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Crise de l’école malienne : La jeunesse malienne sacrifiée sur l’autel des intérêts inavoués

Depuis l’avènement de la démocratie, l’école malienne a connu de nombreuses crises, les unes plus graves que les autres. Des crises qui piétinent le droit à l’éducation et ébranle l’avenir de plusieurs générations de jeunes maliens.
La crise que l’école malienne traverse cette année, ne doit pas être prise à la légère, dans la mesure où elle met en jeu l’avenir du pays.   Cette crise est la résultante de plusieurs décennies de mauvaise gouvernance imputable à tous les acteurs de l’école : bailleurs de fonds, autorités, élèves et éducateurs (parents d’élèves et enseignants).

L’école victime de reformes irréfléchies et démoniaques

Certes, il faut reformer l’école pour l’adapter à l’évolution du temps et aux réalités du pays. Mais tel ne semble pas être le cas des différentes reformes qu’a connues l’école malienne, ces dernières années. Du coup, ils sont nombreux les Maliens à fustiger les différentes reformes de l’école malienne pour plusieurs raisons.

La plupart de ces réformes survenues au sein de l’école publique malienne sont considérées comme imposées par les bailleurs de fonds pour leurs intérêts, lesquels sont souvent en déphasage avec les intérêts de la société malienne.

Selon des observateurs, l’école malienne est considérée par des bailleurs comme un espace d’essais des différents systèmes et programmes éducatifs cela, grâce à la complicité et à cause de la cupidité des autorités maliennes.

«Notre école a connu tellement de reformes qu’on ne sait plus sur laquelle elle marche actuellement. Cette situation s’explique par le fait que certains partenaires conditionnent leurs aides à certaines réformes démoniaques», a constaté Sidiki Diabaté, enseignant à la retraite. Pour lui, l’illustration parfaite et récente de cette situation, est la tentative d’introduction dans le système éducatif malien, du programme dit «l’éduction sexuelle complète», lequel a été vite abandonné suite à la vigilance et la colère de certaines organisations religieuses.

Aujourd’hui, les conséquences néfastes des reformes bidons sont visibles et palpables au Mali. Ces dernières décennies, ils sont des milliers de jeunes maliens qui ont été formés dans des filières qui ne correspondent pas aux besoins du pays ou aux réalités du marché de l’emploi. L’écrasante majorité des diplômés des écoles publiques maliennes sont rejetés partout sur le marché de l’emploi. Plus grave,  nombreux sont les diplômés de l’école publique malienne qui blanchissent dans le chômage.

Autre facteur qui fragilise l’école malienne, c’est sa politisation

Depuis l’avènement de la démocratie, l’école est devenue le principal, voire le meilleur espace des revendications politiciennes, cela à travers l’instrumentalisation des acteurs de l’école  (syndicalistes et leaders de l’AEEM) par les politiques. Aujourd’hui, nul n’ignore que l’écrasante majorité des syndicalistes de l’enseignement et des leaders estudiantins sont des militants qui défendent  les intérêts de leurs partis au détriment de ceux de l’école et des élèves. Du coup, si ce ne sont pas des élèves qui débrayent, ce sont des enseignants qui refusent de donner les cours ou prennent en otage les notes d’examens pour des raisons inavouées. Dans ces conditions, peut-on s’attendre à une école performante ou des diplômés compétitifs sur le marché de l’emploi ? La réponse, c’est non. Cette situation fait dire à certains qu’un apaisement durable des tensions au sein de l’école passera par la dépolitisation de l’école.

La fin des crises à l’école n’est pas pour demain, tant que les autorités et autres acteurs ne prennent pas leur responsabilité. La preuve en est que depuis plusieurs mois déjà, l’école malienne est paralysée par des mots d’ordre de grèves répétitives des syndicats d’enseignants. Sur dix points de revendications, six ont fait l’objet d’accord entre le gouvernement et les syndicats. En dépit de la médiation des religieux, de la commission nationale des droits de l’homme (CNDH), des familles fondatrices de Bamako et autres partenaires de l’école, les syndicats demeurent sur leur pied de guerre et conditionnent la fin de la grève à la satisfaction effective de leurs doléances. Face au niet du gouvernement qui n’a plus de solution, l’école s’achemine, dangereusement, vers une année blanche. Le gouvernement justifie son refus par la crise financière qu’il connait ces derniers temps. Mais le pire peut être évité, si chaque partie fait des concessions, comme il se doit dans toute résolution de crise. Pour notre part nous pensons qu’aucun Malien se sortira gagnant, en cas d’année blanche.

Sidiki Berthé

 

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