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Edito : Le jeu trouble de l’Algérie !

Meguetan Infos

Il y a environ un mois, précisément le 30 décembre 2023, le président algérien accordait une interview au journal français « Le Figaro ». En répondant à la question relative au  terrorisme  dans la bande sahélo-saharienne et à l’instabilité politique qui y est greffée, Abdelmajid TEBBOUNE  se plaint que l’Algérie n’a pas reçu l’implication  nécessaire  de la communauté dite internationale pour aider à l’application du fameux accord d’Alger (un accord conçu notablement par  son pays et la France). Dont la majorité des maliens réfute. Ces derniers sont convaincus  que certaines de ses clauses  contiennent les germes de la balkanisation du Mali.

 C’est un secret de polichinelle, la quasi-totalité des groupes terroristes,  évoluant dans la bande  sahélo-saharienne (hormis Boko Haram), proviennent de l’Algérie. Ils seraient créés par les services secrets de ce pays voisin. Qui n’a certainement  pas intérêt à ce que les pays du  Sahel,  en général et le Mali, en particulier, recouvrent leur entière souveraineté. Car l’Algérie s’estime d’être investie du pouvoir de réduire ses voisins sahéliens, en l’occurrence le Mali,  à la simple suzeraineté.

 Cette analyse est corroborée par  les propos du président algérien. Lesquels  deviennent  encore plus inquiétants,  lorsqu’il dit regretter  que « la France, à un certain moment, n’ait pas voulu que l’Algérie exerce son ascendant ». Mais sur quoi ? Les pays du Sahel ? Une évidence d’autant que,  selon sa propre perception, le terrorisme n’est pas la chose qui préoccupe, parce qu’il peut être vaincu. N’est-ce pas  une façon claire de faire  comprendre que l’Algérie, si elle le désire, peut vraiment mettre fin à ce fléau  qui gangrène l’ensemble des pays du Sahel depuis une décennie? Faut-il, in fine, comprendre  que  notre voisin du nord a désormais reçu de la France,  toutes les coudées franches, pour imposer l’application de l’Accord d’Alger aux autorités maliennes?

 Une chose est en tout cas évidente, ces derniers moments, le ministre algérien des Affaires Etrangères n’a de cesse effectué des déplacements dans notre pays. Aussi, beaucoup d’analystes ont fait un lien entre le  calendrier de  la visite d’Emmanuel MACRON en Algérie en  fin août 2022  et  celle effectuée par  Mme  Annalena Baerbock au Maroc. Ils estiment qu’il s’agit,  ni plus ni moins, d’une volonté  concertée de la France et l’Allemagne  de semer davantage la zizanie entre l’Afrique noire et celle arabo-berbère. La problématique migratoire  de l’Afrique subsaharienne  n’est-elle pas une des conséquences de ce deal entre l’Union européenne et les deux grands pays du Maghreb ?

Quoi qu’il en soit, des faits  d’accointance soudaine entre l’ancien pays  colonisateur et l’ancien pays colonisé se révèlent au grand jour. Ils font  redouter un faisceau de questionnements et d’hypothèses qui font  présager  que l’Algérie est dans un jeu trouble contre le Mali, son grand voisin du sud.

Toutefois, en aucune façon, le Mali ne peut et ne doit  être un pays vassal de l’Algérie. En conséquence, nos Autorités politiques et administratives, plus que jamais, doivent ouvrir les yeux  pour rechercher instamment  des partenaires sincères pour faire  sortir notre pays  du labyrinthe. D’ailleurs, nos autorités doivent abandonner toute idée superflue qui estime que nos deux pays sont frères et amis. Cela n’est pas vrai.

Entre Etats, Contrairement aux usages diplomatiques, il n’existe guère de liens d’amitié ou  de fraternité entre les Etats. En réalité, les Etats ont le plus souvent des intérêts communs qui constituent la matrice de leur relation bilatérale. N’est-ce pas pourquoi l’Algérie et la France, en dépit de nombreuses questions qui les opposent, font présentement preuve de real politik pour défendre leurs intérêts communs au Sahel, en général et au Mali, en particulier ?

Gaoussou Madani Traoré

Le Pélican

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