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Réduction du train de vie de l’Etat : Les dotations de carburant et de produits alimentaires supprimées en 2019 ?

Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a profité du débat citoyen, organisé par le Cadre de réflexion et d’échanges citoyen, pour tirer la sonnette d’alarme par rapport aux dépenses de l’Etat. Il promet de les rationnaliser en 2019, en réduisant le train de vie. Son prédécesseur, Abdoulaye Idrissa Maïga, avait en son temps envisagé un tel scénario, en dénonçant la constante augmentation du budget de la Présidence, la pléthore de ministres et de responsables, avec rang de ministre, les frais divers de l’Assemblée nationale, etc. Des initiatives certes salutaires, mais comment ces dépenses seront-elles réduites ou escamotées ? D’ores et déjà l’on pense à supprimer les dotations de carburant et de produits alimentaires, dont l’incidence financière atteint plusieurs dizaines de milliards par an. Est-ce la solution ? Parce que les deux dotations constituent dans l’administration publique une motivation supplémentaire, pour compenser les salaires jugés très dérisoires par les uns et les autres.
 

L’année budgétaire 2019 a été marquée par le basculement au mode budget-programmes, c’est-à-dire la gestion axée sur les résultats. Mais force est de reconnaître qu’il a créé plus de problèmes, parce que les acteurs ne se sont pas compris dans la gestion des crédits. L’autre paramètre qui a particularisé ladite année budgétaire est le financement sur ressources propres des élections présidentielles passées. Ce qui a provoqué une saignée des caisses de l’Etat, avec comme conséquences immédiates de multiples mandats impayés au Trésor, l’annulation du Budget Spécial d’Investissement de tous les départements ministériels. Face à la mauvaise interprétation de cette crise de trésorerie, le ministre de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé, a été obligé de rassurer l’opinion nationale que la situation financière est loin d’être ce qu’on pense dans le sens négatif. Le Trésor, tant bien que mal, se débrouille à payer les mandats de petits montants des commerçants, dont certains sont au bord de la ruine.

C’est dans cette atmosphère de confusion que le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga a fait une déclaration fracassante, en affirmant qu’il va falloir réduire le train de vie de l’Etat. Comment ? En la matière l’on pourrait penser aux dépenses de la Présidence et des ministres, notamment les voyages à l’extérieur. Pour le moment, aucune proposition n’est avancée en ce sens. Mais nos investigations ont permis de déceler que deux indicateurs se dégagent : les dotations de carburant et de produits alimentaires, qui s’élèvent à plusieurs centaines de milliards de Fcfa, seulement en 2017 et 2018. En éliminant ces dépenses, l’Etat pourra récupérer des dizaines de milliards.

Faudrait-il rappeler que le carburant est alloué aux cadres de l’Etat qui occupent des postes de responsabilités, (directeur adjoint, chef de division, chef de section), aux plantons et autres pour compenser leurs salaires jugés très bas dans la plupart des cas.

Pourtant, dans le temps, avec les Cellules Administratives et Financières (CAF), le carburant était destiné aux véhicules de liaison et aux missions à l’intérieur. Pour des raisons de santé, les agents chargés de photocopie bénéficiaient de quelques boites de lait à la fin du mois. Les dotations de carburant ont pris une autre dimension avec la création des Directions Administratives et Financières (DAF) en 1988. Avec la réforme qui a scindé les DAF en deux entités, la Direction des Finances et du Matériel (DFM), et la Direction des Ressources Humaines (DRH), les dotations de carburant et les produits alimentaires sont devenus le nerf de la guerre, avec des lignes budgétaires appropriées et conséquentes. Aujourd’hui, leur suppression avec come alibi la réduction du train de vie de l’Etat est-elle logique ? Le réajustement des salaires en gestation, et promis par le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga parviendra-t-il à compenser les dotations de carburant et de produits alimentaires ? Vouloir revoir les salaires d’une part et créer des frustrations d’autre part en escamotant des avantages légitimes, sont une équation à plusieurs inconnus que le PM doit savoir résoudre. Parce que, déjà, les DFM, les DRH et les CPS (Cellule de la Planification et de la Statistique) sont déterminées à aller jusqu’au bout, pour bénéficier des mêmes primes accordées aux cadres du Contrôle Financier et ceux de la Direction Générale du Budget.

Certes SBM est un homme de crise et de situation, mais quand il doit faire face à une fronde généralisée liée à des avantages de fonction ou de service, la situation risque de se compliquer.

Par rapport à la suppression des dotations de carburant et de produits alimentaires, aucune décision définitive n’est prise à l’instant. Mais c’est des réflexions qui sont en cours, pour voir les indicateurs qui peuvent contribuer à atténuer les dépenses de l’Etat. Sont -elles bien indiquées ? La réponse à cette question permettra, à coup sûr, de mesurer les conséquences d’une telle décision.

El Hadj A.B.HAÏDARA

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