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Syrie: attentat meurtrier contre un bus à Damas

RFI

Au moins quatorze personnes, des militaires en majorité, ont été tuées et trois autres blessées dans un attentat contre un bus en plein cœur de Damas. Peu après l’attaque, des tirs d’artillerie du régime ont touché une ville de la province d’Idlib

Deux bombes ont explosé au passage d’un bus transportant des militaires sous un pont à Damas. Les déflagrations ont résonné dans une grande partie de la capitale syrienne, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. Un troisième engin explosif a été découvert et désamorcé par les artificiers de l’armée, selon l’agence officielle syrienne Sana.

Les autorités syriennes n’ont pas précisé s’il s’agit d’une attaque-suicide ou d’une bombe actionnée à distance. Les images publiées par les médias locaux montrent un bus entièrement calciné après l’intervention des secours et des pompiers.

Une brèche dans le dispositif sécuritaire

Depuis que les troupes gouvernementales syriennes ont repris le contrôle de Damas et de ses banlieues, il y a environ trois ans, un calme relatif règne et les attentats sont rares. Le dernier en date a eu lieu il y a un an, lorsque le mufti sunnite de la province de Damas, Adnane al-Afyouni, a été tué dans l’explosion d’une bombe placée dans son véhicule. Mais cet attentat avait eu lieu à Qoudsaya, une proche banlieue de Damas.

L’attentat de ce mercredi est donc un fait exceptionnel et constitue une brèche dans le dispositif sécuritaire déployé dans la capitale syrienne et sa périphérie. Il n’a pas encore été revendiqué mais les ennemis sont multiples. Différents groupes d’oppositions au Nord, l’organisation État islamique à l’Est.

Les regards se tournent vers les groupes rebelles d’Idlib, la dernière poche de territoire syrien à échapper au contrôle de Damas. Elle est dominée par l’organisation islamiste Hayat Tahrir al-Cham mais de nombreux groupes plus petits sont toujours actifs. « On est dans un type d’incident qui s’est déjà produit par le passé, explique Thomas Pierret, de l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman. C’est toujours un peu le même modus operandi : ce sont des attaques à la bombe contre des bus qui transportent des soldats à Damas et dans sa région. » La dernière fois, poursuit-il, c’était début août et à l’époque ça avait été revendiqué par l’organisation Hurras al-Din, une organisation qui est donc basée à Idlib.

« Hayat Tahrir al-Cham ne mène pas d’opérations en dehors d’Idlib ces derniers temps, et ce n’est pas du tout dans leur intérêt puisqu’ils essaient de ne pas saboter le cessez-le feu négocié par la Turquie et la Russie. Donc les groupes d’Idlib qui mènent des attaques en dehors de la province sont plutôt des groupes qui cherchent à saboter ce cessez-le-feu ou à s’illustrer, parce qu’ils ont de moins en moins de marge de manœuvre dans la région d’Idlib. Et en particulier, pour Hurras al-Din, progressivement étranglé par Hayat Tahrir al-Cham qui arrête leur chef, qui empêche d’opérer. Mais par le passé, on a eu aussi des attaques de ce type revendiquées par d’autres groupes, des sortes de vestiges de l’Armée syrienne libre dans la région de Damas. »

Idlib également frappée

Quelques minutes après cette attaque des tirs d’artillerie du régime ont touché une ville de la province d’Idlib. Il y aurait des dizaines de blessés et 11 morts parmi lesquels au moins deux enfants qui se rendaient à l’école. La région est l’une des dernières poches de territoire syrien à échapper au contrôle de Damas; elle est peuplée de 3 millions d’habitants dont la moitié sont des déplacés.

Idlib est censée être protégée par un cessez-le-feu, mais depuis plusieurs mois le régime semble avoir décidé de reprendre la zone par le feu en multipliant les bombardements.

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