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Crise malienne : fracture médiatique entre ORTM et journalistes indépendants

Meguetan INFOS

Un débat houleux secoue la scène médiatique malienne après une intervention controversée sur le plateau de l’ORTM. Journalistes privés et chroniqueurs accusent la télévision nationale de prendre partie dans la bataille informationnelle qui oppose le Mali à plusieurs narratifs internationaux jugés hostiles. Entre accusations de « trahison », contestation du rôle des médias publics et appels à l’unité nationale, la fracture entre médias étatiques et indépendants interroge à un moment critique pour le pays.

Un vif débat secoue actuellement le paysage médiatique malien. Des tensions grandissantes opposent l’Office de Radiodiffusion-Télévision du Mali (ORTM) à plusieurs journalistes et chroniqueurs évoluant dans les médias privés et sur les réseaux sociaux. La discorde est née à la suite d’une intervention survenue le 16 novembre dernier, lorsque la présentatrice Niania Alou Traoré, lors d’un entretien sur le plateau de la télévision nationale, a posé à son invité une question jugée polémique :
« Comment démêler le vrai du faux ? Les populations doivent suivre les médias publics, les médias du gouvernement, pour savoir que la réalité passe par là-bas. »
Un passage qui a immédiatement suscité colère et incompréhension chez plusieurs acteurs du secteur privé.

Parmi les voix les plus critiques figure le chroniqueur très suivi sur Facebook, Momo Traoré, qui voit dans cette posture de l’ORTM une « division » dans le contexte de guerre médiatique visant le Mali. Selon lui, alors même que l’État alloue chaque année plusieurs milliards de francs CFA à l’ORTM, la télévision nationale peine à jouer pleinement son rôle dans la défense de l’image du pays, notamment dans la communication autour de la lutte contre le terrorisme.

Il rappelle que de nombreux journalistes et chroniqueurs privés se sont engagés, souvent au péril de leur vie, pour informer les Maliens sur l’évolution de la crise sécuritaire. Menaces, insultes, intimidations et risques mortels font désormais partie de leur quotidien.
Parmi ces acteurs engagés, il cite Abdou Niang, Boubou Mabel Diawara, Dirassa Méminta, Ibou Sy, Sam Samabaly, qui se distinguent par leur constance dans la sensibilisation et l’analyse de la situation nationale.

Pour ces journalistes, la mission reste claire : informer avec précision, vulgariser les enjeux sécuritaires et contribuer à la reconstruction de l’image du Mali sur la scène internationale.

Le chroniqueur Boubou Mabel a également vivement réagi. Selon lui, les médias d’État ont « échoué » dans leur mission d’information stratégique, laissant ainsi un vide que les journalistes privés ont dû combler. Il estime que les médias publics se retrouvent trop souvent « au service de tous les pouvoirs successifs », ce qui limiterait leur capacité à jouer un rôle réellement indépendant dans la bataille informationnelle actuelle.
À l’inverse, souligne-t-il, les journalistes indépendants n’obéissent à aucune ligne politique imposée et se positionnent comme des acteurs engagés pour la vérité et la défense de l’intérêt national, surtout dans le contexte sécuritaire tendu que traverse le pays.

La rivalité entre médias publics et privés apparaît pourtant inutile à l’heure actuelle. Tous devraient poursuivre, en principe, le même objectif : défendre les intérêts du Mali face à une offensive informationnelle extérieure de plus en plus intense. Pour de nombreux observateurs, cette division interne intervient au pire moment.

Dans un contexte où plusieurs médias internationaux sont accusés de ternir l’image du Mali en relayant des narratifs jugés hostiles, l’union des voix maliennes devrait être une priorité. La guerre en cours est autant médiatique que militaire, affirment plusieurs spécialistes de la communication stratégique.

Au-delà des divergences professionnelles, la lutte contre le terrorisme et contre la désinformation nécessite un front uni. Qu’il s’agisse de journalistes des médias publics, de chroniqueurs indépendants, d’animateurs de plateformes numériques ou de simples citoyens engagés, chaque voix compte dans la bataille pour la souveraineté informationnelle.

Le Mali a aujourd’hui besoin d’une coalition médiatique nationale solide, capable de contrer les narratifs hostiles, corriger les désinformations et refléter la réalité du terrain.
L’heure n’est donc pas à la division, mais à la construction d’un bloc communicationnel cohérent, solidaire et patriotique.

La Rédaction.

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