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Burkina: la junte consulte à Ouagadougou avant un sommet ouest-africain

AFP

© OLYMPIA DE MAISMONT
 Une d’un journal montrant la photo de Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a pris la tête de la junte ayant renversé le président élu au Burkina Faso, le 25 janvier 2022 à Ouagadougou.Après les ministres renversés, les syndicats: la junte militaire, qui dirige désormais le Burkina Faso depuis trois jours, poursuivait jeudi ses consultations à la veille d’un sommet des Etats ouest-africains qui pourraient décider de la sanctionner.

Une vingtaine de syndicalistes se sont présentés dans la matinée au siège de la présidence à Ouagadougou pour y rencontrer les membres de la junte qui a pris le pouvoir lundi, présidée par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, ont constaté des journalistes de l’AFP.

La veille, le nouvel homme fort du Burkina Faso qui a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré, accusé d’impuissance face à la violence jihadiste qui ravage ce pays depuis 2015 et qui a été placé en résidence surveillée, avait rencontré les ministres du gouvernment dissous.

Il leur a demandé de ne pas quitter le Burkina sauf autorisation et avait indiqué à cette occasion qu’il souhaitait impliquer toutes les composantes nationales dans la gestion de la transition, selon des sources politiques.

Des manifestants rassemblés à Ouagadougou pour montrer leur soutien aux militaires, le 25 janvier 2022© Olympia DE MAISMONT Des manifestants rassemblés à Ouagadougou pour montrer leur soutien aux militaires, le 25 janvier 2022En prenant le pouvoir, la junte s’est engagée au retour à l’ordre constitutionnel « dans un délai raisonnable ».

Depuis, aucun membre de la junte du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), n’a pris publiquement la parole.

Les consultations des acteurs de la société politique et sociale burkinabè inerviennent à la veille d’un sommet virtuel des pays membres de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) qui a fermement condamné ce nouveau coup d’Etat dans la région.

Comme elle l’a fait auparavant pour deux autres pays où des militaires ont pris le pouvoir, le Mali et la Guinée, la Cédéao devrait suspendre le Burkina Faso de ses instances et probablement imposer des sanctions aux putschistes.

« La junte doit tout faire pour éviter au Burkina Faso des sanctions internationales », a déclaré à l’AFP Clément Sawadogo, vice-président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti de M. Kaboré.

SONOREDes militaires burkinabès annoncent à la télévision avoir "decidé de mettre fin au pouvoir" du président Roch Marc Christian Kaboré, détenu par des soldats qui se sont mutinés.© Fournis par AFP SONOREDes militaires burkinabès annoncent à la télévision avoir « decidé de mettre fin au pouvoir » du président Roch Marc Christian Kaboré, détenu par des soldats qui se sont mutinés.Il a rappelé que le Burkina est « un pays enclavé en position fragile » et qu’il fallait « trouver une solution de sagesse pour éviter une crise sécuritaire qui continue » avec « en plus une crise socio-économique ».

– Reprise du procès Sankara –

Sans surprise, le coup d’Etat a été condamné par le MPP qui a réclamé la « libération immédiate » du président renversé et de son Premier ministre Lassina Zerbo.

Condamnation et libération également exigées par la communauté internationale.

Plusieurs organisations de la société civile, parmi lesquelles la Balai citoyen qui avait joué un rôle crucial dans la chute de l’ex-président Blaise Compaoré en 2014 après 27 ans au pouvoir, ont en revanche été plus mesurées.

« Nos organisations attachées à l’Etat de droit et aux valeurs démocratiques, réprouvent les coups d’Etat militaires ou constitutionnels (modifications d’articles pour se maintenir au pouvoir) », écrivent-elles dans un communiqué, ajoutant aussitôt: « Néanmoins, elles prennent acte de la situation ».

Elles « exigent que l’intégrité physique et morale du président, des membres du gouvernement soient préservées »et « mettent en garde contre la mal gouvernance, la gabegie et la corruption, maux ayant caractérisé le régime Roch Marc Christian Kaboré ».

Elles exigent aussi « la poursuite normale » du procès des assassins présumés en 1987 de Thomas Sankara, leader progressiste et icône panafricaine, tué par un coup d’Etat fomenté par des proches, dont Blaise Compaoré qui avait pris le pouvoir.

Carte de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso© Jonathan WALTER Carte de Ouagadougou, capitale du Burkina FasoCommencé en octobre 2021, le procès a été interrompu par le putsch, mais reprendra rependra lundi devant le tribunal militaire de Ouagadougou, a indiqué un communiqué du parquet du procureur militaire.

Le parquet dément en outre des informations faisant état de la libération du principal accusé présent à ce procès, le général Gilbert Diendéré, un proche de Blaise Compaoré, autre accusé majeur jugé en absence, puisqu’il vit en Côte d’Ivoire.

Le capitaine Thomas Sankara, à la tête du Burkina Faso, prononce une allocution pour la nouvelle année, le 1er janvier 1985 à Ouagadougou© Eric CONGO Le capitaine Thomas Sankara, à la tête du Burkina Faso, prononce une allocution pour la nouvelle année, le 1er janvier 1985 à OuagadougouLe général Diendéré purge déjà une peine de 20 ans de prison pour une tentative de coup d’Etat commise en 2015, un an après la chute de M. Compaoré.

C’est depuis 2015 que, dans le sillage du Mali et du Niger, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique qui ont fait en près de sept ans plus de 2.000 morts et contraint 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers.

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