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Souleymane Samake victime de mars 91 : “Si le combat pour la démocratie est à refaire, nous le referons”

Meguetan Infos

Le 1er secrétaire à l’organisation de l’Association des victimes de la répression de 91 (ADVR), commerçant et membre du Cnid-Association en 1991, relate l’événement de mars 91. Il enjoint aux démocrates du Mali de faire front commun tout en les invitant à soutenir la Transition pour une issue électorale heureuse.

 “Je suis victime de la répression de mars 91. J’ai été atteint de balles au niveau du pied et de l’abdomen. C’était le 23 mars 1991. Nous avons traversé le pont nommé ‘pont des Martyrs’. Nous sommes arrivés au niveau de l’hydraulique. Nous avons été confrontés à la police qui a tiré sur nous des balles et du gaz lacrymogène. J’ai reçu deux balles. Au ventre et au pied. On nous a transportés à l’hôpital Gabriel. Nous avons reçu les premiers soins là-bas. Ça n’allait pas du tout. Il y avait trop de monde. Nous avons été évacués sur l’Algérie. Nous étions avec des militaires victimes, le général Makalou et Dr. Oumar Mariko comme accompagnateurs. En Algérie, beaucoup ont été traités mais pas tous. A notre retour, Alpha Oumar était président de la République et Modibo Sidibé, ministre de la Santé. Ils nous ont aidés à être évacués à Dakar puis en France pour le reste des traitements. Après la France, ça allait beaucoup mieux chez la plupart d’entre nous. Mais jusqu’à présent, il y en a qui trainent des séquelles, des restes de balles ou encore des traitements non finis. Moi j’ai toujours du fer dans ma jambe pas encore enlevé.

Le 26 mars a réellement eu lieu et on peut dire qu’il y a eu satisfaction d’une part et déception d’une autre. Si on enlève un militaire du pouvoir pour amener la démocratie, normalement, si la réussite avait été totale, on ne devrait plus jamais assister à un coup d’Etat surtout militaire. Si nous somme sommes dans cette impasse politique, des coups d’Etat qui n’en finissent pas, d’un côté, ce sont les démocrates. S’il y a des martyrs pour une cause, des veuves, des orphelins et des blessés, pour une cause, cette cause doit être préservée. Mais si on revoit des militaires au pouvoir, c’est l’échec des démocrates. S’ils avaient su se donner la main et être unique sur un front commun, on n’en serait pas là.

Nous les victimes membres de l’ADVR, sommes dégoutés même si on n’accuse pas les militaires, nous ne les condamnons pas. S’ils sont là, c’est parce que l’idéal n’a pas été une réussite. Si des civils ne s’entendent pas, les militaires sont obligés d’intervenir. Nos politiques ont réellement échoué. On ne devrait plus voir de militaire au pouvoir.

Aujourd’hui, il faut que les démocrates soient solidaires. Avec la Transition actuelle, soyons unis et solidaires. Unissons nos forces pour l’aider à organiser des élections. Si cela se réalise, que les démocrates à leur tour se réunissent en conviction. Que les partis se regroupent par des visions et des convictions. Ne répétons plus la même erreur, c’est-à-dire que les partis suivent tout simplement une tendance parce qu’elle est au pouvoir. Ce n’est pas bon. C’est ce qui a fait échouer le pays. Les partis politiques ne veulent pas s’assumer à l’opposition. Il ne faut plus que les partis suivent les tendances pour des raisons de partage de pouvoir, car en ce moment, ledit parti sera obligé de suivre uniquement la tendance sans vision.

Unissons-nous pour aider la transition. Et la transition aussi doit savoir que nous sommes tous des Maliens. Tous les Maliens aiment la transition. Tant que tu es Malien. Même si on ne le crie pas. Tant qu’on est président, ceux qui sont d’accord ou pas avec toi, sont tous des Maliens et sont tous avec toi malgré les visions différentes. Si le délai de ton pouvoir arrive à terme, c’est Dieu qui y met fin pas les hommes. Donc que la Transition regroupe les Maliens et les unisse autour du Mali.

Même demain, si le combat de la démocratie est à refaire, nous le referons. L’ADVR le refera. Nous avons vu des gens mourir pour la démocratie, d’autres blessés, donc nous ne pouvons plus faire marche en arrière. Là où nous sommes aujourd’hui, tous les Maliens peuvent rejeter la Démocratie mais jamais l’ADVR.

Pour les réparations, tous les chefs d’Etat ont fait leur possible pour nous. Du président Alpha Oumar Konaré au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Nous n’avons pas rencontré le président Assimi, il a répondu à toutes nos doléances en tant que victimes. Nous l’en remercions”.

Propos recueillis par

Koureichy Cissé

Mali Tribune

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