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MASA 2022 : Des artistes du Mali charment le public Abidjanais

Meguetan Infos

Au Masa 2022, au bord de la Lugune Ebrié, les artistes maliens ont émerveillé le public abidjanais de par leurs talents.

« Ce n’est pas la quantité qui compte mais bien la qualité », cette citation sied bien au cas des artistes maliens présents au Masa 2022, en Côte d’Ivoire. En effet, sur les berges de la Lagune Ebrié, ils sont trois groupes à défendre les couleurs de la culture malienne : la Compagnie Nama avec le jeune et talentueux Yacouba Magassouba, le maître des marionnettistes, Yaya Coulibaly avec la compagnie Sogolon et enfin la musique avec Samba Touré. Mais, il faut y ajouter un autre groupe qui était dans le MASA « OFF » : ‘’Le Trio Juru’’. Ce groupe composé de deux maliens (Assaba Dramé au Ngoni et Adama Keita à la Kora) et un tunisien (Asharef à l’Oud), a été une grande attraction à Abidjan lors du MASA.

En théâtre, « Le baptême du lionceau », c’est le spectacle de marionnettes inspiré d’un conte traditionnel malien que le plus brillant représentant de la culture et des traditions africaines au milieu de milliers de marionnettes, a présenté au Masa. Dans la salle Niangoran Porquet du Palais de la Culture, la troupe Sogolon a émerveillé par ses multiples talents et le message de paix universel qu’il a transmis à tous ses spectateurs. Et c’est dans cette même salle Niangoran Porquet que la troupe Nama a confirmé tout le talent que d’aucuns lui prête.  C’est bien avec son spectacle  fétiche : «  le Chat Pèlerin » que Yacouba Magassouba, directeur artistique de la compagnie Nama, a  étonné  le public abidjanais. « Le Chat pèlerin » est un Conte en français et en bambara qui met en avant la tradition de l’oralité au rythme du balafon et du djembé. , Le spectacle met en scène différents masques habités et des marionnettes parfois géantes.

Basée sur un conte traditionnel adapté à la réalité d’aujourd’hui, le « Chat Pèlerin » cherche à montrer que même les pires ennemis peuvent apprendre à vivre ensemble en paix et se donner la main pour avancer.

En musique, c’est bien l’un des dignes héritiers de Aly Farka Touré, Samba Touré que les sonorités maliennes ont vibré au bord de la lagune ébrié.  A travers deux prestations inédites dans la salle François Lougah et à l’Esplanade du Palais de la Culture, Samba Touré accompagné de deux instrumentistes (Calebasse et Ngoni) a incontestablement  conquis le cœur de son public,  avec la maitrise de sa guitare et de sa voix suave. Samba Touré a tout  simplement charmé les acheteurs de spectacles par son aptitude à contenir les spectateurs avec les titres fétiches.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à la 12è édition du Masa, les artistes maliens nonobstant leur faible représentativité, ont porté haut le drapeau malien en Côte d’Ivoire, au Masa 2022.

Amadou Sidibé

(Envoyé spécial à Abidjan)

 

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REUNION ACP-UE CULTURE-AFRIQUE DE L’OUEST A ABIDJAN

AWA a injecté 750 millions F CFA en 2021 dans 42 projets de 11 pays

 Dans le cadre de la 12e édition du Masa, (Cote d’Ivoire), la première réunion régionale ACP-UE Culture-Afrique de l’Ouest s’est tenue à Abidjan. Il ressort de la rencontre tenue au Palais de la Culture que le projet AWA, (Art in West Africa) a pu financer 42 projets culturels en 2021 avec un niveau de décaissement de 1 154 000 euros soit 750 000 000 FCFA injectés dans le secteur culturel ouest africain particulièrement dans 11 pays. 

Tandis que le Programme ACP-UE Culture a atteint sa vitesse de croisière, ses organisations partenaires  l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) et l’Union européenne – souhaitent placer le curseur sur la promotion de ses pôles régionaux et de leur action sur le terrain. Et pour ce faire, le Programme entame une série de réunions régionales à travers l’espace ACP.

C’est dans le cadre de la 12e édition du Marché des Arts et du Spectacle vivant d’Abidjan (Côte d’Ivoire) qu’a été organisé, le 9 mars au Palais de la Culture, la première réunion régionale ACP-UE Culture-Afrique de l’Ouest.

Co-organisée avec le Consortium du Programme ACP-UE Culture-AWA, cette réunion a été l’occasion de faire connaitre l’action du programme en soutien au secteur culturel et créatif ouest-africain, de découvrir le calendrier et les modalités de participation de l’appel à projets « Fonds de valorisation des cultures d’Afrique de l’Ouest 2022 » et de rencontrer des lauréats 2021 du Programme.

A l’ouverture des travaux devant plusieurs personnalités, le représentant du consortium AWA, (Art in West Africa) (composé par l’Institut Français de Paris et le Centre Culturel Kôrè de Ségou), a détaillé les projets dans le cadre du programme ACP-UE Culture.

A ses dires, le projet AWA fait partie des six projets régionaux retenus dans le cadre du Programme ACP-UE Culture : soutien aux secteurs de la culture et de la création. Ce programme faut-il le rappeler est une initiative conjointe de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), à travers la mise en place du nouveau mécanisme régional de financement décentralisé destiné à renforcer la compétitivité des industries culturelles et créatives dans les pays ACP.

Le projet AWA d’une durée de 40 mois ( du 11 décembre 2020 au 11 avril 2024)  et piloté par le consortium AWA (IF Paris et CCK) vise un double objectif : soutenir la dynamisation de la compétitivité des industries culturelles et créatives (ICC) tout le long de la chaîne de valeurs (création, production et diffusion) dans les 16 pays d’Afrique de l’Ouest à travers : Le soutien financier aux opérateurs des ICC de la zone, en termes de structuration et d’aide aux projets culturels et créatifs ; le développement des compétences des artistes et acteurs culturels et la facilitation de l’accès au marché et aux financements innovants notamment en encourageant l’entrepreneuriat et la collaboration (co-création, coproduction et co-diffusion) entre les professionnels ouest africains et avec leurs homologues à l’extérieur de cette zone.

Il a également contribué à appuyer le développement de l’économie numérique en Afrique de l’Ouest en accompagnant les acteurs des Industries Culturelles et Créatives dans leur transition numérique.

Le projet – AWA contribue également, à travers son rôle de hub culturel régional, à la promotion des valeurs ouest africaines dans la perspective de stimuler l’appropriation par la jeunesse ouest africaine de sa propre histoire, de son identité́, de ses réalités et de ses potentialités contribuant de ce fait au développement socio-économique de la région ouest africaine.

Le projet AWA contribuera à mesurer l’impact de l’écosystème culturel et créatif dans la création d’emplois décents en Afrique de l’Ouest.

Il s’agit plus spécifiquement de : Financer au moins 115 projets du secteur culturel et créatif innovants et structurants portés par des opérateurs des pays concernés, qui favorisent l’accroissement des recettes économiques, qui démontrent des véritables capacités de création d’emplois, et qui écrivent et/ou décrivent de nouveaux récits du continent africain ; contribuer au développement de compétences d’environ 335 acteurs du secteur culturel et créatif des pays concernés à travers l’organisation d’activités de renforcement de la compétitivité́ de la production artistique ouest africaine notamment en entrepreneuriat culturel et l’éducation à l’image ; faciliter la création et l’opérationnalisation de réseaux professionnels ouest africains d’acteurs du secteur créatif à travers des modèles innovants de collaborations créatives notamment le Maaya Entrepreneuriat.

Le projet AWA s’est vu attribué une subvention d’un montant maximum de 6 200 000 € par le secrétariat de l’OEACP (Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique), et la Commission européenne dans le cadre de l’appel à propositions Soutien aux secteurs de la culture et de la création.

A-t-il cité les appels à projet de 2021 au nombre de deux.  L’un pour le fonds de structuration qui a permis de sélectionner 15 opérateurs culturels ouest africain avec l’attribution d’un montant de 150.000 euros par opérateur sur 3 ans ; l’autre appel pour le fonds de valorisation des cultures d’Afrique de l’ouest qui a aussi permis de sélectionner 27 opérateurs culturels pour un financement de 25.000 euros par projet sur une année

Un troisième appel lancé le 27 janvier 2022 est en cours pour le fonds de valorisation et prendra fin le 17 mars prochain et qui prévoit de sélectionner 35 projets.

Un quatrième appel est prévu dans le second semestre 2022 qui permettra de sélectionner 34 autres projets.

En somme le projet AWA a pu financer 42 projets culturels en 2021 avec un niveau de décaissement de 1 154 000 euros soit 750 000 000 FCFA injectés dans le secteur culturel ouest africain particulièrement dans 11 pays.

Deux activités de réseautage autour de Ségou’ Art – Festival sur le Niger et bien évidemment à ce MASA 2022. Une plateforme AWA (awafrica.org) et une cartographie des organisations culturelles en Afrique de l’Ouest sont aussi en cours de réalisation.

Tout ce ceci réalisé grâce à l’appui financier de la commission de l’Union Européenne et du secrétariat de l’organisation des Etats Afrique Caraïbe Pacifique que nous remercions infiniment pour cette initiative de délocalisation des financements et de leur confiance portée sur à des organisations culturelles africaines, une première du genre sur le continent.

Après la rencontre, des participants ont rendu une visite aux bénéficiaires des différents projets financés par AWA.

 

A.S.

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MASA 2022

Vers la nécessaire redynamisation culturelle de l’Unité Africaine

 S’il y a un secteur par lequel l’on pourrait rapidement réaliser l’intégration des peuples africains, c’est bien par celui de la culture. Hélas, cela ne semble pas être bien compris au niveau des décideurs. Mais, en entendant que ceux qui ont la lourde responsabilité du développement intégré du continent le comprennent, à Abidjan, dans le cadre du MASA, les lignes ont commencé à bouger. Du 5 au 12 mars 2022, l’Afrique culturelle et sa diaspora se sont donné rendez-vous au bord de la lagune Ebrié, pour célébrer de la façon la plus belle la diversité de leurs expressions culturelles, sous le thème : « Les industries culturelles et créatives : le défi des contenus ».

 Si le MASA n’existait pas, il aurait fallu tout faire pour le créer. Fort heureusement, a une époque du développement du continent, des gouvernants, notamment du côté de la Côte d’Ivoire l’avaient compris très tôt. Et, cet évènement qui a été pendant un moment en berne, a été remis sur pied grâce à la clairvoyance des autorités actuelles du pays de Félix Houphouët Boigny. Le MASA est là. Et, il fait le bonheur de plusieurs acteurs culturels d’Afrique et de sa diaspora. D’édition à édition, malgré les difficultés financières, la manifestation se bonifie et s’impose comme un rendez-vous incontournable pour la promotion des arts du spectacle en Afrique.

Officiellement, le MASA 2022 a enregistré la présence de 26 pays d’Afrique et de sa diaspora, avec 182 spectacles programmés, dans des disciplines aussi diverses comme : le cirque et la marionnette, le conte, la danse, l’humour, la mode, la musique, le slam, le street art et le théâtre. Ce rendez-vous africain porté par les épaules de la Côte d’Ivoire est d’autant plus nécessaire qu’il se présente comme le seul espace sur le continent pour présenter, exposer et vendre les productions des acteurs africains dans le domaines des arts vivants, aux africains d’abord, mais au reste du monde. Cela est d’autant plus nécessaire que cela permet la circulation des expressions culturelles africaines dans toute leur diversité à travers le monde. Permettant ainsi à assurer une présence du continent dans le monde, si la culture reste notre meilleur ambassadeur.

Malheureusement, tout porte à croire que les décideurs des autres états africains n’ont pas la même compréhension de la pérennité et de l’importance du MASA que ceux de la Côte d’Ivoire. Depuis quelques années, l’OIF grand bailleur de l’évènement est devenu très fébrile et très proche de ses sous. Elle a même tendance à disparaître de l’organisation et de liste des gros bailleurs de l’évènement. Or dans sa mission de la promotion de la convention sur la diversité des expressions culturelles, l’OIF devait porter son MASA à bras le corps. Oui, son MASA. Parce que présente aux premières heures de la gestation difficile de ce programme très ambitieux.

Mais, qu’à cela ne tienne. Convaincu de l’importance de cette rencontre pour l’Afrique et de sa diaspora, l’Etat de Côte d’Ivoire, dans un accompagnement du District d’Abidjan, n’a pas hésité à retrousser ses manches pour prendre le taureau par les cornes en termes de mobilisation financière. Et, essai tant bien que mal à combler le gap de financement provoqué par le recul de l’OIF.

L’évènement depuis 2 ou 3 éditions est porté essentiellement par l’Etat de Côte d’Ivoire. Mais, dans le contexte actuel et au regard de l’importance du MASA pour l’Afrique et sa diaspora, les Institution africaine dédiées à l’intégration socio-économique et culturelle du continent, devraient rapidement sortir des grandes théories pour être un peu plus concrètes en déliant le cordon de leur bourse. Là, où on doit mobiliser des ressources financières, aucun discours n’est opérationnel.

Pour être en conformité avec toutes les grandes théories de renaissance culturelle africaine, nous rêvons de voir des Institutions comme l’Union africaine, la CEDEAO, et l’UEMOA décider de jouer pleinement leur rôle dans le soutien à la promotion de la culture africaine en décidant de dégager  quelques milliards de FCFA à mettre à la disposition du MASA et d’un certain nombre de manifestations culturelles à fort potentiel d’intégration sur le continent.

Comment faire pour que les industries culturelles et créatives sur le continent et dans la diaspora soient au rendez des contenus, en absence de soutiens financiers conséquent pour la structuration ? Cette sempiternelle question qui ressemblerait à une équation à plusieurs inconnues ne pourrait avoir un début de solution que lorsque nos gouvernants auront compris le rôle primordial que la culture pourrait jouer dans le développement accéléré des différents pays du continent.

Bizarrement, on constate aujourd’hui qu’aucun état africain n’est gêné par le fait que les ressources de financement de leurs politiques culturels soient assurées par les ressources occidentales. Du coup, l’on pourrait s’interroger sur la nature de la renaissance culturelle que l’Union africaine voudrait bien impulser sur le continent.

Dans un tel contexte, plus que jamais, il est nécessaire de déployer une véritable stratégie de  redynamisation culturelle de l’Unité Africaine, enfin que la riche culture du continent puisse être au rendez-vous du donner et du recevoir, pour nous assurer une présence à hauteur de souhait dans le monde.

Assane Koné

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