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Biographie: Amadou et Mariam

 

Mariam Doumbia est née à Bamako le 15 avril 1958. Très jeune, elle colle son oreille à l’appareil radio de son père et apprend par coeur toutes les chansons qu’elle entend : celles des vedettes maliennes comme Siramory Diabaté, Mokontafé sako, Fanta Damba, mais aussi les grands standards de la variété française. Dalida, Sheila et Nana Mouskouri n’ont bientôt plus de secret pour elle. Dès l’âge de six ans, elle chante dans les mariages et les baptêmes.

La vie de Mariam commence dans un monde rempli de mélodies et de paroles, entourée de l’affection d’un père très aimant. En 1973, l’Institut des jeunes aveugles de Bamako ouvre ses portes. Mariam, qui a perdu la vue à l’âge de cinq ans, fait partie des premiers élèves intégrés et y apprend le braille. Elle y donne également des cours de chants et de danse aux autres élèves.

Amadou Bagayoko est également né à Bamako, le 24 octobre 1954. Il montre très vite des prédispositions pour la musique : après avoir commencé par apprendre les percussions dès l’âge de deux ans, il passe à l’harmonica et à la flûte à dix ans. Mais un de ses oncles possède un instrument qui l’attire plus que tout : une guitare. Pendant son adolescence, il écoute les disques de Jimmy Hendrix, Led Zeppelin, John Lee Hooker, Eric Clapton, se laisse entraîner par les musiques cubaines et, bien sûr, par la chanson malienne. À partir de 1968, il prend part à plusieurs formations musicales : l’orchestre national du Mali, les orchestres de Niarela, de Koutiala…

De 1974 à 1980, il joue également au sein des Ambassadeurs du Motel, l’une des formations les plus en vue au Mali qui a compté Salif Keïta parmi ses membres, et avec laquelle il joue en France, en Côte d’Ivoire, en Guinée Conakry, en Haute-Volta (actuel Burkina Faso). Parallèlement, ayant perdu la vue pendant son adolescence à la suite d’une cataracte congénitale, il entre en 1975 à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako. Auréolé d’un début de succès et surtout passionné par la musique, Amadou séduit Mariam. Et inversement.

Duo à la ville et sur scène

À l’Institut, l’accent est mis sur la musique : les élèves forment la troupe de l’Institut en 1976 que dirige Amadou, puis, en 1977, un orchestre dont Mariam est la chanteuse principale. Ces formations présentent des spectacles et animent des campagnes de sensibilisation à la vie des aveugles. 1980 marque le début de leur duo : à la ville, puisqu’ils se marient cette année-là, et sur scène puisqu’ils donnent leur premier concert en couple au stade de Bobo Dioulasso.

Chef d’orchestre de la formation Miriya, créée en 1981 et composée uniquement de musiciens aveugles, Amadou est promu directeur technique du groupe artistique de l’Institut, supervisant ainsi la troupe théâtrale, l’ensemble instrumental et l’orchestre moderne. La même année, il est élu secrétaire général de l’AMPSA (Association malienne pour la promotion sociale des aveugles). En 1982, il est lauréat du concours « Découvertes » organisé par RFI et obtient le prix ACCT (agence de coopération culturelle et technique).

L’aventure ivoirienne

Tout en menant une vie de famille (ils ont trois enfants. L’un d’entre eux est aujourd’hui musicien de hip hop), le couple, qui évolue désormais en toute autonomie, commence à se faire connaître dans tout le Mali. En 1985, le duo effectue une tournée de trois mois au Burkina Faso.

Puisque les possibilités d’enregistrement sont réduites au Mali, ils partent vivre en Côte d’Ivoire en 1986. À Abidjan, ils rencontrent le producteur nigérien Maïkano et entrent en studio en décembre 1988. De ces sessions sortiront deux cassettes, intitulées « Volumes1 » et « Volume2 » et commercialisées en mars 1989. Le succès est très vite au rendez-vous et ceux que l’on surnomme « Le couple aveugle du Mali » multiplient les prestations en public.

En décembre, ils animent à Abidjan un gala en compagnie de Stevie Wonder, Kool and The Gang, puis participent l’année suivante à un hommage à Fulgence Kassy (célèbre animateur ivoirien de l’émission télévisée « Première Chance ») avec plus d’une trentaine d’artistes. En février 1990, Amadou et Mariam retournent en studio, avec le même producteur, pour enregistrer les morceaux qui figurent sur les cassettes « Volume 3″ et Volume 4 », sorties en 1991.

Cette année-là, ils retournent au Mali, via le Burkina Faso, et y font une grande tournée. En 1993, ils peuvent enfin enregistrer leur première cassette malienne, toujours produite par Maïkano. Leur succès n’est ressenti qu’en Afrique ou dans les milieux africains d’Europe. Amadou et Mariam en veulent davantage ! Fin 1994, ils sont invités à se rendre à Paris pour jouer et enregistrer. Mais la cassette ne sortira malheureusement jamais en Europe.

1998 : « Mon amour, ma chérie »

Retour en France en 1997 : ils enregistrent leur premier CD, distribué en Europe, qui sort en 1998. Intitulé « Sou Ni Tilé » (Nuit et jour) et composé en partie d’anciens morceaux, il contient notamment la chanson « Mon amour, ma chérie » qui les fait connaître rapidement. En décembre 1997, ils se produisent aux Transmusicales de Rennes. Peu de temps après paraît le CD « Se Te Djon Ye » qui réunit d’anciens enregistrements, puis un nouvel album en 1999 : « Tje Ni Mousso » (L’homme et la femme). Leur carrière commence à prendre une dimension internationale : ils sont invités à jouer Festival international de Louisiane, en Allemagne.

En 2001, ils sont sur la scène des Eurockéennes en France. En 2002, sort l’album « Wati » (Le temps)sur lequel ils ont invité à leurs côtés leur compatriote Cheick Tidiane Seck, mais aussi Jean-Philippe Rykiel et Sergent Garcia. Cette même année, ils se produisent entre autres à Los Angeles, au Festival de Montreux, au festival Musiques Métisses d’Angoulême avant de se rendre au Mali en 2003 pour une tournée.

2004 : « Dimanche à Bamako »

Approchés par Manu Chao, qui a eu un véritable coup de foudre en découvrant leur musique, ils commencent à travailler ensemble sur de nouvelles chansons à Paris en septembre 2003, puis terminent l’enregistrement en avril 2004 au Mali, où Amadou et Mariam se sont produits en début d’année, dans le cadre du Festival au Désert, à quelques heures de piste de Tombouctou. Fusion complète de leur musique avec celle de Manu Chao, l’album « Dimanche à Bamako » sort en octobre 2004, et leur permet de toucher un public encore plus large.

Le 5 mars 2005, le couple remporte le prix du meilleur album world de l’année des Victoires de la Musique pour « Dimanche à Bamako ». Le succès de l’album leur permet de remplir les salles de concert : jusqu’en octobre, ils sont en tournée essentiellement en France. Le 24 mars et 17 mai, ils donnent deux concerts à guichets fermés à la Cigale.

En avril a lieu la première édition du festival Paris-Bamako, organisé par trois Français, qui se tient à l’Institut des Jeunes Aveugles du Mali. Amadou et Mariam, qui s’y sont rencontré près de trente ans auparavant, se trouvent nommés d’office parrains de ce festival. Qui mieux qu’eux auraient pu représenter une telle cause ? L’argent récolté par ce festival sert en effet à rénover l’Institut, et y apporter de nouvelles infrastructures. Des vedettes maliennes rencontrent des stars internationales, et inversement. Le public, friand de manifestations culturelles, assure le succès de ce rendez-vous.

Nominés pour le Prix Constantin, Amadou et Mariam reçoivent le 26 octobre un Disque de platine des mains du ministre français de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres après leur concert à l’Olympia. Cette distinction récompense les albums vendus à plus de 300.000 exemplaires.

Le magazine britannique The Observer classe « Dimanche à Bamako » parmi les vingt meilleurs albums de l’année 2005. Toutes ces distinctions les propulsent sur le devant de la scène : Amadou et Mariam accèdent au grand succès international. Leur popularité ne cesse de s’accroître et les collaborations se multiplient. Le titre « Coulibaly » est remixé par Fred Chichin des Rita Mitsouko en 2005.

En novembre 2005 paraît un DVD ainsi qu’un disque « Live à la Goutte d’Or ». Début janvier 2006, le Malien DJ Mo remixe plusieurs titres du duo. En février et mars, le couple joue dans toute l’Angleterre en participant à l’Africa Soul Rebel Tour, aux côtés de Souad Massi et d’Emmanuel Jal. Le reste de l’année se partage entre les tournées internationales (Europe, Australie, États-Unis et Canada) et les collaborations.

Le 26 juin 2007, le duo participe au projet « Africa Express » piloté par le Britannique Damon Albarn, qui réunit un plateau impressionnant d’artistes à Glastonbury, en Angleterre : Rachid Taha, K’Naan, Tony Allen, Fat Boy Slim, Tinariwen…

Le 13 juillet 2007, le duo participe au grand bal populaire organisé par la Mairie de Paris et RFI sur la place de la Bastille. Quelques jours plus tard, entre le 26 juillet et le 1er août, ils sont en concert avec le groupe américain disco-rock Scissor Sisters, à Londres puis à Manchester en Grande-Bretagne.

Les 22 et 23 octobre 2008, à Londres, Damon Albarn organise de nouveau une édition d’Africa Express à laquelle participent Amadou et Mariam.

2008 : « Welcome to Mali »

Le couple malien revient sur le devant de la scène avec un nouveau projet discographique intitulé « Welcome to Mali », qui sort en novembre 2008. Cet opus est réalisé par Marc-Antoine Moreau et Laurent Jaïs qui avaient déjà travaillé avec Manu Chao sur « Dimanche à Bamako ». Le premier extrait de cet album est « Sabali », produit par Damon Albarn, un titre pop, témoignage enthousiasmant de la mixité des cultures, si chère au Britannique. On note aussi la collaboration du reggaeman Tiken Jah Fakoly, du rappeur somalien K’Naan, des chanteurs Keziah Jones, Juan Rozoff et Matthieu Chedid.

Le couple se produit sur scène partout dans le monde. On le retrouve notamment en première partie du groupe britannique Coldplay, pour sa tournée américaine en juillet 2009, mais aussi en décembre, lors du concert du prix Nobel de la Paix décerné cette année-là à M.Barack Obama, président des États-Unis. Amadou et Mariam se produisent également au concert de célébration de l’ouverture de la Coupe du monde de football en juin 2010 en Afrique du Sud

L’album « Amadou & Mariam remixes » sort en décembre 2010 et rassemble un certain nombre de versions remixées par des artistes comme Bob Sinclar, Yuksek ou Akon.

Le couple assure aussi les premières parties du groupe irlandais U2 pour le « U2 306° Tour » en Afrique du Sud les 13 et 18 février 2011.

Unique en son genre, la série de concerts qu’il donne à Manchester (Grande-Bretagne) du 14 au 16 juillet 2011 : en effet, le couple malien se produit dans le noir total au New Century Hall, une performance commandé par le Manchester International Festival et intitulé « Éclipse ». L’objectif d’Amadou & Mariam est de faire partager leurs sensations de non-voyants en racontant leur histoire et leurs expériences au public peu habitué à ce genre de performance. Le spectacle est donné aussi à Londres en novembre, ainsi qu’à Paris à la Cité de la Musique en janvier 2012.

2012 : « Folila »

Le couple revient avec un nouvel album intitulé « Folila » (« faire la musique » en bambara) en mars 2012. Enregistré entre New York, Bamako et Paris, ce disque rassemble une liste d’invités prestigieux, fruit de leurs multiples rencontres artistiques. On retrouve à la réalisation de plusieurs titres Bertrand Cantat, ex-leader de Noir Désir, comme sur le premier extrait « Oh Amadou ». Les Maliens Idrissa Soumaoro et Toumani Diabaté viennent apporter la touche africaine. Pour ce 7e opus très « cross-over », Amadou et Mariam ont aussi invité la chanteuse américaine Santigold, les New-Yorkais de TV on the radio, le soulman Amp Findler, le rappeur Theophilius London, Jake Shears du groupe Scissor Sisters ou encore la chanteuse britannique Ebony Jones. Ce disque où se croisent des musiciens rencontrés au hasard des festivals que le couple écume depuis de nombreuses années prône toujours les valeurs qui sont chères à ces Maliens devenus citoyens du monde, la solidarité, l’amour, la démocratie, etc.

Forts de ce nouvel album, Amadou et Mariam reprennent leurs concerts, en France et dans le reste de l’Europe, mais aussi en Amérique du Nord où ils se produisent du 31 juillet au 18 août 2012.

Ambassadeur du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Union européenne, le duo se mobilise pour en faire connaître l’action auprès de son public dans le cadre de concerts solidaires donnés en banlieue parisienne au cours de la tournée itinérante « Africa, mon Afrique » qui débute en octobre.

En février 2013, pour la seconde fois de leur carrière, Amadou et Mariam remportent une Victoire de la musique. Cette fois, c’est l’album « Folila » qui est récompensé dans la catégorie des musiques du monde, ce qui leur donne une raison supplémentaire de le défendre sur scène entre les mois d’avril et d’octobre, jouant ainsi à une vingtaine de reprises en France, en Belgique, au Portugal, en Suisse, au Maroc et au Canada, où ils clôturent le Festival international de Jazz de Montréal.

Après trois années durant lesquelles le couple n’est que rarement à l’affiche (20 concerts de 2014 à 2016), il repart activement sur les routes en mai 2017. Après s’être produit en Espagne, puis au Maroc pour le festival Mawazine, en Suisse, au Liban, en Belgique et en France, il traverse l’Atlantique pour des concerts au Canada puis aux États-Unis, parcourus en une quinzaine d’étapes de Chicago au Nord-Est à Seattle au Nord-Ouest, en passant par Phoenix et l’Arizona au Sud.

2017 : « la Confusion »

Intitulé « La Confusion », le huitième album paraît en septembre. Si la situation dans laquelle se trouve le Mali depuis cinq ans nourrit, en filigrane ou explicitement, l’écriture de certaines chansons et laisse percevoir l’inquiétude des artistes citoyens, sur le plan musical, Amadou et Mariam se sont davantage orientés vers une formule afro-disco, sans featuring ni collaboration notoire, mais accompagnés dans leur démarche par le fondateur du groupe électro français Bon Voyage Organisation.

L’année se conclut par une tournée d’une trentaine de dates, qui passe par la France, la Belgique, l’Espagne, la Turquie, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne.

Début décembre, le couple voit la disparition de son producteur et manager, Marc-Antoine Moreau, qui décède des suites d’une crise de paludisme.

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