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Sadio Camara à la conférence pour la sécurité internationale : « Aucune puissance ne peut prétendre à une exclusivité de la coopération malienne »

Meguetan Infos

Présent à la dixième Conférence pour la sécurité internationale à Moscou, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, colonel Sadio Camara, a tenu à mettre les points sur les i vis-à-vis de certains partenaires qui veulent imposer leur diktat au Mali dans la conduite de ses partenariats bilatéraux. Dans un discours d’une trentaine de minutes, devant plus de 700 participants, le chef de la délégation malienne a dénoncé l’attitude néocoloniale de la France avant de réaffirmer la détermination des autorités maliennes de nouer des partenariats gagnant-gagnant avec tout ceux qui ont la capacité de coopérer avec elles dans le strict respect de la souveraineté du Mali et la préservation des intérêts mutuels.

Le ministre de Défense et des Anciens combattants, le Colonel Sadio Camara était l’un des 700 invités à cette Conférence qui s’inscrit dans le cadre du Forum militaro-technique international « Armée-2022 » et à laquelle participent également des pays tels que l’Iran, le Vietnam et la Chine qui enverront bientôt des troupes en Russie pour y effectuer des exercices militaires conjoints.

Lors de son discours, Sadio Camara a mis en garde contre les agissements de l’ancienne puissance coloniale, la France qui menace et met en péril la paix et la stabilité du Sahel dans la lutte contre le terrorisme.

Ce qui explique d’ailleurs selon Sadio Camara la volonté des autorités maliennes à diversifier les partenaires face à l’incapacité de la France et sa volonté d’imposer au Mali un partenariat axé sur sa seule vision de la lutte contre le terrorisme depuis 9 ans.   « L’intervention militaire internationale déclenchée en réaction à cette invasion, s’est soldée par un échec. L’opération française Serval de 2013 a certes réussi en quelques semaines à briser la dynamique terroriste. Cependant la multiplication des missions qui lui ont succédé, avec la force française Barkhane, la Minusma, la Force Conjointe du G5 Sahel, les missions européennes Eutm, Eucap Sahel et la Task Force Takuba, censées soutenir le Mali, ont créé un embouteillage sécuritaire dont l’une des conséquences a été de maintenir une sorte de statu quo », a-t-il regretté.

Ainsi, aux dires de Sadio Camara, cette incapacité des partenaires militaires du Mali dans cette lutte s’est traduite par l’occupation progressive des groupes terroristes à travers le pays. « Initialement cantonnée au nord du pays, l’insécurité s’est propagée au Centre puis au Sud du pays avant de déborder les frontières, menaçant d’embraser toute la sous-région jusqu’à la façade atlantique. Pendant ce temps, les partenaires du Mali ignorent largement la volonté des autorités maliennes et utilisent le droit international ainsi que les restrictions financières et commerciales pour brider la capacité de l’État à faire face aux menaces », a-t-il martelé.

Face à ce diagnostic inquiétant, devant le risque de voir la nation malienne se désintégrer, les autorités de la Transition issue de l’insurrection populaire de 2020, ont décidé de réorienter leur stratégie en diversifiant leurs partenariats pour briser la dépendance sécuritaire dans laquelle le Mali était entretenue par la France.

« Déterminé et décomplexé, le Mali estime qu’aucune puissance ne peut prétendre à une quelconque exclusivité de la coopération malienne. Le Mali veut nouer des partenariats gagnant-gagnant avec tous ceux qui ont la capacité et surtout la volonté de coopérer avec lui dans le respect de sa souveraineté et la préservation des intérêts mutuels. Dans cet esprit, notre pays a souhaité redynamiser les liens historiques et solides tissés avec l’Union soviétique, qui a accompagné la République du Mali depuis les premières heures de son indépendance au plus fort de la guerre froide », dit-il.

Cette 10 ème Conférence sur la sécurité internationale de Moscou (Mcis-2022) s’est ouverte le 16 août au Centre pour l’Education militaire et patriotique “Avangard” de la jeunesse dans le parc “Patriot”. Plus de 700 délégués de plus de 70 pays de toutes les régions du monde ont participé à ce forum. Les ministres de la Défense de 35 pays ont participé, en personne ou par vidéoconférence, ainsi que huit chefs d’état-major et vice-ministres de la Défense. En outre, des représentants de six organisations internationales étaient également présents à Moscou.

Avant l’ouverture de ce forum mondial sur la sécurité internationale, le vice-ministre russe de la Défense, le colonel général Alexander a rencontré les attachés militaires étrangers pour expliquer le contexte dans lequel cette dixième édition se tient et les agissements de l’occident vis-à-vis de la Russie et ses partenaires.  « La Xe Conférence de Moscou est organisée dans le contexte d’un environnement international difficile, avec des sanctions manifestes et une pression informationnelle sur la Fédération de Russie et nos pays amis. Ces actions visent à saper les liens de la Russie avec ses partenaires traditionnels et constituent une nouvelle tentative d’isoler ou de diviser nos pays. À cet égard, nous sommes immensément reconnaissants à tous les participants à la Conférence pour leur attitude résolue. Dans ces circonstances, une Conférence, avec sa capacité de dialogue ouvert et constructif, prend une signification particulière. L’un de ces objectifs est d’échanger des avis d’experts et des évaluations sur des questions de sécurité d’actualité. En outre, la Conférence permettra d’apporter des informations véridiques sur les actions de la Russie sur la scène internationale à un public plus large, ainsi que sur les véritables causes de la situation géopolitique actuelle dans le monde », a laissé entendre le ministre Sadio Camara.

L’enjeu géopolitique, économique et sécuritaire du monde impose aux pays africains de réarticuler leurs coopérations avec les grandes puissances. Dans cette vision, la Russie joue de plus en plus un rôle clé dans la stabilité militaire, économique et politique de l’Afrique et ce, pour deux raisons. La première est que la Russie n’a jamais été un pays colonisateur de l’Afrique. La seconde découle de sa contribution au développement des pays africains, notamment via des prêts, sans profiter de cette situation pour les asservir.

Outre, la Russie, avec son potentiel d’investissement dans le développement des pays africains, peut devenir un important partenaire pour réduire la pauvreté et la dépendance vis-à-vis de l’extérieur.

Nouhoum DICKO

L’Alerte

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