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A l’appel du Haut Conseil Islamique (HCI), des milliers de musulmans se sont donnés rendez-vous le 04 novembre 2022, au Boulevard de l’Indépendance, pour protester contre les actes blasphématoires d’un individu contre l’islam. Des manifestations similaires ont eu lieu dans d’autres villes à l’intérieur du pays. De véritables marrées humaines !!!

Au sortir d’une réunion d’urgence tenue le lundi 31 octobre 2022, la grande organisation musulmane a appelé à la mobilisation générale, transgressant ainsi la mesure d’interdiction des manifestations édictées par les autorités de transition.

Il y a eu une avalanche de réactions officielles. Le ministre en charge des affaires religieuses a fait deux sorties (un communiqué et une vidéo). Le Procureur général par intérim près la Cour d’appel de Bamako a diffusé un communiqué annonçant l’ouverture d’enquêtes. Après avoir posté un message sur le réseau social Facebook, le Parquet du Tribunal de grande instance de la Commune IV a placé sous mandat de dépôt l’écrivain Doumbi Fakoly et d’autres personnes.

Le Président de la Transition a condamné avec la dernière rigueur, selon le communiqué du conseil des ministres du 2 novembre, les propos blasphématoires récemment proférés par un individu, via les réseaux sociaux, contre l’islam, religion de paix et de tolérance. Le Colonel Assimi Goïta a exprimé sa solidarité et celle du Gouvernement envers la communauté musulmane avant d’appeler au calme et à la retenue. Toujours selon le texte officiel, il « a instruit le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux et celui de la Sécurité et de la Protection civile, de tout mettre en œuvre pour appréhender l’auteur de ces propos blasphématoires contre l’Islam, ainsi que ses complices, afin qu’ils répondent de leurs actes. » Le chef de l’Etat appelle ses compatriotes à faire preuve de vigilance afin de déjouer les pièges des promoteurs des opérations subversives visant à déstabiliser la transition.  « Il est regrettable et certainement pas fortuit, que cet incident se déroule au moment où les autorités de la Transition ne ménagent aucun effort pour réconcilier les Maliens. Le Président de la Transition lance un appel aux Maliens à rester vigilants face aux actions subversives de nature à déstabiliser la Transition et à ne pas tomber dans les pièges perfides tendus par les ennemis du Mali ».

Ces sorties des officiels visaient essentiellement à rassurer les uns et les autres. Le contexte est assez délicat pour les autorités de transition. Et surtout que les relations n’ont pas été aussi faciles, ces derniers temps, entre le gouvernement de la transition et les associations musulmanes. Des Assises nationales pour la refondation (ANR) au choix des membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) en passant par l’affaire des soldats ivoiriens, la liste des membres du Conseil national de la transition (CNT), les leaders musulmans n’ont pas toujours eu l’attention qu’ils espéraient auprès du pouvoir de transition. Le Président du Haut Conseil Islamique, Ousmane Chérif Madani Haïdara, non moins guide spirituel des Ançardines, a évoqué un manque de considération à l’égard des leaders musulmans dans l’une des vidéos diffusées la semaine dernière.

Attendus pour couper le cordon d’influence d’une frange des leaders religieux sur la gestion des affaires publiques, les Colonels ont plutôt perpétué les pratiques des régimes précédents. Ils défilent chez certains avec des délégations officielles. Au même moment, ils ignorent d’autres.

La sortie du vendredi dernier va donc au-delà des actes blasphématoires. Cette démonstration de force est non seulement un message mais aussi un avertissement envoyé au Colonel Assimi Goïta et à son gouvernement par les associations musulmanes comme pour dire : « Nous sommes-là. Nous comptons. Vous ne pouvez pas gouverner sans composer avec nous ! »

Par Chiaka Doumbia

Source: Le Challenger

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