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Valorisation des détenteurs de nos connaissances culturelles : Colonel Assimi Goïta a consacré son premier décret de l’année 2023 à la proclamation de six (06) Trésors Humains vivants.

‘’ Quand on a tout perdu, c’est la culture qui permet de se relever et de continuer à se battre ‘’. Cette vérité générale est sans doute actuellement la boussole du peuple malien, tourneboulé sans arrêt par une crise multiforme depuis plus d’une dizaine d’années. Le Malien, jadis connu comme celui qui incarne des valeurs culturelles hors pair, était devenu, depuis des décennies, méconnaissable. L’espoir n’est pas pour autant perdu. Dans le processus de refondation du Mali, le Mali kura voulu par les autorités de la transition, la culture est appelée à jouer un rôle majeur. Ainsi, d’importants actes sont en train d’être posés pour redonner à notre pays ses valeurs d’antan et magnifier les personnes qui ont joué ce rôle majeur dans la promotion de nos valeurs culturelles et sociétales. C’est dans ce cadre que le Président de la transition, Chef de l’Etat, a pris un décret pour désigner, au titre de l’année 2022,  six (06) personnalités comme Trésors Humains Vivants.  La cérémonie grandiose de proclamation, présidée par le Premier ministre, a eu lieu, le 05 janvier 2023, au Mémorial Modibo Keïta de Bamako.

Le Décret n°2023-0001/PT-RM du 04 janvier 2023, premier de l’année 2023 signé par le Président de la Transition, Chef de l’Etat, est celui portant proclamation des « Trésors humains vivants ». Six personnalités maliennes ont été ainsi consacrées par ledit décret. Il s’agit de : Mouhamedou Ould Cheikh Hamahoullah HAÏDARA dit Bouyé de Nioro du Sahel, autorité morale, médiateur social; Lassana Sidy MOULEÏKAFOU, tradihérapeute à Bamako ; Anna KODIO, tradithérapeute de laCommune rurale de Barapiréli, cercle de Koro ; Mamadou Babou NIANG, tradithérapeute et magicien à Bamako ; Cheick Malifalifou Yiriba DIARRA, tradithérapeute, historien-traditionniste du Manden, cercle de Kati ; Mme DIAKITE Hadja Youma Aïssata KEBE, médiatrice socioculturelle (Bamako). La cérémonie de proclamation, organisée par le ministère en charge de la culture, a enregistré la présence de plusieurs autres membres du Gouvernement, de représentants du Conseil national de Transition (CNT), du bureau de l’UNESCO à Bamako et des personnalités étrangères comme le  grand imam de Conakry et celui du Burkina Faso. Dans son adresse,  Dr Choguel Kokalla Maïga a rappelé l’importance que le président de la Transition accorde personnellement à la culture et de déclarer que le gouvernement travaille à une plus grande présence culturelle du Mali déjà connu au plan international grâce à ses artistes, ses chanteurs, ses cantatrices, ses artisans. Pour preuve, a-t-il révélé, le président de la Transition, attaché au changement des mentalités, a décidé de consacrer le mercredi “Jour des Maliens”, journée pendant laquelle tous les membres du Gouvernement participant au conseil des ministres s’habilleront en tenues traditionnelles et, vu le contexte de la crise sécuritaire, tous les militaires s’habilleront en tenue de combat. Avant de proclamer les six récipiendaires, représentants du patrimoine culturel immatériel national et œuvrant dans la médiation sociale et culturelle et la médecine traditionnelle, de «références nationales qui sont désormais entrées dans l’histoire», le  chef du Gouvernement a souligné que «Nous ne pouvons faire le Mali Koura qu’en nous appuyant sur notre culture par la valorisation de nos connaissances ancestrales». Il a mis l’accent sur le fait que la présence d’une dizaine de membres du Gouvernement à la cérémonie de proclamation à ses côtés et en solidarité avec le ministre Andogoly Guindo, malgré des agendas très chargés, est la marque de l’importance que le Gouvernement de la République du Mali accorde à la culture et à ses secteurs connexes. Estimant au passage que le Mali est une « puissance culturelle mondiale » et la détermination des plus hautes autorités du Mali à conférer un plus grand rôle aux hommes et femmes de culture et aux détenteurs de savoirs endogènes de divers secteurs d’activités (médecine traditionnelle, artisanat textile, savoir-faire et création artistique et culturel…). Quant au ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo, il a adressé ses remerciements au Président de la Transition pour ses multiples actions de protection et de promotion du patrimoine culturel de notre pays.  Pour lui, cet événement traduit en effet la vision du Chef de l’Etat de faire de la culture le socle du développement harmonieux et durable  du Mali.  Il a rappelé le rôle prépondérant que jouent les Trésors Humains Vivants dans la résolution des conflits, la promotion de la culture de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble, la prise en charge des souffrances des patients, etc.

Des critères objectifs pour être Trésor Humain Vivant

Parmi les principaux critères de sélection des Trésors HumainsVivants, on peut retenir la valeur de témoignage du génie créateur humain, l’enracinement dans les traditions culturelles et sociales, le caractère représentatif pour une communauté ou un groupe donné, le risque de le voir disparaître, l’excellence dans l’application des connaissances et savoir‐faire montrés, l’engagement de l’individu ou du groupe, l’aptitude à continuer à développer ses connaissances et ses savoir-faire et l’aptitude à les transmettre à ceux qui sont formés. Ainsi, les six (06)personnalités, issues de trois domaines spécifiques (médiation sociale et culturelle, magie et médecine traditionnelle), viennent s’ajouter aux Trésors Humains Vivants proclamés en 2008 et en 2019. En mai 2008, les récipiendaires étaient les maîtres d’art dans les domaines de l’architecture de terre (les familles Hamane Hou et Koba Hou de Tombouctou et le Barey ton de Djenné), de la musicienne spécialiste du Nkusunbala, Mariam Bagayoko du Bélédougou, des traumatologues traditionnels Oumou Koné et Békaye Niaré, du Maître du N’Ko, philosophe et conservateur Mahamoud dit Karamoko Bamba, et du spécialiste de métallurgie traditionnelle et Maître-forgeron, Kondji Konaté. La deuxième proclamation des Trésors Humains Vivants au Mali a été faite le 18 avril 2019, et a concerné les personnalités Aminata Koumaré, potière, présidente de la Coopérative «Kotognontala » des femmes de Kalabougou (commune rurale de Farako, cercle de Ségou), Asmane Traoré à Djenné, brodeur traditionnel à la main, Bocar Alpha Cissé à Tombouctou, brodeur traditionnel à la main, Adama dit Gossi Niakaté à Bamako, Maître-chasseur, et Cheickh Sidaty Kanté dit Alzadar à Bamako, maître-géomancien, guérisseur.

A noter que la cérémonie de proclamation des Trésors Humains Vivants du Mali, année 2022, a pris fin par la remise par le Premier ministre à chacune des personnalités d’une médaille, une attestation de proclamation et une enveloppe symbolique.

​​Luc Sidibé

Le National

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