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Grande incertitude autour de la transition au Mali : Les signaux du non-respect du délai sont désormais visibles

Meguetan Infos

Après avoir pris l’engagement de rendre le pouvoir aux civils au terme des 24 mois, les autorités de la transition sont dans l’expectative. Elles ont non seulement perdu la boussole, mais aussi et surtout semblent être bloquées au regard de l’immensité, de l’énormité et de la délicatesse  des tâches qui sont celles de l’amélioration des conditions sécuritaires pour un  retour à l’ordre constitutionnel et surtout de poser les jalons d’une gouvernance vertueuse. Elles ne savent plus à quel saint se vouer.  Sinon comment comprendre qu’à  15 petits mois de la fin officielle de la transition l’on est encore à se demander si le chronogramme sera respecté, tant les lignes n’ont pas bougé. L’Autorité Indépendante de Gestion des élections, AIGE, dont la mise en place a suscité beaucoup de réactions négatives, alors qu’elle  est l’organe indispensable pour l’organisation des scrutins, n’a jusque-là pas vu mettre en place ses démembrements.

Au regard du grand retard constaté dans la mise en œuvre du chronogramme on peut affirmer sans risque de se tromper que l’on s’achemine vers une nouvelle prolongation de la transition au Mali. La question que tout bon citoyen malien doit se poser est celle de savoir à quoi une nouvelle prolongation pourrait-elle déboucher ? En d’autres termes les autorités maliennes sont-elles en train de mesurer les conséquences d’un tel scénario pour le Mali ? Sous asphyxie financière depuis des mois, pris à la gorge par les forces du mal, embourbé dans une crise sociopolitique sans précédent, le Mali cherche toujours sa voie, celle d’une sortie de crise. Pour l’instant  c’est l’incertitude totale, car tous les indicateurs sont au rouge et c’est la confusion au sommet de l’Etat. Les autorités ne savent plus à quel saint se vouer face à la montée  du thermomètre sociopolitique ce dernier temps, faisant planer, à coup sûr,  le risque d’un soulèvement populaire. Que dire de l’insécurité qui se généralise au point que tout le pays est embrasé. Pour rappel, l’insécurité était dans un premier temps résiduelle, ensuite elle a concerné les régions du  centre et du nord dans leur grande majorité, maintenant elle s’est étendue sur l’ensemble du territoire. La question est de savoir comment pourrait-on faire face à ces multiples crises pour le laps de temps qui reste et organiser des élections à la date échue,  qui ne seront pas contestées ? Toute la question est à ce niveau aujourd’hui d’où la grande incertitude.

En effet, le chronogramme initialement établi  fait mention de la tenue d’au moins six élections au Mali d’ici 2024.Le premier scrutin serait probablement  référendaire pour adopter une nouvelle Constitution. Cette entrée en la matière ne fait non seulement pas l’unanimité, mais elle suscite beaucoup d’inquiétudes au sein de la classe politique et de la société civile. Elle donne même lieu à des débats houleux rappelant fort opportunément le mouvement de contestation AN TE A BANA. Après le referendum les élections qui doivent suivre sont celles des communales, des locales, (niveau cercle), des régionales et des législatives. La transition devra s’achever avec l’organisation  de l’élection du Président de la République dont l’investiture aura lieu le 26 Mars  2024. A moins de 15 mois du Dead line, le processus électoral n’a guère avancé pour ne pas dire qu’il est véritablement grippé. L’AIGE qui est la structure faîtière dans l’organisation des différents scrutins n’a pas connu une avancée significative, car ses démembrements n’ont toujours pas été mis en place, alors que le premier scrutin est prévu pour mars 2023. La question qui taraude aujourd’hui les esprits est celle de savoir si les autorités ont la  capacité, voire la volonté d’organiser les élections à la date prévue afin  de mener le bateau de la transition à bon port. Les défis sont certes  nombreux et difficiles, mais il suffit d’avoir la volonté et l’expertise pour y parvenir. A défaut d’atteindre tous les objectifs que les autorités de la transition se sont fixés, elles peuvent améliorer les conditions sécuritaires, apaiser le climat social,  lutter contre la corruption et la délinquance financière, opérer certaines réformes majeures et  organiser  des élections crédibles et transparentes. Mais le temps étant désormais le premier ennemi, car insuffisant,  il est fort à craindre que le Mali ne renoue pas avec les mouvements de contestation. Que Dieu nous en préserve.

Youssouf Sissoko

L’Alternance

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