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Le témoignage de Madame Kadiatou : « Je suis très déçue par la police »

Dans ce témoignage tiré du rapport de l’ONG HiiL, Kadiatou raconte comment elle s’est finalement rendue compte que son voisin, qui l’avait violemment agressée, était couvert par la police.

« J´habite dans un immeuble dans le district de Bamako. Mon voisin et moi n´avions jamais eu de problèmes auparavant. Mais cela a changé depuis deux ans. En effet, à peine si l´on se salue quand on se rencontre dans les escaliers.

Une nuit, je suis sortie pour rendre visite à des amis. Quand je suis revenue, j´ai trouvé, à ma grande surprise, que mon voisin avait fermé la porte d´entrée de l´immeuble à clé pour m´empêcher de rentrer. J´ai quand même réussi à appeler les autres voisins pour m´ouvrir la porte. Voyant cela, mon voisin se mit en colère et commença à m´insulter. Il a été jusqu’à me porter des coups. Blessée et saignant de l’oreille, J’ai crié pour alerter les autres voisins qui sont venus me prêté secours et m’emmener à l´hôpital.

Le lendemain, je suis allée au commissariat pour porter plainte, mais j´ai eu l´impression qu´on ne me prenait pas au sérieux. J´ai été choquée quand l´agent de police m’a demandé de laisser tomber l´affaire, vu que, selon le voisin, j´ai été la première à lui porter des coups. J´ai dit à l´agent de police que cela n´était pas vrai et que cette agression était la troisième dont j´étais victime. Je lui ai même dit que j´avais des témoins pour chacune des agressions, y compris un agent de la gendarmerie. Le policier m´a tout simplement dit que si je voulais poursuivre l´affaire, je devais porter plainte devant les tribunaux. Le comble, c´est que, selon l´agent de police, nous devrions payer une contravention.

Désespérée, je me suis confiée à Demeso qui a cherché un avocat pour moi. Une plainte a été déposée également, disant qu´il ne s´agissait que de légitime défense de la part de mon voisin. Pour le moment, la procédure suit son cours.

Quand j´ai demandé au commissaire de police pourquoi ils n´avaient rien fait, il m’a répondu tout simplement qu´il n´en était pas au courant. Je suis très déçue par la police. Leur comportement est injuste et donne une très mauvaise perception de la justice. Mon impression est que c´est l´argent seul qui peut régler ce genre de problèmes. Avec la corruption qui sévit du sommet à la base, je ne vois vraiment pas de solution ».

Retrouvez ici le rapport complet
Besoins et satisfaction en matière de justice au Mali 2018

Source: Benbere

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