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Quand l’océan avance…

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La Réserve naturelle de Moëze-Oléron, sur la côte Atlantique, est l’un des principaux sites d’accueil d’oiseaux migrateurs en France. Mais depuis la tempête Xynthia, en 2010, on a compris que la montée des eaux était inéluctable. Comment vont s’adapter les espèces vivantes ? Si la mer avance, il faudra bien reculer.

« Là où on est, on avait de l’eau jusqu’à la taille, jusqu’à 1 mètre 50 ! » Nous sommes au cœur de la Réserve naturelle nationale de Moëze-Oléron, à quelques kilomètres de Rochefort et de l’île d’Oléron, sur la côte Atlantique, et ce jour-là, le vent souffle un peu moins fort sur les prés-salés, les roseaux et les canaux qu’il y a 11 ans, quand la tempête Xynthia a poussé l’océan loin dans les terres. La digue, construite au bord de l’eau, pour protéger ce marais artificiel gagné sur l’eau il y a quelques siècles pour y récolter le sel, l’or du Moyen-Age, avait cédé. Reconstruite, elle a de nouveau craqué, laissant apparaître dans l’horizon une brèche qui « forme comme des créneaux de châteaux-forts », montre Nathalie Bourret, chargée des animations de la Réserve de Moëze-Oléron, que gère la LPO, la Ligue pour la protection des oiseaux. A travers la brèche, entre terre et océan, « on devine l’île d’Oléron. Ça forme un passage, en fait. » 

Un passage pour l’eau. La montée de l’océan est inexorable, sous l’effet du réchauffement climatique qui grossit les molécules d’eau, et pourrait menacer l’incroyable biodiversité abritée par la réserve naturelle, l’une des plus importantes de France pour les oiseaux d’eau migrateurs. Ici, se retrouvent quelques 300 espèces, plus de 80 000 individus, et même 200 000 dans tout le bassin. « La réserve naturelle a été créée en 1985, rappelle Nathalie Bourret. Et petit à petit, grâce à cet espace protégé, avec l’interdiction de chasser et de pêcher, où personne ne peut entrer, les oiseaux migrateurs sont venus de plus en plus nombreux. Ils savent qu’ils peuvent avoir le gîte, le couvert, et la tranquillité surtout. » Une tranquillité relative, à entendre à 6 heures du matin, avant même que les oiseaux et le soleil levant offrent un spectacle paisible et flamboyant, des tirs de fusils. Les chasseurs sont en chasse. Autorisés à l’extérieur de la réserve. Une pratique « patrimoniale », selon un habitant.
Une halte privilégiée des migrateurs 
Sur la route migratoire nord-sud, la grande voie « Est-Atlantique », entre l’Arctique et l’Afrique, la réserve naturelle de Moëze-Oléron accueille sur plus de 6 000 hectares de surface maritime et 220 hectares de surface terrestre tous types de voyageurs. Ceux qui font juste étape, des passereaux par exemple, avant de gagner l’Afrique, du Maroc au Sénégal en passant par « le parc national du Banc d’Arguin en Mauritanie, précise Nathalie Bourret. Entre le cercle polaire et le continent africain, il y a nous, un tout petit bout sur ce trajet migratoire. » D’autres resteront là tout l’hiver, comme l’oie Bernache cravant, venue de Sibérie, « et pour certaines espèces, cet hivernage peut durer 10 mois ».

La réserve de Moëze-Oléron fait partie de la dizaine de sites retenus par le programme Life Adapto de l’Union européenne, qui expérimente la résilience des milieux naturels face à la montée du niveau de la mer. En première ligne, on trouve les oiseaux limicoles, qui représentent un quart des espèces présentes dans la réserve. « Ce sont des oiseaux qui vont vivre au rythme des marais. Six heures de marée basse : ils vont manger dans la vasière. Six heures de marée haute : ils cherchent des zones pour se reposer. Donc si on propose à ces oiseaux des zones de bassin avec des eaux trop hautes, ils ne pourront plus être présents. »

RFI

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