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L’œil de Le Matin : Le débat politique submergé par l’intolérance

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La crise politique qui a conduit aux événements du 18 août 2020, le choix des organes et des dirigeants de la transition, de la nécessité des réformes essentielles avant d’enclencher le processus électoral ; les sanctions de la Cédéao et de l’Uémoa… Les Maliens sont aujourd’hui divisés sur tout. Ce qui n’est pas forcément mal en soi. L’inquiétude, c’est que cette division est en passe de devenir une forme très vicieuse d’intolérance en rendant difficile le débat, le dialogue…

Ce qui est très grave dans un pays où le vivre ensemble, la cohésion sociale… sont déjà mis à rudes épreuves par d’autres considérations loin d’être catholiques ces dernières années. La diabolisation de ceux qui pensent autrement que nous peut faire rapidement basculer une société dans le chaos en rendant impossible le dialogue indispensable pour s’entendre sur l’essentiel. Il faut aller sur les réseaux sociaux pour lire certains commentaires par rapport à des prises de position pour se rendre à l’évidence que la tolérance est train d’être sacrifiée comme toutes ces valeurs positives que le monde nous enviait un moment de notre histoire.

Ceux qui pensent qu’ils ont le monopole de la vérité ou du patriotisme voire de la violence verbale sont en train de nous pourrir la vie sur les réseaux ou tout débat politique devient de plus en plus risqué. Il est clair qu’on ne publie pas pour voir seulement des commentaires favorables. Même si une page Facebook est avant tout un support personnel d’expression de ses sentiments, de ses opinions, de son état d’âme. C’est donc inacceptable de voir quelqu’un venir déverser au bas de votre publication tout sa bile ou sa haine et poussant le culot jusqu’à vous attaquer dans votre honneur et dans votre dignité.

Et ce fléau est tel que rares sont encore les personnes respectables qui osent coucher le fond de leur pensée sur les réseaux sociaux, Facebook en l’occurrence. Petit-à-petit, l’intolérance est en train de devenir une sérieuse menace à la liberté d’expression… Heureusement que la justice a récemment prouvé qu’elle veille aux grains en sévissant contre cette utilisation inquiétante et révoltant des réseaux sociaux. Sinon, ces dernières semaines voire ces derniers mois, nous avions entendu des sorties médiatiques qui font le froid dans le dos…

Des manifestations de haine qui ne sont pas sans rappeler l’antagonisme qui a conduit la Côte d’Ivoire dans le chaos post-électoral de 2011 ou le Rwanda de l’avant génocide de 1994. Sans doute vous nous trouver trop alarmiste. Mais parce que nous sommes convaincus que des tragédies comme une guerre civile n’arrive pas qu’aux autres. Si ce que nous avons d’ailleurs vécu ces trois dernières années dans le centre de notre pays n’en est pas une, nous ne sommes pas loin de franchir la ligne rouge qui nous en sépare. Quel que soit ce qui nous divise, chacun doit savoir raison garder en évitant de diaboliser une catégorie de citoyens juste parce qu’ils ne partagent pas nos opinions ou qu’ils ne pensent pas comme nous.

N’oublions pas que, comme le dit une sagesse de chez nous, les mots font souvent plus mal que les coups ! On n’est pas forcé d’être d’accord avec tout ! Mais, il faut savoir exprimer ce désaccord sans chercher à frustrer, à blesser ou à humilier l’autre. Chacun de nous doit faire désormais sien cette sagesse de l’influenceuse nigérienne Dr Djamila Ferdjani, qui rappelle qu’il n’est pas donné à «chacun de devenir célèbre, mais il est à la portée de tous d’être une grande personne. On grandit en pardonnant, en restant humble, authentique, indépendant, en gardant son intégrité, en respectant les autres et en tirant vers le haut ceux qui en ont besoin» !

Quand on n’est pas d’accord avec une opinion exprimée sur une page personnelle, le fair-play veut qu’on passe son chemin !

Moussa Bolly

Le Matin

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