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Madagascar: la société civile dénonce une gestion opaque du secteur minier

Meguetan Infos

Le secteur minier représente 30% des exportations totales de Madagascar et 4% du PIB (rapport ETIE). Mais le sous-sol de la Grande Île, riche d’or et de pierres précieuses, émeraudes, rubis, saphirs, est encore loin de contribuer au développement du pays et ne profite pas à l’amélioration des conditions de vie des Malgaches.

Une dizaine d’organisations de la plateforme de la société civile dénoncent l’opacité avec laquelle est gérée le secteur extractif. Parmi leurs préoccupations, la filière aurifère, abonnée aux trafics de grande ampleur, s’alarme-t-elle. Des trafics en recrudescence depuis trois ans. « Nous avons constaté que les trafics d’or sont partout : à Maurice, en Afrique du Sud, à Dubaï, explique Clément Rabenandrasana, secrétaire exécutif de l’organisation de la société civile sur les industries extractives (OSCIE). Des kilos d’or interceptés dans ces lieux et qui sont sortis de Madagascar. Pourquoi cette passoire-là ? Le gouvernement a décidé de suspendre l’exportation d’or en 2020, mais l’exploitation, la commercialisation continuent encore. Où vont donc les produits achetés dans tous les sites d’orpaillages ? »

Les autorités avaient décidé de suspendre l’exportation de l’or pour pouvoir assainir la filière, sans succès pour l’heure. En janvier, 73 kilos d’or en provenance de Madagascar ont été interceptés en Afrique du Sud. « À chaque affaire de grande ampleur, on ne sait pas les tenants et les aboutissants, poursuit Clément Rabenandrasana. Les auteurs et les vrais complices ne sont pas dévoilés. Nous demandons donc au gouvernement de faire preuve de transparence dans les traitements des affaires de grande ampleur. Il faut que le gouvernement mette ses pieds et ses mains le long de la chaîne de valeur, à commencer par l’exploitation jusqu’à l’exportation. Il faut que le gouvernement contrôle ce circuit, pas les trafiquants. D’après notre constat, de nombreux malgaches exploitent l’or pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Pourquoi donc ne pas améliorer le secteur ? Mais jusqu’ici, c’est aux bénéfices des trafiquants. »
Une gestion intérimaire qui pose problème
Ces organisations mettent aussi en cause la gestion intérimaire du ministère des Mines, un intérim assuré depuis le mois d’août par le Premier ministre malgache. « Ce n’est pas la personne qui pose problème, mais c’est le principe intérimaire même, souligne le représentant de la société civile. La gestion intérimaire est une porte ouverte aux abus, aux corruptions, aux trafics d’influence parce que les acteurs lorsqu’ils sont au courant que la tête d’une fonction est un intérimaire, ils ne prennent pas au sérieux. Le pouvoir d’un intérimaire est aussi très limité. Donc, il faut nommer un responsable. »

Pour remettre de l’ordre dans le secteur, les plateformes de la société civile réclament la poursuite de la révision du code minier, au point mort depuis que le ministère est dirigé par intérim. Leur demande d’une rencontre avec le Premier Ministre le mois dernier est restée sans réponse, indiquent-elles.

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RFI

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