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L’œil de Le Matin : Que le peuple s’organise pour être un bouclier !

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Une classe politique incapable de taire ses divergences pour permettre au pays d’avancer dans sa quête de refondation ; des paysans empêchés par des criminels de cultiver leurs champs ou de les récolter faisant ainsi planer le spectre de la faim sur l’ensemble du pays ; des villages coupés du reste du pays par des extrémistes religieux ; une grande majorité de Maliens privés du minimum vital à cause de la cherté de la vie… Dans le rétroviseur, l’Etat malien est loin d’avoir positivement progressé par rapport aux années passées.

L’état de notre nation est plus inquiétant aujourd’hui que jamais auparavant. Mais, nous avons pourtant perçu une lueur d’espoir en 2021 avec les prémices d’une mue au niveau de la justice. L’appareil judiciaire est le socle du changement. En effet, de son efficacité et de son indépendance totale dépend la victoire sur les maux (corruption, délinquance financière, gabegie, impunité…) qui ont jusque-là hypothéqué tous nos efforts de développement. Dans un pays, quand les acteurs de la justice s’assument pour pleinement jouer leur rôle capital, le changement de comportement cesse d’être une illusion.

Certes les attaques se poursuivent et l’insécurité a gagné davantage de terrain que dans les années précédentes. Mais, tous les observateurs sont aujourd’hui unanimes à reconnaître une montée en puissance de nos Forces armées (FAMa). Et cela parce que d’énormes efforts ont été consentis pour le réarmement moral de la troupe et aussi de son équipement. La puissance de notre outil de défense ne cesse d’être renforcée par les autorités de transition qui ont pris la courageuse décision de multiplier les partenaires du pays face au défi sécuritaire.

En décidant de s’inscrire dans une logique de rectification le 24 mai 2020, le Colonel Assimi Goïta a souhaité résolument s’inscrire dans une logique de rupture pour éviter au pays tout risque de retour à la case-départ dans quelques années. Et l’actuel président de la Transition doit comprendre, comme l’a dit le président Modibo Kéita dans son discours du nouvel an 1961, que «la tâche est ingrate, car elle exige un travail assidu, un désintéressement absolu, une volonté ardente, une foi inébranlable». Son attitude face aux menaces et à la pression extérieures ainsi que l’attitude méprisante de certains acteurs politiques de l’intérieur prouvent qu’il en est conscient. Son attitude est celle d’un leader qui a pris conscience des risques de sa mission.

Il doit surtout faire sienne cette philosophie de Thomas Sankara qui disait, «vous ne pouvez pas accomplir des changements fondamentaux sans une certaine dose de folie. Dans ce cas précis, cela vient de l’anticonformisme, du courage de tourner le dos aux vieilles formules, du courage d’inventer le futur. Il  a fallu des fous d’hier pour que nous soyons capables d’agir avec une extrême clarté aujourd’hui. Je veux être l’un de ces fous. Nous devons inventer le futur» !

Le choix de bâtir un «Mali Kura» (Mali nouveau) doit être pleinement assumé. Certes, l’inclusivité serait un atout de taille pour des réformes consensuelles. Mais, Assimi Goïta est aujourd’hui l’unique commandant à bord dans ce navire de la transition. Il ne doit pas surtout se laisser distraire de sa mission : remettre le pays sur les rails pour de bon ! Une mission qui fait peur aujourd’hui dans le landerneau politique malien. Ceux qui sont comptables de la décadence de notre gouvernance démocratique, sont en train de tout faire pour saboter la transition actuelle. Y compris à mobiliser la communauté internationale contre la patrie et à rejeter sur les autres leur responsabilité dans le chaos actuel.

«Nous pensons que pour régler les problèmes du Mali, il faut des autorités légitimes qui ne pourront être là qu’à travers des élections crédibles, transparentes et apaisées», disait ainsi l’un d’eux pour acculer les responsables de transition et les pousser à sacrifier les réformes au profit d’élections bâclées qui ne peuvent que prolonger la crise actuelle dans quelques années.

 

Un pays ruiné et poussé vers le chaos par des pseudos démocrates entrés en politique pour piller, voler, détourner…

Mais, il ne faut pas se voiler la face, le système politique en place depuis trente ans est pourri et il nous faut assez d’années pour le nettoyer en secouant énergiquement le cocotier et en procédant à des réformes efficientes pour redresser le navire Mali. Et comme le disait récemment un activiste, ne confondons pas aussi la démocratie et ceux qui ont abusé de ce système de gouvernance pour piller la République durant 30 ans. Ce n’est pas la démocratie qui est donc en cause, mais ceux à qui elle profite et qui se sont gavés du sang des pauvres.

On ne parviendra jamais à cette gouvernance vertueuse en fermant les yeux sur des élections bâclées permettant à des gens sans vision, sans idéal et surtout sans vergogne de prendre le pays en otage et à assouvir des appétits claniques. Leur mégalomanie, leur démagogie et leur cupidité ont énormément contribué à la détérioration des relations communautaires entérinant ainsi l’affaiblissement de notre pays dont la souveraineté est mise à mal au fil du temps à cause des politiques mal choisies, mal adaptées aux besoins et surtout mal ficelées.

Nos institutions nationales ne sont jamais arrivées à réellement inverser la tendance généralisée de l’aggravation de ces conflits et de la détérioration de notre tissu social devenue irréversible. En trente ans de démocratie, nos dirigeants politiques ont rarement incarné les valeurs que la démocratie est censée véhiculer, portée… Ils se sont toujours illustrés dans les mauvaises pratiques, les combines et les compromissions juste pour réaliser des ambitions personnelles aux dépens de nos vraies préoccupations. Comme l’a dit le fondateur de l’association «Wathi», Gilles Yabi dans «ça fait débat» du samedi (RFI), «lorsque l’exemple qui est donné au plus haut niveau est celui de l’absence totale d’éthique, c’est l’ensemble de la société qui ne croit plus à la méritocratie, à la valeur du travail et à la notion de l’intérêt général». C’est exactement à cela que nous assistons dans ce Mali post-démocratie.

S’ils étaient capables de mieux gouverner, le pays serait-il dans cette impasse ? S’ils convoitaient réellement le pouvoir pour notre bonheur, seraient-ils là encore à se crépir les sillons alors que le pays est en train de prendre feu de tous les côtés ? Autant de questions qu’il est temps que les Maliens se posent afin d’orienter leurs choix futurs. Nous leur avons toujours fait confiance, mais ils nous ont toujours déçus.  Et ils sont toujours là à nous demander de leur refaire confiance en jetant l’opprobre sur leurs adversaires et leurs rivaux.

 

Rechercher l’engagement du peuple pour sauver la refondation et mettre en échec l’ennemi !

Le Colonel Goïta ne doit pas donc renoncer à cette farouche volonté de changement en se laissant  distraire comme toujours par les mêmes personnes qui nous nourrissent d’illusions depuis trois décennies. Ces gens ne verront jamais nos larmes et seront toujours insensibles à nos cris de détresse, à notre souffrance… parce qu’ils ont une pierre à la place du cœur… Et face à ce sinistre tableau qui ne fait honneur à personne d’entre nous, autant le Colonel Goïta et compagnie doivent s’assumer, autant chaque Malienne et Malien doit s’oublier pour efficacement accompagner cette transition en jouant pleinement sa partition.

Après tout, c’est pour le bien-être du peuple que ces jeunes officiers se sont engagés dans cette mission salvatrice au risque de leurs vies. Et il faut vraiment être habitué à trouver des poux sur des têtes rasées pour voir dans leur engagement un autre agenda que celui de redresser le Mali.  La transition est une période d’exception. Elle a donc assez de marge de manœuvre pour ne pas se laisser distraire par la mauvaise foi de ceux qui ont tout intérêt à ce que le pays continue à être gouverné selon leurs intérêts comme c’est le cas depuis l’avènement de la démocratie.

Prenons le temps raisonnable pour mener les réformes indispensables à un retour sain à l’ordre constitutionnel et en faisant de sorte que le prochain président démocratique élu (en toute transparence) s’engage à inscrire son premier quinquennat  dans la continuité de cette transition. Assumons toute notre responsabilité pour rebâtir ce pays afin de laisser un Mali digne des futures générations. Et pour ce faire, comptons sur notre propre capacité à forger ce changement au lieu de continuer à miser sur des hommes et des femmes sans aucune vision ou idéologie politique. Ils sont en politique pour leur propre bien-être.

L’histoire retiendra notre responsabilité commune si jamais nous laissons un groupe bâtir le Mali nouveau selon ses seuls intérêts !

Moussa Bolly

Le Matin

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