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DRAME et THIAM, Deux caciques de: « ANTE A BANA » dans le gouvernement: Leurs postes ne sont-ils pas des poisons politiquement mortels ?

Tiébilé Dramé est le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale et Amadou Thiam, celui chargé des réformes institutionnelles et des relations avec la société civile. Il ne manquait plus que Mme Sy Kadiatou Sow et Docteur Bréhima Fomba soient dans le gouvernement de Boubou Cissé pour compléter l’équipe de choc du Mouvement ANTE A BANA.

Les deux premiers ont accepté d’entrer dans le gouvernement et seront désormais chargés de piloter l’impopulaire projet de révision constitutionnelle. Les deux derniers, à savoir Docteur Fomba et Mme Sy Kadiatou Sow, n’ont certainement pas été consulté pour y figurer. Tiébilé Dramé et Amadou Thiam ne sont-ils pas tombés dans le piège d’IBK ? Pourront-ils convaincre les Maliens à adhérer à un projet qu’ils ont combattu il y a moins de deux ans ? De ce fait, leurs postes ne sont-ils pas des poisons politiquement mortels ?

Si Tiébilé Dramé n’est pas autant impliqué dans le pilotage du projet de révision constitutionnelle qu’Amadou Thiam, il n’en demeure pas moins, qu’au nom de la solidarité gouvernementale, ils seront tous responsables en cas d’échec. Donc, la mission de ces deux grandes figures du Mouvement de contestation contre la révision constitutionnelle est très délicate, voire périlleuse.

Parmi tous les ministres du gouvernement Boubou Cissé, Tiébilé Dramé et Amadou Thiam capitaliseront tous les regards et attireront plus l’attention de leurs partisans que les autres ministres, et cela compte tenu du grand rôle qu’ils ont joué dans l’animation de la scène politique malienne et dont l’une de leurs prouesses a été de contraindre le Président de la République à retirer purement et simplement son projet de révision. Ironie de l’histoire, ces deux opposants d’hier au projet controversé sont devenus les deux porteurs du même projet.

Pour rappel, en 2017, le Président de la République avait instruit au gouvernement de procéder à la relecture de la loi fondamentale afin de l’adapter au contexte actuel afin qu’elle permette l’application de l’Accord pour la Paix et la réconciliation et pour ensuite la soumettre à la voix du peuple souverain. Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire de ses opposants, qui étaient divisés, mais qui ont fini par créer une synergie d’actions entre eux pour combattre le projet controversé et de surcroit un adversaire politique surtout à quelques encablures des élections générales. Chemin faisant, les quatre grands animateurs du front du NON étaient Mme Sy Kadiatou Sow, Docteur Bréhima Fomba, Tiébilé Dramé et Amadou Thiam. A ceux-ci il faudrait ajouter Master Soumi, Ras Bath et d’autres figures de l’Opposition.

Les raisons évoquées étaient pourtant toutes simples et convaincantes. Elles étaient, entre autres, l’insécurité généralisée touchant tout le Mali, la non-inclusivité du projet, la violation de l’article 118, la présence dans le projet de texte des articles qui font du Président de la République un roi selon ses détracteurs et surtout la création du Sénat, une autre institution budgétivore.

Tiébilé Dramé et Amadou Thiam ont été de toutes les marches et de tous les meetings de protestation contre la révision constitutionnelle. Leur Mouvement ANTE A BANA avait même réussi à fédérer toutes les associations et partis politiques opposés à la révision de la Constitution du 25 février 1992. Le tournant de leur combat a été l’ultimatum lancé par le Mouvement à IBK. Ce dernier a été obligé de surseoir, sans renoncer à son projet.

IBK n’a véritablement pas renoncé à son projet de révision, c’est pourquoi il a nommé le vice-président de ANTE A BANA, Amadou Thiam, comme Ministre en charge de réformes institutionnelles et Tiébilé Dramé, ministre en charge des Affaires étrangères. Les raisons qui ont été à la base du retrait du projet de révision en 2017 sont-elles toujours en vigueur ? Pourrait-on tenir le referendum sur l’ensemble du territoire national ? Si Tiébilé Dramé et Amadou Thiam pouvaient répondre à ces questions et, si par leur biais ils parvenaient à faire accepter le projet de texte constitutionnel, par la grande majorité du peuple ; ils auront réussi un grand pari.

Dans le cas contraire, ils passeront pour des opposants qui ne font que s’opposer. Les conséquences de leur échec pourront être le discrédit, la perte de l’aura et surtout de terrain politique au profit de leurs adversaires. Par-là, ne sonneront-ils pas le glas de leur carrière politique ?

Youssouf Sissoko

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