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Joe Biden, un président en danger

Meguetan Infos

Après des élections locales désastreuses, notamment en Virginie où les républicains ont repris la main, Joe Biden est en positon précaire un an avant les élections de mi-mandat. Sa planche de salut? Deux ambitieux plans de réformes… s’il parvient à les faire adopter par le Congrès.

Bam ! Un républicain élu gouverneur de Virginie, alors que son parti s’était pris une raclée mémorable l’année précédente dans cet État, lors de la présidentielle. Slam ! La législature de Virginie sous contrôle, avec une série de victoires inattendues. Bim ! A l’échelle du pays, un parti républicain relancé et un président démocrate en difficulté, seulement un an après avoir conquis la Maison-Blanche. Pas de doute, l’élection dans cet Etat disputé a de quoi alarmer le Parti démocrate, en ce soir de novembre… 2009.

Eh oui ! L’histoire bégaie, c’est bien connu. Mais si elle continue de le faire au-delà de l’élection du 3 novembre, Joe Biden aura du souci à se faire. En 2009, le mauvais résultat des démocrates avait joué le rôle de canari dans la mine de charbon, préfigurant le terrible coup de grisou des élections de mi-mandat de 2010, qui avaient vu les républicains faire main basse sur le Congrès. On n’en est pas encore là, mais comme disent les Américains, la situation est “Code red” – état d’alerte maximum. Le risque existe bel et bien de voir le parti de Donald Trump reprendre la Chambre des Représentants et peut-être le Sénat, se plaçant dans une position idéale pour la présidentielle de 2024. Avec, peut-être, Trump comme candidat.

Lente descente aux enfers
Comment en est-on arrivé là ? Avant de poser la question, il faut se pencher un instant sur cette élection de 2021, une année “off” au sens où ni le Congrès, ni la présidence étaient en jeu. Les années de ce genre sont généralement cruelles pour le parti au pouvoir, ses partisans ne se passionnant pas pour le scrutin. Mais la polarisation politique est devenue telle que cette année, en Virginie, les Américains ont beaucoup voté : plus d’un million de votes de plus qu’il y a quatre ans. Côté démocrate, le candidat au poste de gouverneur a remporté 200.000 voix de plus que le candidat du même parti en 2017. Il n’y a donc pas eu de défection massive des électeurs de Biden vers le parti de son adversaire. Mais la mobilisation en face a été encore plus forte et c’est elle qui a fait la différence. Dans le comté de Fairfax, très peuplé et nettement démocrate, le candidat républicain au poste de gouverneur a remporté 90% du total de Trump en 2020 ; le démocrate, 67% du total de Biden.

Pour Biden, la situation ressemble à une lente descente aux enfers. Sa cote de popularité, à ce stade de la présidence, est l’une des pires de l’histoire récente, seul Trump ayant affiché un score plus médiocre. Que se passe-t-il ? Un désenchantement généralisé. Sur l’économie : elle est repartie sur les chapeaux de roue en octobre et cela pourrait bientôt avoir un effet sur la cote de popularité présidentielle. Mais l’inflation, en particulier le prix de l’essence à la pompe, vient plomber l’optimisme sur ce front. Le Covid ? La menace s’éloigne clairement, y compris dans les Etats républicains et, là encore, cela devrait bientôt se traduire dans les sondages pour le Président. Mais la fermeté de Biden sur l’obligation vaccinale, populaire en général, a chauffé à blanc les électeurs de Trump dans leur révolte contre ce type de mandats, notamment dans les écoles.

Etiquette de “président faible”
Le vrai problème de Biden est ailleurs : au Congrès. Cela fait de longs mois que les différentes factions démocrates s’étripent autour de ses deux méga-plans, d’un total de plus de 3.000 milliards de dollars sur dix ans. Quand on leur présente les mesures une à une, tous les sondages confirment leur forte popularité dans l’opinion. Encore faut-il qu’elles soient votées. Comme le confie Sean Trende, le sondeur de RealClearPolitics, au New Yorker, “la plupart des gens veulent simplement un président qui semble compétent, qui a l’air de savoir ce qui se passe et qui guide le navire dans une bonne direction”. Ce “paquet” de réformes est très ambitieux, digne d’un Roosevelt malgré le sérieux rabotage imposé par les démocrates centristes. Mais tant qu’il ne sera pas voté, Biden traînera une étiquette de “président faible” dont il aura le plus grand mal à se débarrasser. Jimmy Carter en sait quelque chose.

Heureusement, la cavalerie semble sur le point d’arriver : le double-plan de Biden est dans la dernière ligne droite au Congrès et, sauf à prédire une volonté de suicide collectif chez les élus démocrates digne de la secte Jones, il devrait être adopté. Pour Biden, ce sera non pas la ligne d’arrivée mais le point de départ de la reconquête. Il faudra encore “vendre” à l’opinion le détail et les bénéfices de ces mesures, pour l’instant abstraites, et faire oublier l’impression de zizanie qu’ont donnée les démocrates ces derniers mois. La reconquête est possible, mais un an, cela passe vite. Demandez à Barack Obama.

challenges.fr

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