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“Les aventures de Séko” : Un villageois en ville !

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Boubacar Sidibé, l’un des rares réalisateurs maliens, met des films et séries TV à la disposition des passionnés du 7e art. L’ancien cadreur de l’ORTM est fidèle à des thèmes comme le rôle de la femme dans la société, la polygamie, la santé pour tous. Dans sa série “Les Aventures de Seko”, il évoque les peines et les joies qu’un villageois peut rencontrer en ville. La série a été réalisée en 2001 et compte cinq épisodes.

éko s’est fait enlever sa femme par un séduisant citadin. Jurant de ne pas se laisser faire, le voilà parti dans la capitale, emportant l’unique bien que sa femme lui a laissé : une bouilloire. Mais hélas ! Arrivé à l’auto-gare, ledit bien avait disparu. Les discussions avec le chauffeur l’amènent à la police. Grâce à l’intervention de son neveu Bamoussa venu à son secours, Séko évite de justesse la prison.

Ainsi, Bamoussa décide de l’héberger vu qu’il n’a aucune autre connaissance à Bamako. Malheureusement, ils arrivent chez lui quand la logeuse jetait à la rue son locataire et toutes ses affaires.

Selon Boubacar Sidibé, le réalisateur, cette série est appréciée par beaucoup de personnes parce qu’elle est bien faite. “Le scénario vient de Habib Dembélé dit Guimba avec deux Européens qui étaient installés au Mali ici et travaillaient pour le développement de la culture. Lorsqu’ils ont fini d’écrire le scénario, j’ai été appelé par l’ORTM pour les aider dans la réalisation. C’est ainsi que j’ai rencontré Eva, une Européenne qui travaillait Guimba. Elle m’a dit qu’on doit se rendre à Mountougoula pour le tournage de la phase pilote afin d’obtenir le financement pour le reste du film.

Elle m’a demandé de me donner à fond afin d’obtenir les ressources nécessaires pour le film. C’est ainsi qu’on a tourné le premier épisode et on l’a monté à l’ORTM. La musique a été faite par feue Fantani Touré, l’épouse de Guimba et c’était au Centre culturel français”, se souvient le président de la Maison des cinéastes du Mali.

Ledit épisode a tellement réussi qu’il a été envoyé au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) où il a été primé en tant que meilleure fiction. C’est suite à cela que deux autres épisodes ont été réalisés parce que les Européens avec lesquels il travaillait devaient rentrer. Ils ne bénéficiaient plus de couverture sociale.

“Lorsqu’ils sont partis, nous avons reçu une réponse favorable aux demandes de soutien et l’ORTM a remis ledit fonds à Kora Films qui a tourné deux épisodes. En tout, le film fait cinq épisodes. C’est grâce à Guimba lui-même que le film a été une réussite, car si on lui demande de rire, il peut faire cinq rires différents et si on lui demande de pleurer, il peut aussi le faire de cinq manières pour montrer qu’il connait son travail”, souligne le membre du CNT. Il poursuit que c’est lors du tournage des “Rois de Ségou” qu’il a réellement su que les gens aiment “les Aventures de Séko” parce que chaque soir, ils projetaient un film pour égayer le village dans lequel ils font leur tournage. Et chaque soir, les habitants réclamaient “les Aventures de Séko”.

Le cinéaste indique que les téléspectateurs demandent toujours la suite de la série, mais déplore un problème financier et de temps. “Les gens réclament toujours le reste de la série. C’est ainsi que Guimba et moi on s’est rencontrés pendant cinq jours pour achever le scénario. Après avoir fini d’écrire, on a eu un problème de financement pour le tournage. On a été également été confronté à un problème de calendrier, car Guimba travaille sous contrat en France, donc il ne peut consacrer qu’un mois au tournage, alors qu’il faut la disponibilité de tous les acteurs, techniciens, producteurs, réalisateurs à cette période et cela est très difficile. Moi en tant que réalisateur, je consacre mon temps à écrire d’autres films que je réalise aussi. Les acteurs et techniciens peuvent être sur d’autres projets entre-temps. C’est très difficile qu’on soit tous libres en même temps pendant son congé ici au Mali”, se défend-il. Il n’empêche. Boubacar Sidibé avoue que le film est très bien fait. “Un jour, j’ai été à Niono pour le tournage du film «Duel à Dafa» et à mon retour, j’étais avec Guimba. Lorsqu’on s’est arrêté à Fana, tout le monde criait Seko ! Seko. Il a dit que c’est moi le réalisateur du film. Les gens m’ont viré et ont continué à crier Seko ! Seko. Les réalisateurs et techniciens sont méconnus dans notre travail, car ils sont hors des caméras. Des fois, on s’exprime lors de l’avant-première de certains films”, dit-il.

Parlant de l’originalité de la série, il raconte cette anecdote : “Un jour, j’étais avec Guimba au CCF et on a rencontré une Européenne qui nous avait rendu visite lors du tournage du film. Elle m’a avoué qu’elle savait que le film allait réussir parce qu’elle m’avait vu en pleine discussion avec le directeur photo pour un plan où je demandais à ce dernier de faire descendre la caméra. Lorsque la camera était à sa limite, je n’étais toujours pas satisfait. C’est ainsi que je lui ai demandé de creuser un trou afin de mettre la caméra pour avoir le plan idéal. Elle a ajouté qu’on avait une bonne équipe de tournage, de bons acteurs et de techniciens”. A ses dires, le film prend fin au commissariat là où Guimba prend la fuite. C’est pourquoi les gens demandent la suite. Le réalisateur souligne que récemment, l’ORTM voulait rediffuser la série et il en a fait 10 épisodes de 13 minutes en ajoutant deux scènes, à savoir la cour du commissariat où Seko rencontre le jeune qui s’est fait passer pour son fils pour voler la moto et partir et hors du commissariat où il est conseillé par les vendeurs de motos.

“Le scénario est bon et le film a été exécuté par les acteurs professionnels, à savoir Guimba lui-même, Kari Bogoba, Magma Gabriel, Kardjigué Laïco et tous ceux qui s’y connaissent en cinéma. Tellement que tout le monde s’est donné à fond, moi j’ai été hospitalisé 3 jours à l’hôpital Gabriel Touré en plein tournage, mais ça été une réussite et c’est ça l’essentiel”, se réjouit le professionnel du 7e art.                                              Marie Dembélé

Aujourd’hui-Mali

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