Koulikoro: Le poids du pont de Kayo bouleverse le métier des piroguiers.

Le pont de Kayo construit sur le fleuve Niger, relie la rive gauche à la droite dans la commune urbaine de Koulikoro dont le lancement des travaux a eu lieu en 2015. L’infrastructure a favorisé la mobilité des personnes et de leurs biens entre les 2 rives du fleuve, mais aussi l’accès à la route de Ségou. Par contre, l’œuvre n’a pas fait que du bien. Elle a entrainé des bouleversements accrus dans d’autres secteurs d’activité comme la traversée traditionnelle des pirogues.  

Depuis la construction du pont de kayo, les piroguiers de Koulikoro font face à certaines difficultés notamment la rareté des clients. Ceux-ci se plaignent de l’insuffisance des clients depuis cet exploit. Même s’ils reconnaissent les avantages de cette infrastructure, ils déplorent certaines contraintes liées à la construction du pont. Les conditions sont très déplorables pour eux, en plus du manque de client ajoute l’hivernage qui leur pose problème. En ces temps-là, ils rencontrent beaucoup d’accident avec les clients.

Nous nous sommes intéressés à ce sujet qui occupent les discussions dans la ville de Koulikoro. Voici quelques réactions que nous avons pu recueillir auprès de certains piroguiers.

Sékou Diarra piroguier : « La construction du pont a été très bénéfique pour la population, c’est un signe de développement pour notre pays mais ça nous a causé des pertes en termes de client. Avant on pouvait gagner jusqu’à 5000 f par jours maintenant on ne dépasse pas les 1500 f.  Comme on n’a pas d’autre activité à faire nous continuons avec celles-ci. Si par exemple on fait trois tours, chaque tour fait 1000 f au total on a 3000 f si on enlève l’argent de l’essence et aussi la recette du propriétaire de la pirogue au final il ne nous reste rien. On continuera de faire cette activité parce qu’on n’a pas le choix sinon on ne gagne presque rien » s’est-il exprimé.

Adama Coulibaly piroguer : « La construction du pont nous a aidé vraiment car parfois c’est difficile de traverser le fleuve en pirogue, surtout pendant d’hivernage. Si l’orage vous trouve sur le fleuve il peut y avoir un accident. Avant la construction du pont tout le temps il y avait des accidents mais cela a changé depuis. Mais cela à occasionner des changements dans notre travail. On n’a pas beaucoup de revenus comme avant, par exemple si auparavant on faisait traverser 500 motocyclistes, actuellement c’est seulement 10 motocyclistes qu’on trouve. La plupart des gens passe par le pont de kayo. C’est au moment de la plage qu’on a beaucoup de clients, a ces temps-là on peut gagner 3000f à 3500f par jour mais avant la construction du pont c’était 20000f voir 25000f par jour », a-t-il affirmé

Souleymane Traore piroguier : « La construction du pont a été une bonne chose car nos véhicules peuvent enfin traverser le fleuve par la voie routière. Mais ça a renversé notre activité, avant on avait beaucoup de client c’est plus le cas maintenant. Les gens de Dioїla ne viennent plus par ici seulement quelques personnes de Kénékoun passent par ici » a avoué M. Traoré.

Modibo Diarra : « Ce fut une bonne chose que le pont soit construit. Ça n’a en aucun cas affecter notre travail. Nos clients viennent toujours comme avant, cela n’a apporté aucun changement qui peut nous nuire. Nous aussi quand on est pressé on prend la voie routière c’est l’une des avantages du pont. Nous trouvons de quoi manger dans ce domaine mais je ne peux pas dire un chiffre précis qu’on peut gagner chaque jour tout dépend de la venue les clients » a-t-il déclaré.

La pirogue est un patrimoine social et culturel de Koulikoro. Sa valeur économique est largement en décadence depuis longtemps. Avec la construction du pont la traversée du fleuve est largement affectée. Cependant, l’esprit de reconversion se pose avec nécessité. Les piroguiers doivent orienter leur activité vers d’autres professions afin de redynamiser leur métier.

Belco SANGARE (Stagiaire)