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Edito : Mali, en avant !

Meguetan Infos

Lorsque le jeudi, 1er septembre 2022, Emmanuel Macron  invite ses diplomates à quitter la réserve pour monter sur les réseaux sociaux afin de contrer les narratifs russe, chinois, turc, etc, c’était en fait un Président de la République française en situation de détresse qui appelait son ban et arrière-ban à son secours. Le sémillant locataire de l’Élysée a fini par se convaincre que tout est perdu, à moins de réussir à reprendre au plus vite la main sur son désormais pré carré. Il avait sillonné en vrille l’Afrique, de la Guinée-Bissau au Cameroun, à un moment où Serguéi Lavrov marchait sur les platebandes traditionnelles de la France, jusqu’au Congo-Brazzaville que l’on croyait être plutôt chasse-gardée imprenable de l’Hexagone. Quand il revient à Paris pour refaire le plein d’oxygène, le voilà reparti de l’autre côté de la Méditerranée, en Algérie, où on lui dessille les yeux quant à son espoir improbable de procéder à une reconquête tambour battant. Le Président Tebboune, qui n’a pas d’expériences à se faire vendre, lui tient poliment la dragée haute. L’avion présidentiel à bord duquel Macron arrive est escorté dès son entrée dans le ciel algérien par des aéronefs russes, message pour lui signifier que non seulement le bon partenaire est ailleurs, loin des rivages de la Méditerranée, mais en plus que l’inviolabilité du ciel algérien est une réalité à ne pas ignorer dans les calculs géostratégiques. À Oran, ville importante, Macron sera hué et conspué. Last but not the least, le pupitre sur lequel les deux présidents s’exprimeront portaient l’arabe et l’anglais, mais pas le français. Résultat de tout cela : venant toujours comme le Grand Seigneur Tout Haut, Emmanuel Macron ne recevra que des baves polies sur sa joue droite, puis sur sa joue gauche. Quant aux chevaliers de l’industrie qui l’accompagnaient, patrons formidables du MEDEF, ils n’auront pas à signer un contrat qui leur rapportera un copeck russe.

Mais la déroute de Macron est plus manifeste au Mali et au Sahel. Barkhane a plié bagages et fait place nette le 15 août, laissant orpheline la Minusma en se déportant vers le Niger. Neuf ans de présence, avec une lourde quincaillerie militaire jamais vue au Mali et au Sahel, n’auront servi qu’à rendre éclatante la débâcle des Armées françaises. Lorsque Barkhane quittait le Mali,  elle comptait au moins, selon plusieurs estimations, 4500 hommes, 07 avions de chasse, 22 hélicoptères de combat, 10 avions de transport de troupes, 260 blindés lourds, 210 blindés légers et 360 véhicules de terrain. À ceux-là, il faut ajouter trois (03) drônes qui surveillaient la bande Sahélo-Saharienne où les terroristes étaient légion. Ces estimations, il faut le noter, datent de mai 2019, ce qui indique que trois ans après, en 2022, il faut, même en minorant, compter l’arsenal français au triple. Cette lourde quincaillerie, a pu  s’ébraler vers le Niger où elle doit se “réarticuler” sans anicroche du tout, preuve que les djihadistes et autres terroristes n’avaient pas comme cibles les troupes d’occupattion françaises, qui apparaissent bien comme leurs alliées.

L’appel macronien du 1er septembre a montré une autre faiblesse que le n° 1 et ses généraux et autres tacticiens ont parfaitement analysée. Les partis politiques maliens sur lesquels ils ont misé pour déstabiliser la transition malienne ne valent pas un clou, ils n’ont pas l’onction du peuple qui se mobilise plutôt plus facilement et promptement pour répondre à l’appel du Président Assimi Goïta ou pour soutenir les FAMa. Ce fut leur grande désillusion.

En attendant la montée sur les réseaux sociaux des armées de diplomates français, mon jeune frère et confrère Kassim Traoré a dispensé un cours magistral que Macron se doit d’apprendre et d’assimiler. Au Tchad, et bien avant au Sénégal, au Burkina Faso, au Gabon, les citoyens ont manifesté contre la France en s’attaquant violemment aux intérêts français. Ce ne fut jamais le cas depuis plus de deux ans.Tous les meetings et grandes marches des Maliens pour la reconquête de la souveraineté de leur pays ont eu lieu sur la place de l’indépendance, tout près de l’Institut français. Et jamais pas un cailloux, pas même un plastique , n’a été jeté à l’intérieur de l’Institut français à l’occasion des manifestations citoyennes maliennes. Qu’on aille embêter les oreilles des Français de sentiments anti-français au Mali !

La vérité inoxydable est désormais que les patriotes maliens sont fondés à crier : “Mali, en avant !”

Amadou N’Fa Diallo

Le National

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