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Editorial : AEEM, un autre symbole de la démocratie démolie

Meguetan Infos

L’Association des Elèves et Etudiants du Mali, AEEM vient de rallonger la longue liste des partis et associations dissouts par la transition. Après le PSDA, l’observatoire pour les élections et la bonne gouvernance, le Mouvement Kaoural international, la CMAS et le SADI, en instance, c’est autour de l’AEEM de subir le rouleau compresseur des autorités de la transition au Mali. Ce coup de massue, qui est un acte de trop dans un pays dit démocratique, prouve à suffisance que le projet de démolition de la démocratie est véritablement en marche au Mali. L’AEEM a été  sans nul doute l’un des Mouvements qui ont payé les prix forts pour l’avènement de la démocratie au Mali. Elle est le symbole de la résistance et de l’opiniâtreté contre le régime dictatorial et sanguinaire du Général Moussa Traoré. Membre du Mouvement démocratique comme l’ADEMA, le CNID, l’UNTM, l’AJDP, l’ADIDE, pour ne citer que ces quelques entités, l’AEEM a été au premier rang de la lutte contre le régime dictatorial du Général Moussa Traoré. Sa dissolution s’apparente à un blasphème contre la démocratie et une atteinte grave aux libertés fondamentales, celles relatives à l’expression, à l’association et surtout la liberté syndicale. La question que l’on doit se poser est celle de savoir si certaines autorités actuelles n’ont pas pour mission de démolir ce précieux bijou qui est la démocratie ?

La réponse est sans nul doute oui, car le véritable architecte de ce machiavélique projet de démolition de la démocratie se trouve être le premier ministre. Ce dernier, incarnant non seulement le régime de parti unique, UDPM, mais aussi ayant soif de réhabiliter le Général Moussa Traoré,  n’a jamais caché sa volonté de prendre sa revanche sur le Mouvement démocratique. A-t-il embobiné le Président de la transition, le Colonel Assimi Goita, qui, en véritable néophyte politique, a certainement cédé au chant mélancolique du plus grand restaurateur de l’ancien ordre politique et en même temps fossoyeur de la démocratie ? Le Colonel Assimi Goita doit comprendre qu’il est le père de la Nation et par conséquent le garant de toutes les libertés, donc tout acte, qu’il soit bon ou mauvais, posé sous son magistère l’engage devant Dieu et les hommes et surtout devant l’histoire. Il ne doit nullement céder au son de sirène des zélateurs, des laudateurs et autres opportunistes invétérés, prêts à l’abandonner au premier coup de sifflet annonciateur de la fin de son règne. Donc tout acte qu’il serait emmené à prendre doit être non seulement analysé, mais aussi et surtout doit s’inscrire en droite ligne d’une vision de réconciliation, de rassemblement et non avec un esprit de revanche.

Si nul ne peut nier la perversité, les crimes et  autres pratiques rétrogrades qui ont pignon sur rue dans les espaces scolaires et universitaires, force est de reconnaitre que ces pratiques qui sont l’œuvre de quelques élèves et étudiants ne sauraient nullement expliquer encore moins justifier la dissolution de ce grand symbole de l’histoire récente de notre pays en général, et  de l’avènement de la démocratie en particulier. En effet, nul n’étant  au-dessus de la loi, les auteurs  des crimes odieux récemment commis et même ceux antérieurement commis, doivent subir la rigueur de la loi. L’AEEM, en dépit de toutes ses tares et avatars est une association reconnue par la réglementation en vigueur, donc elle doit être conservée comme un patrimoine, car elle fait partie de l’histoire récente de ce pays. Et comme dirait l’autre, nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme. Quant au silence indescriptible de ceux-là mêmes qui sont censés défendre le Mouvement démocratique, il est l’expression de la capitulation, pour ne pas dire de la lâcheté. Qu’ils comprennent que le jugement du tribunal de l’histoire est implacable et sans appel. Leur attitude, leur résignation frisent la trahison des martyrs qui ont accepté le sacrifice ultime pour que le Mali soit un Etat démocratique et de Droit.

Youssouf Sissoko

L’Alternance

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