tu finiras le reste de ta carrière ailleurs”.

Cette menace du président a été mise à exécution, car M. Coulibaly a été licencié de son poste de responsable administratif et financier, le 13 juin 2019, sous le vocable de fin du projet. Pourtant, il avait un contrat à durée indéterminée.

C’est aussi au nom de cette vache laitière que M. Togola manigance toutes ses magouilles. Il a d’ailleurs un dossier pendant devant le Procureur du Pôle économique et financier de Bamako pour une affaire d’importation d’engrais et d’intrants agricoles de très mauvaise qualité avec imitation de la signature du PDG de la CMDT, Baba Berthé et grâce à la complicité d’une dizaine d’opérateurs économiques de la place.

Bakary Togola, sûr de son pouvoir de frappe à tous les portefeuilles, dit à qui veut l’entendre, qu’il “travaille pour le compte des ministres et des hauts responsables du pays et qu’il peut se payer tous les procureurs du Mali dans n’importe quel procès”. Est-ce à dire que cette plainte de la PCCC est déjà vouée à l’échec ? Rien n’est moins sûr.

Abdrahamane Dicko

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