ACTUALITÉSsociété

Femmes et Politique : Ce que les femmes veulent…

Meguetan Infos

Sous nos tropiques, l’argent demeure l’argument massue pour beaucoup d’électeurs. Et les femmes pour la plupart, défavorisées par leur faible ressource économique et un déficit de formation, se retrouvent à la traîne. Pour changer la donne, elles demandent simplement « le retrait de l’argent de la politique ».
 -maliweb.net- Pesanteurs socioculturelles, charges familiales, stéréotypes, déficit de qualification, et surtout faible revenu économique ; les femmes politiques trainent beaucoup de boulets. Du coup, les chances sont inégales dans un cadre où l’argent est déterminant.
Qu’elles soient politiques, leaders d’associations ou citoyennes lambda, elles réclament une égalité des chances au sein des partis. En somme, les Maliennes veulent un changement de paradigmes pour être à égale chance avec leurs homologues masculins.
« Il faut un véritable changement de mentalité et de comportement au sein des partis politiques. Les responsables politiques doivent prendre en compte l’aspect promotion du genre. Car les femmes ont besoin de plus de responsabilité, d’occuper des postes de décision, elles doivent être de véritable actrices sur la scène politique. Et pour cela elles ont besoin d’être accompagnées et appuyées » soutient Mme Rokia Soumano du Cnid-Faso-Yiriwaton. Un avis pleinement partagé par Mme Mariam Inna Koïta du bureau national de l’Urd, qui déplore la faible représentation des femmes au niveau de l’exécutif. « L’idéal serait que les femmes soient fortement impliquées en politique, qu’elles soient présentes au niveau des bureaux nationaux et associées à toutes les instances des partis, surtout qu’elles soient associées aux décisions de la vie du parti », déclare Mme Koïta.
La faible implication des femmes au niveau décisionnel au sein de l’exécutif des partis, est reprise par de nombreuses militantes politiques. Toutefois, à l’unanimité, ces femmes s’accordent pour dire qu’en renforçant la capacité des femmes et en appliquant les textes juridiques, la tendance pourrait changer. « Si l’on veut le changement, il faut former les femmes, les sensibiliser, qu’elles prennent connaissance des textes et programmes des partis, les outiller sur les enjeux de la politique et leur poids. De plus, il faut les encourager, développer en elles le leadership mais surtout les inciter à se conformer aux contraintes de l’exercice politique en étant plus disponible et assidues aux différentes rencontres. Car, très souvent les femmes sont les grandes absentes des moments de décisions faute de temps liée à certaines contraintes sociales », explique la secrétaire à l’organisation de l’Urd Mme Mariam Ina Koïta. Outre l’aspect formation, du reste soulignée par la loi 00-045 du 07 juillet portant Charte des partis politique. En effet, son article 39 indique l’obligation pour les partis d’assurer la formation civique des militants, et la promotion de la participation démocratique à la vie nationale, et le respect de l’intérêt général.
Les femmes peuvent, à travers la loi 052 instituant le quota des 30%, prétendre à une meilleure représentativité dans l’arène politique. Quoique, pour certaine, ces instruments juridiques restent insuffisants pour apporter l’équilibre hommes /femmes sur la scène politique. Pour Mme Loda Zeny Coulibaly du réseau des jeunes femmes leaders du Mali, la charte des partis politiques présente des lacunes par rapport aux besoins spécifiques des femmes. Elle estime qu’elle mérite correction en matière des droits des femmes.
L’Autonomisation, l’autre défi
La problématique de l’autonomie financière reste le grand blocage pour les femmes en politique.
« Depuis une décennie, on assiste à une certaine perversion de la pratique politique. Malgré nous, on constate à l’instrumentalisation des challenges politiques en faveur de l’argent. Il ne s’agit plus d’une reconnaissance de mérite ou toute autre valeurs intrinsèque. Les candidatures et programmes jaugés selon les moyens financiers du candidat. Si l’on veut un changement, il faut enlever l’argent de la politique », soutient Dembelé Maimouna Seye Coulibaly conseillère municipale en Commune II.
Elle est appuyée par Mme Traoré Thiero de l’association Tiéssiriton : « Les femmes se doivent être solidaires, se mobiliser pour apporter un réel changement en politique. Nous savons tous que c’est l’argent qui fait actuellement la politique chez nous. Je suis l’exemple palpable. En 2009, je me suis portée candidate au poste de conseillère municipale sous les couleurs du parti-UM-RDA en commune II. De prime abord on a voulu me dissuader sous prétexte que je n’avais pas d’argent, également que je ne drainais pas derrière moi assez de monde. J’ai tenu et je suis arrivée en troisième position derrière des grands partis tels la Codem, l’Adema et Um-rda ».
Mme Traoré poursuit « Ce n’est pas que nous n’avons pas de femmes compétentes. Les Maliens n’aiment pas les travailleurs, mais, ceux qui peuvent leur donner l’argent sans effort. Et nous savons que nous les femmes en général nous n’avons pas les gros moyens comme les hommes politiques voilà ce qui nous défavorise ».
L’autonomie financière, un aspect souligné par l’ensemble des intervenantes. « Si elles ne sont pas autonomes, elles seront toujours dépendantes donc pas libre dans leur choix de vote », estime Mme Mariam Ina Koïta qui soutient également que le faible revenu économique des femmes contribue en grande partie à leur absence au rang décisionnel en politique. Pour ces femmes, en plus de la perversion par l’argent des électeurs par certains « Hommes » politiques, le quota fixant la participation des candidats aux élections, reste un autre casse tête pour les femmes politiques limitées par leur pouvoir économique. Toutefois, on rappelle que la loi n°2016 portant loi électoral, dans son article 79 dissuade les candidats à l’achat de conscience.
La Charte des partis politiques repose sur la déclaration universelle des droits de l’homme. Qui proclame l’égalité entre les hommes et les femmes, et prohibe toute discrimination envers les femmes. D’autre part, le Protocole de Maputo (article 9), déclare que :les Etats doivent prendre des actions positives spécifiques pour promouvoir la gouvernance participative et la participation paritaire des femmes dans la vie politique de leurs pays, et le Mali est signataire dudit protocole sans compter que la Constitution du Mali affirme l’égalité des droits entre les sexes. Le Décret N°92-0731 P-CTSP portant promulgation de la Constitution s’engage également à défendre les droits de la femme.
Khadydiatou SANOGO/Ce reportage est publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les Droits Humains et National Endowment for Democracy-NED
 maliweb.net

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page
Open

X