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Fausse couche : l’impact sur les familles

Environ une grossesse sur cinq se termine par une fausse couche. Après en avoir subi plusieurs moi-même, je sais à quel point cette expérience peut être dévastatrice.

Dans le cadre de mes recherches pour le documentaire « Miscarriage : The Search for Answers », disponible sur iPlayer, moi-même et ma productrice Gabriella O’Donnell avons parlé à des femmes du monde entier de leur expérience de la perte d’une grossesse.

Le deuil est universel, mais les soins et le soutien que les femmes reçoivent pendant et après une fausse couche dépendent souvent de l’endroit où elles vivent, comme le montrent les récits de ces femmes.

Milcah Malawi

Milcah Mwamadi, 37 ans, de Lilongwe, Malawi

J’ai perdu mon premier bébé cinq mois après le début de ma grossesse. J’ai soudain senti un liquide couler entre mes cuisses et le long de mes jambes. Je suis allée à l’hôpital où on m’a dit que j’avais fait une fausse couche. Je n’avais aucune idée de ce qui arrivait à mon corps. Je ne savais pas que j’allais devoir donner naissance à un bébé mort.

J’ai été abandonnée à l’hôpital. C’était très traumatisant.

J’ai commencé à avoir des contractions, je ne savais pas quoi faire…

La douleur était insupportable – et puis j’ai senti quelque chose sortir de moi. C’était mon bébé. Je ne savais pas quoi faire. J’étais toute seule.

Mentalement, c’était extrêmement difficile. Dans ma communauté, on n’est pas censé parler de fausse couche. C’est tabou. La plupart du temps, on blâme la femme, comme si elle avait fait quelque chose pour perdre le bébé. Les gens ne tiennent pas compte de toutes les complications médicales potentielles de la grossesse. À l’époque, je me sentais si mal…

Je pense que nous devons tous parler plus ouvertement de la perte d’une grossesse, sinon on se sent seule et on ne peut pas guérir. Les gens peuvent se demander : « Pourquoi pleures-tu après seulement quelques mois de grossesse ? » Mais c’était une grossesse et c’était une perte.

J’ai perdu trois bébés, mais j’ai trois enfants maintenant. Il y a toujours de l’espoir après une perte.

Maki Kagami

Docteur Maki Kagami, 50 ans, de Tokyo, Japon

J’ai fait cinq fausses couches. Elles ont toutes été difficiles, mais la troisième perte a été particulièrement dure. J’ai commencé par avoir des saignements et je savais que quelque chose n’allait pas. Nous avions accepté une invitation à une fête, alors nous y sommes allés ce jour-là. Les gens de la fête parlaient de leurs adorables enfants et disaient que mon mari et moi devrions en avoir un. J’étais dévastée, mais je sentais que je devais continuer à sourire.

J’ai commencé à ressentir une douleur intense au niveau du ventre, mais je ne me sentais pas capable de partir plus tôt. Finalement, nous sommes montés dans la voiture pour rentrer à la maison.

Je saignais beaucoup à ce moment-là, j’avais l’impression que mes entrailles étaient déchirées. Quand je suis arrivée à la maison, je suis allée aux toilettes et j’ai vu qu’un fœtus était en train de sortir. J’ai repêché le tissu dans les toilettes, car je savais que les médecins voudraient faire des tests pour essayer de comprendre ce qui s’était passé. Je m’en souviens clairement, la douleur, la tristesse. Je m’en souviens encore… C’était la période la plus difficile de ma vie.

Je suis médecin, je sais que ce n’est pas ma faute d’avoir fait une fausse couche. J’avais quand même tellement honte.

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Il y a, au Japon, une idée selon laquelle les enfants choisissent leurs parents. Mon amie m’a dit que parce que je voulais un bébé parfait, un bébé ne voudrait pas me choisir comme maman. J’avais l’impression d’être blâmée pour cette perte. Ma famille m’a dit que je travaillais trop dur, et que c’était peut-être la raison pour laquelle c’était arrivé.

Mon conseil, c’est (…) que vous n’avez pas besoin de dire quoi que ce soit à une personne étant dans cette situation pour la soutenir. Soyez simplement là pour elle et écoutez-là.

Tida Samateh

Tida Samateh, 27 ans, du village de Keneba, Gambie

Un après-midi, je transportais du bois de chauffage lourd, et peu après, j’ai commencé à saigner. Je ne savais pas que porter des objets très lourds pouvait contribuer à une fausse couche. Les femmes doivent pouvoir se rendre dans des centres de santé au début de leur grossesse et bénéficier de soins et de conseils de qualité. De nombreux villages n’ont pas de centres de santé… Il faut que cela change.

Je suis allée à l’hôpital le plus proche et on m’a dit que tout allait probablement bien se passer, alors je suis rentrée chez moi pour me reposer. Cette nuit-là, je portais un seau d’eau pour prendre un bain et j’ai commencé à ressentir des douleurs – puis tout est sorti assez rapidement, sur le sol de la salle de bains.

On m’avait dit d’apporter le « tissu de grossesse » à l’hôpital. Pour ce faire, je l’ai enveloppé dans un tissu et je suis allée à l’hôpital.

On s’est bien occupé de moi là-bas. Mais je me suis sentie si triste et si seule, car mon mari vit à l’étranger.

Il y a une tradition, ici en Gambie, selon laquelle si vous êtes mariée pendant trois ou quatre ans et que vous ne donnez pas d’enfant à votre mari, vous l’avez épousé uniquement pour son argent. Parfois, on a l’impression qu’on ne peut rien demander à son mari, parce qu’on ne lui a pas donné d’enfant.

Maintenant, j’ai une magnifique petite fille de trois mois, Haaa.

Josephine

Josie Brannon, 33 ans, de Leicester, Royaume-Uni

Lorsque vous recevez ce saignement, vous savez que vos espoirs et vos rêves sont terminés. Vous ressentez tant de douleur et vous voyez tant de sang, et vous vous rendez compte qu’il n’y a tout simplement plus rien à sauver.

Nous avons eu cinq fausses couches depuis 2018. Elles ont toutes été des pertes précoces, dans les trois premiers mois de la grossesse. Nous les considérons toujours comme nos enfants…

On m’a diagnostiqué un trouble de stress post-traumatique après la troisième fausse couche. J’ai ensuite perdu deux autres grossesses.

Nous avons trouvé le courage d’essayer à nouveau et je suis maintenant enceinte pour la sixième fois. Lorsque nous l’avons su, j’étais absolument terrifiée.

J’ai tout de suite appelé le centre de recherche de l’association caritative de Tommy et j’ai dit : « Vous devez m’aider. » On (les gens du centre de recherche) m’a parlé d’un essai qu’on venait de terminer sur l’hormone progestérone, qui avait donné des résultats très positifs pour certaines femmes ayant vécu une perte similaire à la mienne, et j’ai donc été mise sous traitement immédiatement.

Cette fois, j’ai l’impression que nous faisons quelque chose de manière proactive, au lieu de simplement espérer que tout ira bien.

Je suis maintenant dans les derniers jours de ma grossesse. Je me suis sentie dépassée par toute cette expérience, mais j’ai eu une chance incroyable.

Josie et son mari David ont depuis accueilli leur petite fille, Lucy, saine et sauve, dans ce monde. Ils disent que la rencontrer a été « magique ».

Rukhsana Amir

Rukhsana Amir, de Karachi, Pakistan

J’avais entendu dire que cela pouvait arriver, mais je ne pouvais pas croire que cela m’arriverait à moi. Je suis allée chez le médecin, qui m’a dit que c’était une chose tout à fait naturelle, que la grossesse était simplement « évacuée » et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.

J’en ai eu trois autres après cela, toutes à environ huit semaines.

Je n’arrêtais pas de me demander ce que va en penser ma famille… Les gens m’appelaient et essayaient de me rassurer en me disant que tout irait bien. Ils disaient : « Tu es si jeune, tu auras d’autres enfants. » C’est ce que tout le monde m’a dit.

Mon mari et moi ne parlions pas de nos fausses couches, même s’il me soutenait très bien. Nous savions que le fait d’en parler serait douloureux pour tous les deux.

Heureusement, j’ai trouvé un très bon médecin. Elle était attentionnée et gentille, et elle a prescrit de nombreux tests pour essayer de comprendre ce qui se passait. Nous avons découvert que j’avais un problème de coagulation du sang pendant la grossesse.

Lors de la conception suivante, j’ai pris beaucoup de médicaments pour aider à soutenir la grossesse. Depuis, j’ai eu deux petites filles en bonne santé. Je me sens bénie.

J’ai perdu quatre enfants. Je dois me rappeler que ce n’était pas ma faute, et c’est quelque chose que toute femme qui fait une fausse couche devrait savoir.

Tamira Dan
Légende image,Tamira Dan

Tamira Dan, 34 ans, de Baltimore, États-Unis

En octobre 2014, je me suis réveillée avec un mal de dos très important. J’ai parlé au médecin et on m’a dit que j’étais probablement constipée, et que je devais revenir dans quelques heures pour une échographie. Je ne suis jamais revenue pour cela, car j’ai fait une fausse couche à la maison.

J’étais seule. Je ne savais pas ce qui se passait dans mon corps. Tout ce que je voyais, c’était une grande flaque de sang.

On m’a emmenée en ambulance à l’hôpital, et quand je suis arrivée, le médecin a juste dit : « Oh, ces choses-là arrivent parfois. »

On m’a fait subir ce qu’on appelle un curetage, c’est-à-dire l’ablation du reste des tissus de la grossesse dans le cadre d’une procédure médicale. On m’a mise dans une salle de réveil pendant une demi-heure, on m’a donné un tas de brochures sur les fausses couches et on m’a dit de rentrer chez moi.

Mentalement, cela m’a beaucoup fatiguée. Mais pour les médecins, c’est comme si c’était juste du travail – « ces choses-là arrivent, nous sommes désolés, essayez la prochaine fois ».

Comme j’ai perdu le bébé dans les toilettes à la maison, le fait d’utiliser les toilettes après cela a été très stressant pour moi pendant longtemps. Je pense que j’ai pleuré tous les jours pendant six mois. J’ai dû reprendre le travail immédiatement. Je travaillais comme enseignante suppléante à l’époque, et je ne voulais pas être en contact avec des enfants. Mais je n’avais pas le choix. Je n’ai pas eu l’occasion de me concentrer sur mon chagrin.

J’ai fini par obtenir une aide psychologique. Huit ans plus tard, je suis toujours en thérapie. J’ai toujours mes moments de solitude, par exemple pendant les vacances ou à l’occasion de l’anniversaire de la perte de mon bébé. Je pense que ces choses seront toujours un stress pour moi.

Tulip Mazumdarenquête sur l’impact, tant physique que mental, sur les familles du monde entier, et sur ce qui est fait pour tenter d’améliorer les soins.

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