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Zimbabwe: manifestations meurtrières contre la hausse des prix du pétrole

Au Zimbabwe, plusieurs personnes ont été tuées lundi lors de violentes manifestations contre la hausse du prix de l’essence décrétée par le gouvernement sur fond de grave crise économique. Le président Emmerson Mnangagwa a annoncé samedi soir 12 janvier le doublement des prix des carburants pour tenter d’enrayer la plus grave pénurie de pétrole dans le pays depuis dix ans. Une mesure qui a provoqué de vives protestations, alors que les prix des produits de base comme que le maïs, le riz, l’huile, ou le sucre se sont envolés ces derniers mois. Au premier jour d’une grève générale de trois jours, la police  est intervenue hier dans les deux plus grandes villes du pays, Harare et Bulawayo. La principale centrale syndicale du pays, la ZCTU, la confédération syndicale du Zimbabwe, a appelé la population à une grève de trois jours jusqu’à mercredi.
L’armée a été déployée hier en fin de journée dans plusieurs quartiers de la capitale et de Bulawayo, deuxième ville du pays. A Harare, des manifestants ont érigé des barricades et brûlé des pneus pour bloquer l’accès au centre-ville.

A Bulawayo, un fief de l’opposition, l’AFP rapporte que des minibus ont été attaqués, des magasins, pillés et des véhicules, incendiés.

C’est une forte hausse de l’essence, dont le prix vient d’être multiplié par deux et demi, qui a poussé des Zimbabwéens à descendre dans la rue. Tous sont persuadés que cette augmentation contribuera à relancer l’inflation.

Selon le ministre de la Sécurité, au moins 200 personnes ont été arrêtées. Le pouvoir met en cause l’opposition qui aurait poussé les gens à se révolter. Le Mouvement pour un changement démocratique accuse en retour  la Zanu-PF d’avoir cherché à incendier son siège. L’incendie cependant a vite été maîtrisé.

Aux yeux de la Confédération syndicale du Zimbabwe, la hausse du carburant est une « folie ». Elle appelle la population à arrêter le travail jusqu’à demain, inclusivement.

L’impatience des Zimbabwéens

Selon l’activiste Rejoice Ngwenya, plus d’un an après le départ de Robert Mugabe, les Zimbabwéens s’impatientent : « Les Zimbabwéens, notamment à Harare, sont déçus et exaspérés par la politique du gouvernement, la façon dont Emmerson Mnangagwa gère l’économie : son échec à maîtriser une inflation galopante, le manque chronique de liquidité.

Ce serait injuste de dire que Mnangagwa n’a rien fait, mais il a bricolé avec des réformes qui n’ont pas d’impact immédiat sur la vie des gens. Par exemple pour relancer les investissements étrangers, le chef de l’Etat a mis sur pied des zones économiques spéciales, il a également annulé la loi sur l’indigénisation, qui effrayait les investisseurs étrangers, mais tout cela n’a pas changé la vie des gens.

Il y a donc beaucoup de colère. Et quand vous parlez aux gens, vous sentez que s’ils le pouvaient, ils changeraient de gouvernement. Il y a un sentiment général que le chef de l’Etat ne comprend pas le problème et qu’il ne peut pas apporter de solution. »

Depuis la Russie, où il est de passage avant de se rendre à Davos, le président Emmerson Mnangagwa a déclaré qu’il faudra du temps pour que les effets bénéfiques de sa politique économique apparaissent.

RFI

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