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Seydou Badian

» 22 Août : Oh ouvriers, amis soldats, intellectuels, et paysans, la voix de Modibo a sonné le salut…. «

L’aîné, ami et camarade du Président IBK, fut d’abord un jeune médecin de province, écrivant de belles pages pour la jeunesse de son pays, dans un monde alors désaccordé par la décolonisation, l’échec de la Fédération, la proclamation et les joies de l’indépendance du Mali.

L’écrivain, barde et compositeur reliant le rythme et les rimes grandioses de l’hymne national, en coordination, fut le chef d’un enchantement patriotique et grandiose qui fait la fierté en vitesse et en vitalité de notre âme.

L’hymne national, invite à se mettre au service de la patrie, à un dépassement perpétuel de soi vers l’intelligence de notre Histoire et, à l’Appel du Mali, à s’orienter vers la gloire du peuple et le bonheur de l’Afrique.

Seydou Badian n’était pas un idéologue dogmatique. Revenu des provinces, dont Bougouni surtout, il lutta assidûment en tenant en très haute estime et respect le Président Modibo KEÏTA, pour le » socialisme scientifique « , non sans une certaine oscillation entre » la vérité et l’inquiétude « , dont les plans triennaux et quinquennaux, originaux et sublimes, portent la marque.

De la Chine populaire, d’Israël, (qui l’a séduit par les Kibboutz), des contrées africaines, il fit venir au Mali des centaines et des centaines d’arbres fruitiers ou aux vertus médicales et médicinales (Mali-yirini, anacardiers, etc…), tout en visant à un idéal de » madiatis » stylistique et planificateur.

Il n’a jamais cessé de s’emparer des idéaux de Mamadou KONATE et de Modibo KEÏTA, qui ont essuyé le sang du colonialisme qui avait taché l’histoire de leur pays.

Seydou Badian fut détenu suite au coup d’état de 1968 et plus tard aux coups d’éclat du COPPO en 1997-1998.

Thaumaturge de la révolution active du 22 août 1967 qui a mis à l’écart la plupart des premiers soutiens et compagnons du Président, son action visait à éliminer l’horrible bourdonnement choquant de goût, d’attention et d’actions les attaques intérieures et surtout extérieures contre le régime socialiste.

Empruntons à notre regretté professeur Charles DANIOKO, au lycée ASKIA, ces passages sur Mao : » Je ne veux pas faire le jeu de nos adversaires en provoquant une mésentente entre nous « , et qui ajoutait une apostille : » ce vœu est ratifié » lors du 2ème Congrès du P.C.C. ; mais Mao n’assiste pas, » ayant perdu l’adresse du rendez-vous « .

Après une brève traversée du désert sous Modibo KEÏTA, la vie politique de Seydou Badian va subir une métamorphose. Le drame de la vie du malheureux pays dont la monnaie était un zéro, la population levant des yeux irrités contre les manques du nécessaire vital, le pays sans industrie autre qu’une usine de sirop et une fabrique de cigarettes entre autres, des fonctionnaires au service de l’état et leurs familles propriétaires de taxis et de stations d’essence, détournant et lestant le franc public fut une situation qui ébranlait sa conscience. A cela, la jeunesse apprenant l’éducation civique, politique et morale punie comme ça ; le soldat dépenaillé avec son vieil uniforme troué ou raccommodé, vivant de la charité dans les travaux collectifs, enviait la tenue du milicien inculte le plus souvent mais paré de costume comme l’as de pique ou des fiancés à la mairie, sans la courtoisie d’une joyeuse dame du village ; tout ceci précipitait par une fatalité singulière le déclin du régime en donnant de l’os et de l’eau à moudre.

– vous m’entendez, dit le milicien au couple de citoyens venant du cinéma soudan, même avec vos papiers (qu’il tenait à l’envers), je vous conduis à la permanence de la milice populaire.

Pendant ce temps, des hauts cadres consciencieux s’affairaient au rayonnement et à la valeur politique et sociale du mouvement. C’est une grave erreur, quand on fait l’histoire, de mettre sur le même plan des faits et des personnes de valeur différente. Il était donc nécessaire d’aborder la révolution avec un esprit scientifique, afin de ne pas laisser se perdre, dans les erreurs qu’elle a commises, l’héritage sacré de l’homme et du citoyen. Toutefois l’œuvre du 22 août a le mérite de tracer de petites monographies, définissant nettement les principaux responsables des différentes tendances.

Le processus d’affirmation et de dépassement de soi de la classe prolétarienne, la prise de conscience par les masses laborieuses de leur oppression féroce sous le colonialisme et le capitalisme décadent actuel est, selon la leçon de Marx, Engel, Mao, décisive, insiste beaucoup Seydou Badian.

Pendant ce temps il s’accomplissait dans les masses des exactions et la promotion de » pauvres types » ; un processus profond de recul et de dépit grandissait contre les dirigeants locaux, mais aussi un jugement critique contre l’impuissance du sommet dans l’accumulation d’inexpérience et de conscience créatrice. Manquait la formation de cadres enseignants, administrateurs, juristes, économistes, etc… ; les classes dirigeantes absorbées par les luttes de place ont écarté les cadres révolutionnaires expérimentés, » des petits bourgeois au service de l’impérialisme « . Lumumba et Kwamé ont chuté et ils se sont aussitôt mis au service de leurs tombeurs, sans état d’âme, se bousculant aux portillons des palais et des ministères, pour voir les étoiles le jour en entrant ou en sortant. Tant pis pour ces gens là se lamentait Seydou Badian si la gouvernance passe , non aux mains du peuple, mais de forces politiques incertaines, opportunistes, changeantes et conflictuelles.

Les oppositions se formaient à l’extérieur en concordance avec des militants dans l’appareil de l’état à l’intérieur.

L’armée se réveille aussi pour parer au plus pressé.

Son ennemi intime, Maître Demba DIALLO, conseiller du Président, confiait tout de même que Seydou Badian avait l’amour du terroir natal, qu’il lui avait dit au cours d’une conversation/controverse qu’il était » un mystique qui associe Dieu et le peuple dans une dualité ayant pour but le libre gouvernement de la nation par elle-même, les résolutions étant définies par le Parti « . Il est vrai que le futur et ancien bâtonnier adhérait à un ordre, » la rose-croix « , et qu’il soupçonnait l’autre d’être un franc-maçon d’une grande loge, et que tous les deux, de tempérament opposé, étaient associés souvent – l’unité des contraires – par le Président Modibo KEÏTA à différents Conseils.

Mesuré, patriote, très inspiré entre observance de la religion, de la modernité, des arts, désintéressé financièrement, nullement rancunier contre la détention, admiré en Afrique, surtout au Congo-Brazzaville et par son Président Sassou NGUESSO, Seydou Badian, produira toujours dans les cœurs, la mémoire de la fierté d’un grand intellectuel plus soucieux de patriotisme que de haine. On le retrouve par des rehauts, par des propositions lumineuses rendues par un esprit modéré, riche et très détendu.

Source: l’Indépendant

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