ACTUALITÉSAfrique

Gabon : Sous l’ombre du scandale, Julien Nkoghe Bekale, nouveau Premier ministre d’Ali Bongo

Dans les prochains jours, il devrait annoncer la formation d’une équipe gouvernementale plus resserrée. Julien Nkoghe Bekale est devenu, dans un communiqué diffusé par le secrétariat de la présidence dans la nuit de vendredi 11 au samedi 12 janvier, le nouveau Premier ministre d’Ali Bongo. Quelques minutes après la mise en place la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale au Gabon, il devient celui qui remplace Emmanuel Issoze-Ngondet. Mais on n’a pas tardé à lui rappeler l’ombre d’un scandale d’hydrocarbures.L’agenda politique s’est accéléré au Gabon. En l’intervalle de quelques heures, le pays s’est retrouvé avec un nouveau président de l’Assemblée nationale et un nouveau Premier ministre, conséquences naturelles de la proclamation des résultats définitifs des législatives, fin décembre 2018 par la Cour constitutionnelle. Depuis cette proclamation, le pays ne fonctionnait, dans les formes, que par un gouvernement par intérim.

Un nouveau Premier ministre du Gabon nommé depuis le Maroc
Depuis le Maroc où il se trouve en convalescence, Ali Bongo a donc pris un acte de nomination d’un nouveau Premier ministre. «Par décret du président de la République est nommé chef du gouvernement M. Julien Nkoghe Bekale », annonce dans la nuit de vendredi 11 janvier au samedi 12 janvier 2019, un communiqué de  Jean-Yves Teale, le secrétaire général de la présidence gabonaise.

A 56 ans, Julien Nkoghe Bekale est une figure connue de la politique gabonaise. Dans la précédente équipe gouvernementale, le député du Komo Mondah, un département de la province de l’Estuaire (nord-ouest), détenait le maroquin des PME et de l’artisanat. Auparavant, ce fidèle du parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) a multiplié les portefeuilles ministériels dans des gouvernements de Bongo -Père et fils.

Le nouveau locataire de la Primature remplace Emmanuel Issoze-Ngondet appelé au frigo du poste de «médiateur de la République» où il devrait faire valoir l’expertise de sa longue carrière au sein de la haute administration gabonaise. La nomination de Julien Nkoghe Bekale intervient alors que Faustin Boukoubi, ancien secrétaire général du PDG a été élu, ce vendredi 11 janvier, à une écrasante majorité, nouveau président de l’Assemblée nationale du Gabon.

La nomination de deux caciques confirme une volonté du pouvoir de resserrer les rangs autour de véritables « maîtrisards » de l’appareil d’Etat, du paysage politique et du fonctionnement politique. Une stratégie après la tentative de coup d’Etat manqué du 7 janvier dernier, avec l’absence prolongée d’Ali Bongo, en convalescence au Maroc.
Un Premier accueilli par un vieux scandale
Par ailleurs, la liste des membres du gouvernement devrait être dévoilée au plus tard ce lundi 14 janvier 2019 par Julien Nkoghe Bekale. Mais la question qui agite le microcosme politique gabonais semble ailleurs. Par une disposition de la nouvelle constitution, les membres du gouvernement doivent prêter, devant le président de la République, un serment d’allégeance. En l’absence d’Ali Bongo, cette cérémonie devrait-elle se faire à Rabat, où s’est déplacé le centre du pouvoir gabonais? Sera-t-elle retardée dans l’attente d’un retour toujours hypothétique du président de la République ? Les prochains jours seront scrutés de très près.

Autre question qui entoure la nomination de Julien Nkoghe Bekale ? Cette sombre affaire de détournements de 20 milliards de FCFA au ministère des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures.  En 2016, Julien Nkoghe Bekale a vu la primature lui échapper au profit d’Issoze Ngondet. Le pouvoir avait sans doute anticipé l’impact du scandale financier qui aurait pu éclabousser le col de la chemise d’un Premier ministre en fonction.

En 2013, l’hebdomadaire gabonais « La Griffe » avait révélé, qu’un rapport de synthèse de la Cour des Comptes(CDC) transmis au chef de l’Etat, épinglait Julien Nkoghé Békalé, pour un détournement supposé  de 20 milliards de francs CFA dans le ministère du Pétrole qu’il occupait entre 2009 et 2011. Dans son rapport, la CDC avait constaté des «irrégularités» de comptabilité qui avaient fait affecter pour «fonds politiques» ce qui était en fait des «bonus pétroliers», ces recettes versées à l’Etat par les compagnies pétrolières lors des signatures de contrats.

Le nouveau premier ministre débute donc sa mission de piloter le nouveau gouvernement sur fond d’un scandale qu’on a vite fait de lui rappeler. Les explications du nouveau locataire de la primature sont toujours attendues.

latribune

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page
Open

X