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A cœur ouvert avec le Directeur Général de la Canam Médecin Général de Brigade Boubacar Dembélé : «Le RAMU garantira, à terme, la protection sociale pour tous les citoyens»

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Médecin Général de Brigade Boubacar Dembélé est le Directeur général de la Caisse nationale d’assurance Maladie (CANAM).  Pragmatique et réputé rigoureux dans le travail, le Médecin Général de Brigade Boubacar Dembélé a réussi dès son arrivée à insuffler une nouvelle dynamique à la CANAM. Dans cet entretien, il évoque largement les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Assurance maladie obligatoire avant d’expliquer le RAMU. 

L’assurance maladie est une réelle avancée en matière de protection sociale au Mal. Quelles sont les réformes majeures que vous y avez effectuées ?

Médecin Général de Brigade Boubacar Dembélé : Dès notre arrivée, nous nous sommes attelés à la mise en place d’un certain nombre de stratégies afin de conforter au mieux les assurés. La fermeture des droits des assurés était une préoccupation essentielle pour de nombreux assurés qui avaient de la peine à accéder aux soins. Nos services ont alors procédé à une ouverture massive des droits des assurés ainsi que leurs ayants-droits, notamment les fonctionnaires civils, les fonctionnaires des collectivités, les forces armées et de sécurité, les contractuels de l’Etat, les pensionnés des secteurs publics et privés. La CANAM a déployé à l’époque environ 150 bornes de mise à jour des cartes biométriques à Bamako, dans les régions et les cercles du pays. De mesures fortes ont été prises pour la distribution des cartes.

Il y avait également des difficultés liées à la prise d’empreinte, notamment pour les personnes âgées et les enfants de 0 à 10 ans. Pour conforter davantage ces deux catégories d’assurés, nous avons mis à leur disposition des cartes sans empreintes.

La nouvelle carte biométrique est entrée en service. Pourquoi avez-vous opté pour ce choix ?

Médecin Général de Brigade Boubacar Dembélé : La lutte contre la fraude est impérative pour nous. Il y va de la survie de la CANAM. Si nous n’y mettons pas un frein, l’Organisme va mettre la clé sous le paillasson dans un avenir très proche. Tous les rapports d’audits, y compris ceux de la CIPRES (Conférence Interafricaine de Prévoyance Sociale) l’ont relevé.

Avant, nos assurés utilisaient les cartes récépissés sans photos. Cela a conduit à des abus. La carte d’une seule personne pouvait servir à la prise en charge d’un nombre indéterminé de membres de sa famille. Nos feuilles de soins étaient devenues un fonds de commerce pour certains. Nous ne pouvions pas continuer avec ce système.

Il nous fallait des cartes biométriques pour juguler toute cette fraude massive.

Nous constatons une nouvelle liste de médicaments. Quelles en sont les raisons ?

Médecin Général de Brigade Boubacar Dembélé : Effectivement, la CANAM a procédé à la révision de la liste des médicaments pratiquée depuis 2014 dans les pharmacies d’officines privées.

Ce processus a abouti à l’élaboration et à l’approbation de la liste par l’Arrêté N°2018-0230/MSAH/MSPH-SG du 9 février 2018 fixant la liste des médicaments et des dispositifs médicaux admis à la prise en charge du Régime de l’AMO.

Après deux années de mise en œuvre et à la suite de la mise sur le marché de nouveaux produits génériques de marques efficaces, innovants et peu coûteux, une révision de la liste des médicaments s’avérait nécessaire. Une étude actuarielle réalisée en décembre 2014 par la CANAM a recommandé «d’éliminer plusieurs produits pharmaceutiques et non pharmaceutiques afin d’alléger la liste exorbitante des produits pharmaceutiques AMO».

C’est dans ce cadre que la Direction Générale de la CANAM a mis en place une Commission Technique chargée de la mise à jour de ladite liste. Dans le souci de rendre plus inclusive la liste, la CANAM a organisé un atelier de validation de la liste des médicaments avec la participation de tous les acteurs impliqués, à savoir les sociétés savantes, les ordres professionnels et les syndicats de la santé, les autorités de régulation pharmaceutique et les organismes gestionnaires délégués.

Les travaux de groupes ont porté sur 3966 items de la nomenclature des médicaments et dispositifs médicaux à usage humain autorisés au Mali à jour par les quatre groupes. Les exclusions ont porté sur 441 items, soit 11,12% selon les critères d’exclusion des médicaments de la prise en charge par le Régime d’Assurance Maladie Obligatoire définis par la Commission. Cependant, 2844 nouveaux items ont été intégrés à la liste, soit 71,7% des items.

Au total 3858 items de médicaments et de dispositifs médicaux ont été retenus dont : 571 items pour les médicaments de spécialités, 2540 Items pour les médicaments génériques de marque, 461 Items pour les médicaments génériques Dénomination Commune Internationale, 286 consommables et dispositifs médicaux.  Au total 441 médicaments retirés et 2879 médicaments ont été rajoutés.

Le Régime d’Assurance Maladie Universelle (RAMU) est en vue. A quand son opérationnalisation effective ?

Médecin Général de Brigade Boubacar Dembélé :  Le RAMU, faut-il le rappeler, est une volonté des plus hautes autorités de notre pays qui, en son temps, ont instruit d’engager, en 2015, un processus permettant de mettre en place, à partir de 2018, un système de protection sociale contre le risque maladie au profit de l’ensemble de la population malienne. C’est un dispositif de tiers payant mis en place par l’Etat, qui regroupe tous les mécanismes de prise en charge sociale de la maladie au Mali (AMO, RAMED, Mutualité, gratuités), qui existaient sans lien fonctionnel, dans le but d’optimiser le système de l’assurance maladie sociale par la mise en commun des ressources et des moyens, pour couvrir tous les risques liés à la maladie.

La mise en place du RAMU au Mali se justifie par la volonté des plus hautes autorités d’améliorer l’accessibilité géographique et financière de la population dans sa globalité aux services de santé de qualité. L’Etat, à travers ce régime, entend améliorer le taux d’utilisation des services de santé par les populations, mais aussi mettre en place un système pérenne de financement du système de santé.

L’institution du RAMU vise à défragmenter les dispositifs de couverture du risque maladie existants (AMO, RAMED, Mutualité et gratuités), pour une offre de services de santé de qualité et attractifs aux assurés. Plusieurs textes ont déjà été adoptés, d’autres sont en cours de finalisation.

Le RAMU garantira, à terme, la protection sociale pour tous les citoyens, en introduisant la couverture maladie dans les branches de la sécurité sociale qui existaient et en l’élargissant à toute la population. Il va fortement améliorer le taux d’utilisation des services de santé au Mali qui était de moins d’un contact par personne et par an au Mali vers les années 2000.

Expliquez-nous le processus de certification iso 9001 version 2015.

Médecin Général de Brigade Boubacar Dembélé : La CANAM, effectivement, s’est engagée, dans une démarche volontariste vers la certification ISO 9001 version 2015. C’est un processus qui a commencé depuis l’année 2020, à travers des séries de formations, la rédaction des nouvelles procédures de gestion.

Le projet de mise en œuvre du système de management qualité est d’une importance capitale pour notre structure dans la foulée de la bascule vers le RAMU.

Cette certification ISO nous permettra d’être plus compétitifs. La norme permet d’améliorer la compétitivité de l’entreprise.

Elle implique au mieux les collaborateurs dans le fonctionnement de l’entreprise.

La CANAM a commencé à appliquer les nouvelles procédures depuis le 16 juin 2022 et les audits à blanc vont bientôt commencer par les Experts du Cabinet d’Afrique Compétences qui nous assistent, avant de recevoir les auditeurs de la certification, prévue en décembre 2022.

Si vous aviez un message à transmettre aux assurés pour la bonne marche du régime, que leur diriez-vous ?

Médecin Général de Brigade Boubacar Dembélé : Je leur dirais que l’AMO est un bien commun sur lequel il faut veiller. Son ancrage n’a pas été facile.  Aujourd’hui, personne ne doute de son utilité. Les acquis dont elle se prévaut doivent être préservés. De l’AMO, nous nous acheminons vers le RAMU.

Je l’ai rappelé tantôt, les textes d’application de ce nouveau dispositif sont en voie d’être adoptés. La Loi n°2018 – 074 du 31 décembre 2018 portant institution du régime d’assurance maladie universelle l’a été. Que tout le monde s’implique pour un bon démarrage du RAMU, gage de sa réussite.

En perspective, nous avons en vue, entre autres, la construction du siège de la CANAM, la déconcentration des services de la CANAM dans toutes les régions où  la CANAM n’est pas encore présente.

Propos recueillis par la rédaction

Le Challenger

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