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Mali: les 7 décisions prises par les syndicats de magistrats

Ce 10 octobre 2018, à la Cour d’appel de Bamako, s’est tenue une Assemblée générale extraordinaire conjointe du Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et du Syndicat libre de la magistrature (Sylima). Ordre du jour : la réponse à apporter au décret du 9 octobre 2018 du gouvernement tendant à réquisitionner les magistrats grévistes.

L’assemblée a adopté une résolution en 7 points :

1- L’assemblée générale extraordinaire invite les magistrats requis à refuser de se soumettre au décret illégal du gouvernement;

2- Elle engage les syndicats de magistrats à saisir l’Organisation internationale du travail (OIT) face aux atteintes graves par le gouvernement, à l’exercice de la liberté syndicale et au droit de grève ;

3- Elle engage les deux syndicats à saisir les instances juridictionnelles nationales et internationales pour :

  • Récuser le président de la Cour suprême du Mali dans la conduite des procédures à venir qui opposeront les syndicats de magistrats au Gouvernement;
    b- Surseoir à l’exécution du décret illégal tendant à réquisitionner les magistrats;
    c-Poursuivre l’annulation dudit décret ;

4- Elle exige la démission de Messieurs Soumeylou Boubèye Maïga, Tiénan Coulibaly et Madame Diarra Racky Talla de leurs fonctions respectivement de Premier ministre, de ministre de la Justice et de ministre de la Fonction publique et de porter plainte contre eux pour haute trahison et pour complot contre la sûreté de l’Etat conformément aux dispositions de l’article 95 de la Constitution du Mali du 25 février 1992;

5- Elle exige la démission de Monsieur Nouhoum Tapily de ses fonctions de président de la Cour suprême et engage les syndicats à porter plainte contre lui pour forfaiture et violation de son serment;

6- Elle constate le silence de monsieur le Président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature et garant constitutionnel de l’indépendance de la magistrature, face aux graves atteintes par les membres du gouvernement susnommés à l’indépendance du pouvoir judiciaire ;

7- Elle décide enfin du maintien du mot d’ordre de grève illimitée jusqu’à l’aboutissement des revendications légitimes de la corporation.

 

 

Piqué sur le mur de Seydou Oumar Traoré : Grèves des magistrats, ce qu’il faut savoir !

Les magistrats du Mali ont entamé depuis bientôt trois mois une grève dite illimitée à la demande des deux syndicats de magistrats que sont le Sam et le Sylima.
Deux revendications majeures sont sur la table du gouvernement :

  1. La revalorisation de la fonction de magistrats à travers l’octroi d’une nouvelle grille de salaire conforme à celles de leurs collègues de la sous-région.
  2. La sécurisation des magistrats (290) par le renforcement de l’effectif d’agents de sécurité au niveau des tribunaux et l’octroi de garde rapprochée aux magistrats, etc…

Quoi de plus normal de prime abord quand un syndicat demande à mettre ses membres dans les meilleures conditions que la précédente ! Mais il faut être raisonnable et patriote quand on revendique à l’État, cet nom abstrait qui par définition est l’ensemble du peuple du Mali, les dirigeants étant les représentants de l’État-peuple. Surtout quand il y’a seulement 12 mois ce même État-peuple vous a accordé sur le même chapitre des avantages colossaux.
Tenez vous bien !

Les magistrats sont les agents de l’État les mieux payés. Un magistrat débutant gagne aujourd’hui 832.800 F de salaire brut avec la nouvelle grille accordé en 2017 par l’État et déjà en application alors qu’un inspecteur des finances et du trésor ayant plus de 30 années de service gagne 391.500 FCFA de salaire. Certains magistrats frôlent les 2 millions, d’autres plus.

Suite aux revendications de 2017, l’Etat du Mali a consenti pour les magistrats :

  1. Une nouvelle grille qui les fait passer de l’indice 225 à 345 en 1998 pour atteindre l’indice 650 à 750. Cette grille a été revalorisée en 2017 pour atteindre 1 milliard 419 millions de francs CFA par an.
  2. Une prime de logement de 100.000 francs CFA par mois en 2017, soit 98 millions par an, plus la prime de 50.000 FCFA de 1999, qui est 174 millions.
  3. Une indemnité de judicature entre 75.000 à 100.000 francs par mois, selon le grade, soit une incidence financière de 304 millions.

En résumé, en 2017, il y a 12 mois, les magistrats ont reçu de l’Etat-peule malien 1 milliard 419 millions, rien que des primes et indemnités et 1 milliard 418 millions en grille salariale. Soit un total de 2 milliards 837 millions de francs CFA.

Cette manne ne semble pas suffire à nos magistrats qui demandent encore plus au peuple du Mali et pour quels résultats pour la qualité de la justice ?

Si avec près de 3 milliards d’avantages par an pour 290 magistrats, les mêmes magistrats n’ont pas pu rendre des jugements équitables, est-ce que c’est le salaire de la sous-région qui va faire changer l’image de notre justice et rendre le peuple-employeur fiers d’eux ?

Je pense que le problème de la justice malienne n’est pas financier, il est ailleurs.

Si l’Etat accorde ces avantages astronomiques aux magistrats, fut-il ceux de la sous-région, toutes les autres couches socio-professionnelle sont en droit d’exiger du même Etat un traitement conforme à ceux des pays de l’Afrique, pays qui n’ont pas les mêmes problèmes, les mêmes populations et les mêmes sources de revenus que le nôtre.

Seydou Oumar Traoré

SourceMalijet

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