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Donbass, neutralité, Otan… Ces points sur lesquels Zelensky cède peu à peu face à la Russie

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Un mois jour pour jour après le début des pourparlers entre Kiev et Moscou, le président ukrainien semble lâcher du lest. A l’occasion de nouvelles négociations prévues en Turquie en début de semaine, Volodymyr Zelensky s’est dit prêt à faire quelques concessions sur les demandes du Kremlin, en échange d’un cessez-le-feu.

La Turquie avait déjà été le théâtre de négociations, le 10 mars à Antalya. Cette fois-ci, elles se tiendront à Istanbul ce lundi 28 mars, ou mardi, en présence des deux délégations parties prenantes du conflit.

La neutralité de l’Ukraine n’est plus écartée
Dans une interview pour des médias russes, dimanche, le président ukrainien s’est positionné sur un bloc de concessions demandé par Moscou : une éventuelle neutralité et une dénucléarisation de l’Ukraine. « Nous sommes prêts à l’accepter », a affirmé Volodymyr Zelensky, ajoutant que « ce point » est « étudié en profondeur ».

Le président ukrainien a néanmoins posé quelques conditions. Ce statut neutre et la dénucléarisation sont conditionnés à un retrait des troupes russes dans les territoires séparatistes. De plus, cette clause des négociations, si elle aboutit, devra être soumise à un référendum.

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« Je ne veux pas que ce soit encore un papier du style des mémorandums de Budapest », a plaidé Volodymyr Zelensky, en référence à des accords signés par la Russie en 1994 garantissant l’intégrité et la sécurité de trois ex-républiques soviétiques, dont l’Ukraine, en échange de l’abandon des armes nucléaires héritées de l’URSS.

La question de la Crimée et du Donbass
L’autre point d’interrogation concerne les territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine. Vendredi, un commandant russe avait créé la surprise en annonçant « concentrer le gros des efforts sur l’objectif principal : la libération » du bassin minier du Donbass. Jusque-là, la volonté affichée par Moscou était de « démilitariser et dénazifier l’Ukraine » dans son ensemble, et non pas seulement dans cette région orientale où se trouvent deux « républiques » séparatistes prorusses.

Le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a estimé dimanche qu’« après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien », Moscou « pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, [dans] une tentative » d’instaurer une séparation à la coréenne.

Leonid Passetchnik, leader du territoire séparatiste de Lougansk, dont Moscou a reconnu l’indépendance, a lui déclaré que cette entité pourrait organiser « dans un avenir proche » un référendum pour rejoindre la Russie.

Là encore, le président ukrainien ne s’est pas totalement fermé à ces options. Le 7 mars, dans une interview à la chaîne américaine ABC, il se disait déjà prêt à envisager un « compromis » sur le statut de ces territoires séparatistes. Dimanche, il a appelé à « revenir là où tout a commencé, et de là, nous essayerons de résoudre la question du Donbass ». « Nous comprenons qu’il est impossible de libérer complètement le territoire, de forcer la Russie. Cela mènerait à la troisième guerre mondiale, je le comprends parfaitement et je m’en rends compte », a poursuivi Volodymyr Zelensky.

Autre dossier : celui de la Crimée. Cette région ukrainienne est au cœur du conflit depuis l’annexion controversée par la Russie en 2014. La semaine dernière, le président ukrainien assurait qu’il était d’accord pour « se prononcer sur certaines formes de compromis ». « Nous devons tout faire pour que le Donbass et la Crimée nous reviennent […] Une question de temps ? Oui. Mais l’arrêt de la guerre, maintenant, c’est ça la question », avait-il alors estimé.

L’adieu à l’adhésion à l’Otan ?
L’invasion russe du 24 février a été largement motivée par la volonté de l’Ukraine de rejoindre l’Otan selon Moscou. Depuis, les membres de l’Alliance n’ont toujours pas accepté la candidature du pays et même Volodymyr Zelensky a semblé rebrousser chemin et repousser l’idée d’une adhésion, comme pour donner des gages à Moscou. Lors de ce même entretien à la chaîne ABC début mars, il avait déclaré :

« S’agissant de l’Otan, j’ai tempéré ma position sur cette question il y a déjà un certain temps, lorsque nous avons compris que l’Otan n’était pas prête à accepter l’Ukraine. »

En revanche, il compte sur un soutien sans failles de l’Alliance militaire. « Nous avons besoin de plus d’armement. Nous devons non seulement protéger l’Ukraine mais aussi les autres pays d’Europe de l’Est, sous la menace d’une invasion russe », a déclaré le président ukrainien samedi. Et, à plusieurs reprises, il a jugé insuffisante l’aide qu’il reçoit de la part des Occidentaux. L’Ukraine a demandé 1 % des avions et des chars de l’Otan, expliquait-il dimanche. Avant d’ajouter : « Nous n’avons pas demandé plus. Et on n’en demande pas plus. Et cela fait déjà 31 jours que nous attendons ! »

Une rencontre entre Zelensky et Poutine ?
Enfin, le président ukrainien n’en démord pas : le meilleur moyen de faire avancer ces négociations serait, selon lui, une rencontre avec Vladimir Poutine. Début mars, il appelait le président russe à « discuter, entamer un dialogue, au lieu de vivre dans une bulle ». Ce week-end, il a réitéré sa demande :

« Nous devons nous mettre d’accord avec le président de la Fédération de Russie. Mais pour se mettre d’accord, il faut qu’il sorte de là où il est et vienne me rencontrer. »
Une rencontre serait « contre-productive » pour l’heure, a répondu ce lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Selon les délégations des deux parties, les pourparlers ont, pour le moment, du mal à aboutir.« Pour l’instant, nous ne pouvons pas constater de progrès ou d’avancées significatives quelconques », a encore affirmé ce lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Source: https://www.nouvelobs.com/

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