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Cyclone en Afrique australe: les secours s’organisent difficilement

Hélitreuillage de rescapés bloqués dans des arbres et sur des toits, distribution de nourriture, construction de camps: les secours s’organisent difficilement pour venir en aide aux centaines de milliers de sinistrés du cyclone meurtrier qui a balayé l’Afrique australe.
L’ONU a annoncé mercredi le lancement d’un appel de fonds massif aux pays membres pour financer les opérations de secours, cinq jours après que le cyclone Idai a ravagé trois pays de la région, le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi.

« C’est la pire crise humanitaire dans l’histoire récente du Mozambique », a estimé la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

« Cela pourrait être l’une des pires catastrophes naturelles qui ait frappé l’Afrique australe de mémoire d’homme, et nous aurons donc beaucoup à faire », a déclaré Farhan Haq, porte-parole de l’ONU, qui a annoncé le lancement d’un appel de fonds aux pays membres.

« Nous ne connaissons pas encore assez bien le niveau des destructions pour donner une estimation précise » du montant de cet appel de fonds, « mais il sera important », a dit M. Haq à la presse au siège de l’ONU à New York.

Le cyclone survenu vendredi, qui a provoqué des glissements de terrain et des inondations, a fait au moins 202 morts au Mozambique, où quelque 350.000 personnes sont sinistrées. Le bilan final pourrait dépasser le millier de morts, selon le président mozambicain Filipe Nyusi.

Au Zimbabwe voisin, il y a au moins 100 morts et plus de 15.000 personnes sont sinistrées.

Au Malawi, près d’un million de personnes ont été affectées par le cyclone et plus de 80.000 d’entre elles ont dû quitter leurs foyers, selon l’ONU.

La priorité est avant tout de secourir les milliers de personnes qui ont trouvé refuge sur des arbres, des toits ou des îlots laissés libres par les inondations.

« Nous avons des milliers de personnes qui, depuis plus de trois jours, sont bloquées sur des toits et des arbres dans l’attente d’être secourues », a déclaré mercredi Caroline Haga, chargée de communication pour la FICR.

Dépassés par l’ampleur de la catastrophe, les sauveteurs sont confrontés à des choix draconiens.

« Malheureusement on ne peut pas venir en aide à tout le monde, donc notre priorité, ce sont les femmes, les enfants et les blessés », a expliqué à l’AFP Caroline Haga depuis Beira (centre), deuxième ville du Mozambique, en partie détruite.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui compte venir en aide à quelque 600.000 personnes dans la région, a commencé les distributions de nourriture.

« La situation est catastrophique. On n’avait rien à manger depuis jeudi », a déclaré Aunicia José, 24 ans, depuis Gwara-Gwara, au sud de Beira. « On dort dehors, tout est détruit, nos maisons sont détruites, on est mal », a-t-elle ajouté en recevant une première ration de nourriture.

– « Cinq hélicoptères » –

Au plus fort des inondations, le niveau de l’eau avait atteint jusqu’à six mètres au Mozambique, mais la décrue semblait amorcée mercredi dans certaines régions.

Lundi, des rescapés « avaient de l’eau jusqu’au cou » à Buzi, bourgade du centre du pays encore totalement inondée mercredi, a déclaré un pilote d’hélicoptère, Joel Baertschi, qui participe aux secours. « Mais aujourd’hui, on a vu des gens marcher ».

A Buzi, « les villages sont toujours sous l’eau, mais la bonne nouvelle est qu’il y a beaucoup d’équipes qui font des sauvetages toute la journée », a dit Deborah Nguyen, porte-parole du PAM. « Les opérations de secours avancent et progressent mais il y a encore beaucoup de travail », a-t-elle ajouté à l’AFP.

Car les organisations humanitaires ont été totalement prises de court par l’ampleur des dégâts.

« Personne n’était préparé aux inondations. Les gens étaient préparés à faire face au cyclone (…), mais le cyclone a provoqué au Zimbabwe et au Malawi des pluies torrentielles qui sont arrivées jusqu’ici », au Mozambique, a expliqué Caroline Haga.

Les secours manquent aussi encore de moyens. « On a commencé avec un seul hélicoptère », a-t-elle dit. « Maintenant nous en avons cinq (pour l’ensemble des opérations de secours depuis Beira). Donc on devrait pouvoir sauver plus de gens, mais on manque de temps », a-t-elle prévenu.

– « Gouvernements faibles » –

Au Zimbabwe, les secours se mettent aussi en place. Des rescapés de la ville de Chimanimani (est) ont reçu mercredi de la nourriture, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le président Emmerson Mnangagwa s’est rendu dans la journée dans cette petite ville située dans une vallée encaissée, où l’eau et la boue ont charrié rochers, habitations et voitures.

« On a affaire à une tragédie », a-t-il déclaré. « Le dernier endroit où on s’est rendu, là où trois rivières convergent, un village entier a disparu. Je pense que des corps qu’on trouve au Mozambique viennent d’ici », a-t-il ajouté.

Devant l’ampleur des destructions, des experts mettent en cause le manque de préparation du Mozambique et du Zimbabwe face aux catastrophes naturelles.

Ces deux pays ont « des gouvernements faibles qui se focalisent sur d’autres sujets plus importants à leurs yeux », a estimé John Mutter de l’Université Columbia aux Etats-Unis.

 

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