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Les électeurs maliens sont convoqués aux urnes le 18 juin 2023 : Un référendum constitutionnel pour quelle légitimité ?

Meguetan Infos

Enfin le gouvernement de la transition a fixé la date du référendum. Les électeurs sont convoqués aux urnes le 18 juin 2023 afin de voter oui ou non  la nouvelle constitution du Mali. Cette date, qui  est non seulement  l’expression de la volonté politique des autorités, vient également à point nommé surtout quand on sait que le soupçon d’une prolongation de la transition avait fait son petit bonhomme de chemin. Donc elle vient non seulement couper court aux supputations et autres allégations prêtant aux autorités de la transition des intentions de s’éterniser au pouvoir sans élections, mais aussi et surtout elle permettra au Mali de rester dans le cadre du chronogramme souverainement élaboré par le gouvernement et enfin elle rétablira la confiance entre le Mali et ses partenaires aux rangs desquels la CEDEAO. Mais l’arbre ne devant pas cacher la forêt la date proposée va indéniablement être buttée aux multiples obstacles qui rendront le referendum intenable, ou tout au moins les résultats qui seront issus de ce referendum souffriront d’un déficit énorme de légitimité. La boîte de pandore serait-elle ouverte entre les opposants et les partisans d’une nouvelle constitution ?  Malgré les multiples écueils les autorités pourront avoir quelles astuces pour convaincre les maliens à voter oui ?

C’est à travers un flash spécial sur la chaine nationale que le ministre de l’administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maiga, a lu le décret fixant la date de convocation du collège électoral, celle de l’ouverture et de la fermeture de la campagne pour le referendum et la date du vote tant pour les forces de défense et de sécurité que pour les civils. Si sans aucune surprise ce décret présidentiel était fortement attendu, il n’en demeure pas moins qu’il suscite déjà beaucoup d’interrogations, d’inquiétudes et en même temps une lueur d’espoir. La question fondamentale que beaucoup des maliens se posent est celle de savoir avec quel papier les électeurs pourront accomplir leur devoir citoyen étant entendu que le taux d’enrôlement et de retrait de la carte biométrique est très largement en déca des attentes. Ceux qui ont été enrôlé n’ont pas reçu leurs cartes et nombreux sont ceux qui n’ont pas encore eu la chance de se faire enrôler. En fixant la date du referendum et sachant bien toutes les difficultés qui jonchent le parcours de la transition, les autorités ont certainement une solution alternative pour permettre aux électeurs  de voter. La carte NINA semble être cette solution alternative, en tout cas si l’on veut donner beaucoup plus de légitimité à la nouvelle constitution.

Quid des conditions sécuritaires et politiques pour permettre non seulement aux partisans et adversaires de se mouvoir sur le terrain, mais aussi aux électeurs d’accomplir leur devoir civique ?

Dans un pays où l’insécurité  est généralisée c’’est à dire qu’elle s’est propagée du nord au centre, d’est en ouest, pourrait-on réellement mener une campagne digne de ce nom, afin d’expliquer les tenants et les aboutissants du projet de constitution aux maliens, tout comme permettre aux opposants d’évoquer en toute démocratie les incongruités qu’ils ont pu relever et qui s’y trouvent, pour que les électeurs puissent voter en toute conscience ? La réponse est non, car se déplacer à l’intérieur du Mali c’est à coup sûr mettre sa vie en danger. La preuve c’est l’attaque du convoi du chef de cabinet du Président de la Transition dans laquelle attaque il a malheureusement trouvé la mort. Donc les conditions sécuritaires sont loin d’être réunies pour aller expliquer le contenu de la nouvelle constitution dans les coins et recoins du pays. Au regard de toutes ces difficultés on est en droit de conclure que la future  nouvelle loi fondamentale ne requerra pas l’assentiment d’un plus grand nombre de citoyens qui ne pourront pas se prononcer soit par manque de carte d’électeur ou par peur d’être attaqués par les hors –la- loi qui tenteront de semer la chienlit. Il n y a pas que l’insécurité, les conditions matérielles sont-elles réunies pour la tenue du referendum ?  Ce que l’on sait c’est  que tous les démembrements de l’AIGE n’ont pas été mis en place, Les coordinations régionales ne sont pas opérationnelles. Les agents électoraux n’ont pas été formés. Pour rappel  l’AIGE, selon la charte de la transition et la loi électorale, est la seule structure habilitée à gérer les scrutins.

Une lueur d’espoir malgré tout

Le fait d’avoir pris l’initiative de fixer la date du referendum, prouve à suffisance que les plus hautes autorités de la transition ont  la volonté d’aller aux élections. Elles viennent de montrer patte blanche, mais, il faudrait qu’elles sachent  que la seule volonté de tenir les élections ne suffit pas en pareille situation, il faut réunir également  les conditions optimales d’une élection dont les résultats ne souffriront d’aucune contestation. Donc il revient aux autorités de la transition de persévérer dans le sens du dialogue avec toutes les forces vives de la nation sans exclusive afin de convenir d’un nouveau schéma de sortie de crise, même si cela devrait jouer sur le délai de la transition. Donc la seule thérapie qui reste pour sortir le Mali de sa torpeur est d’ouvrir la voie du dialogue afin de dégager  un large consensus autour des grandes priorités du moment

Youssouf Sissoko        

L’Alternance

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