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Entre Nous : Silence de carpe

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Avec les récentes et massives arrivées enregistrées en Italie et dans certaines îles d’Espagne, la migration alimente plus que jamais les débats publics dans les pays de l’Union européenne. Laquelle cherche à adopter une position commune face à ces flux migratoires, malgré les divergences sur de nombreuses questions. Par exemple l’Italie n’est pas favorable aux opérations de recherche et de sauvetage des navires des O.n.g en Méditerranée. Le gouvernement italien y voit ‘’un facteur d’attraction des migrants’’. Pour Berlin en revanche, le fait de «sauver des vies en mer est un devoir légal, humanitaire et moral».

Ces divergences de vue n’ont cependant pas empêché l’UE de conclure, le mercredi 4 octobre 2023, un accord préliminaire ouvrant la voie à l’établissement des règles communes en cas d’arrivée massive et inattendue de demandeurs d’asile.

«Entre janvier et septembre 2023, plus de 187. 000 migrants ont traversé la Méditerranée en quête d’un avenir meilleur et de sécurité», révèle l’Organisation internationale pour les migrations  -O.i.m – qui a comptabilisé, pour la même période 2. 778 décès, dont 2 093 en Méditerranée centrale.

990 enfants sont morts dans la mer entre juin et août révèle pour sa part l’Unicef. Ce chiffre, a souligné le Centre d’initiatives pour une migration sûre (Ci.m.s), reste loin de la réalité quand on sait que plusieurs bateaux ont disparu en mer et n’ont jamais été retrouvés.

207 migrants ont quitté l’Afrique du Nord pour rejoindre les côtes italiennes. Pour le seul mois d’août, 25. 664 migrants sont entrés en Italie à bord d’embarcations de fortune. Le quotidien italien «Le Corriere Delle Sera» décrit «des enfants en larmes, des mineurs sans parents, des femmes la main sur le ventre». Selon ce journal, «ceux qui font la queue, le cœur brisé, pensent à leurs amis et parents noyés dans les vagues après la traversée sur des bateaux en fer blanc».

Paradoxalement, autant les dirigeants européens sont vivement préoccupés par la gestion des flux migratoires, autant les gouvernements africains et les organismes sous-régionaux ou régionaux brillent par leur silence. Aucune initiative pour freiner ou ralentir les départs massifs des jeunes continuant d’affronter le feu du désert et les dents de la mer à la recherche d’un illusoire eldorado. Aucune opportunité sur place afin de retenir les potentiels candidats au départ. Au contraire, il est hautement probable que les incandescents allumés et entretenus çà et là sur le continent augmentent le nombre de candidats sur les routes migratoires. C’est dommage que l’Afrique reste en marge d’un débat en Europe alors qu’il concerne ses propres enfants.

Autant l’élite dirigeante africaine doit faire face à sa responsabilité en créant les conditions nécessaires permettant de réduire les départs, autant les dirigeants européens doivent comprendre qu’il est temps de changer d’approche. Il ne sert à rien d’investir des milliards d’euros dans l’adoption des solutions sécuritaires visant à accentuer les surveillances aux frontières et sur les eaux. La preuve : les migrants bloqués au Maroc ont trouvé un le moyen de contourner les barbelés de Ceuta et Mélina : un planeur parachute.

Par Chiaka Doumbia

Le Challenger

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